Au Brésil, Lula va atteindre son 100e jour au pouvoir avec un bilan mitigé
Sans surprise, le président de gauche Lula, qui atteint le cap symbolique des 100 jours au Brésil, a donné la priorité aux mesures sociales. En commençant par la relance de programmes d’aide sociale, comme son programme emblématique, la Bolsa Familia. Concrètement c'est une hausse des minimas sociaux versés aux familles, une décision qui était très attendue dans un pays où la pauvreté a explosé. Elle touche un tiers de la population.
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Autre annonce à forte portée symbolique : la mise en place il y a deux semaines de quotas en faveur des personnes noires et métisses. Quelque 30 % des postes pourvus par nomination dans la fonction publique leur seront désormais réservés. Dans ce Brésil de 210 millions d’habitants, les noirs et les métis gagnent, en moyenne, près de deux fois moins que les Blancs. Lula a également effectué un virage à 180 degrés par rapport à son prédécesseur, en faisant de la défense des peuples indigènes une priorité. Cela se traduit notamment par l’envoi de l’armée en Amazonie pour expulser les orpailleurs clandestins qui sont très nombreux dans les régions indigènes, en particulier chez les Yanomani.
L'environnement toujours en panne
Le souci, c’est que bon nombre de ces mesures, la première en particulier, implique des dépenses nouvelles. Et il faut les financer, dans un contexte économique tendu, beaucoup plus tendu que lors des deux premiers mandats de Lula entre 2003 et 2011. Conséquence, la situation est compliquée avec les milieux d’affaires, et d'abord avec la Banque centrale. Lula lui demande de baisser ses taux directeurs pour enrayer les prix, la Banque refuse. La tension est également forte avec les compagnies pétrolières. Le président brésilien a annoncé la création d’une taxe de 9% sur les exportations de brut. Les principales compagnies, Shell, Total, Repsol ont contre attaqué en saisissant la justice. Le Brésil est le 9e producteur de pétrole au monde.
Le financement, c’est aussi le problème rencontré par Lula pour enclencher une vraie politique environnementale. Sur ce sujet, c’est plutôt la déception pour l’instant. Lula a beaucoup promis, sur la lutte contre le réchauffement climatique ou contre la déforestation. Il a réactivé le Fonds amazonie, mais l’argent ne rentre pas. L’Union européenne, en particulier, reste sourde aux appels du pied du président brésilien. La déforestation continue et a même atteint des niveaux record le mois dernier.
Le retour de Jair Bolsonaro
Lula a aussi fait le choix de relancer la diplomatie brésilienne. Sous Jair Bolsonaro, le géant d’Amérique du Sud s’était isolé sur la scène internationale. Lula cherche à relancer la machine, mais l’exercice est difficile. Il entend ménager à la fois les États-Unis (où il s’est déjà rendu) et la Chine (où il se rendra la semaine prochaine). Et se concilier les faveurs et de Washington et de Pékin confine aujourd’hui à l’équilibrisme.
Enfin, un dernier paramètre complique la situation : le retour de Jair Bolsonaro au Brésil la semaine dernière, après trois mois d’exil aux États-Unis. Même si l’ancien président d’extrême droite est inquiété par la justice, il a dû témoigner mercredi soir devant la police qui enquête dans une affaire de bijoux illégalement importés au Brésil, son retour va ressouder ses partisans et tendre certainement à nouveau le climat politique.
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