Chili, Catalogne, Écosse: ces lieux où le 11 septembre n'a pas la même signification
Dans le monde entier ou presque l'évocation du 11 septembre fait resurgir le souvenir des attentats aux États-Unis, il y a 20 ans. Mais cette date possède aussi dans quelques endroits une signification différente liée à d'autres événements .
Le plus évident, c’est le Chili, en Amérique du Sud. Dans ce pays de presque 20 millions d’habitants, le 11 septembre, c’est le coup d’état militaire de 1973. La mort au Palais de la Moneda du président socialiste Salvador Allende et l’arrivée au pouvoir du général Pinochet. La dictature se poursuivra jusqu’en 1990. Les militants de gauche commémorent cette date tous les ans, et cette fois-ci l’événement prend un relief particulier parce que le pays est plongé dans un processus démocratique sans précédent : la rédaction d’une nouvelle Constitution, qui tourne précisément la page des années Pinochet. L’Assemblée Constituante, élue au printemps dernier composée de beaucoup de nouveaux visages de la société civile, a commencé ces travaux cet été. Mais le gouvernement de droite de Sebastian Pinera lui met des bâtons dans les roues. Par exemple, l’assemblée, au début de ses travaux, s’est vu doter d’une salle sans aucun matériel, pas d’ordinateurs, pas de sonorisation. Plusieurs rassemblements sont prévus ce samedi 11 septembre à la mémoire d’Allende, dans plusieurs villes du pays, notamment la capitale Santiago, où un cortège doit se diriger à la mi-journée vers le cimetière de la Recoleta où se trouve la tombe de l’ancien dirigeant.
La Diada catalane en reflux probable
Plus près de nous, la Catalogne, là aussi le 11 septembre possède une autre signification: c’est la Diada, la fête nationale, un jour férié. Il commémore une défaite militaire : le 11 septembre 1714, l’armée de Catalogne avait fini par céder, après 14 mois de siège, face aux troupes du roi d’Espagne. Chaque année, c’est l’occasion à la fois de rassemblements festifs, de spectacles à Barcelone. Et surtout d’une démonstration de force des indépendantistes catalans. Mais les mouvements indépendantistes sont divisés depuis l’échec de la tentative de sécession il y a 4 ans. Et la grâce accordée à 9 dirigeants indépendantistes par le pouvoir espagnol du socialiste Pedro Sanchez en juin, a fait disparaitre un facteur de mobilisation. Les négociations sur le degré d’autonomie de la région sont censées reprendre avec Madrid la semaine prochaine, mais l’espoir d’un accord est faible. Il est donc peu probable que le rassemblement soit aussi massif qu’en 2014, point culminant où 1 million 800.000 personnes avaient défilé à Barcelone. La manifestation débutera ce 11 septembre à 17h14, en référence à la bataille de 1714.
Un symbole indépendantiste en Écosse
Enfin 3e exemple, l’Écosse là encore, un autre 11 septembre dans une autre nation européenne aux velléités d’indépendance. Et pour commémorer une autre bataille militaire : là c’était le 11 septembre 1297, la bataille de Stirling, victoire des troupes écossaises de William Wallace aux dépens des Anglais. Il en est question dans le film Braveheart. Le SNP, le parti national écossais, tient justement son congrès annuel ce week-end, pas de hasard. Le SNP, dirigé par Nicola Sturgeon, au pouvoir à Édimbourg, vient de faire alliance avec les Écologistes, pour stabiliser sa majorité avec l’objectif affiché d’organiser un nouveau référendum d’autodétermination. Le précédent en 2014, avait été un échec : 55% des Écossais avaient préféré rester au sein du Royaume-Uni. Évidemment, à Londres, le Premier ministre britannique Boris Johnson, n’a aucune intention de céder face à la demande écossaise. Mais comme au Chili, cette commémoration du 11 septembre possède donc un relief particulier cette année en Écosse.
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