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En Iran, les femmes vont pouvoir assister aux matchs masculins de football après plus de 40 ans d'interdiction

L'annonce a été faite par le président de la fédération Iranienne. Les tribunes du championnat masculin de football était jusqu'ici interdites aux femmes.
Article rédigé par franceinfo, Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les Iraniennes avaient pu assister au match de qualification pour la Coupe du monde entre l'Iran et le Cambodge en 2019. (ATTA KENARE / AFP)

Le Moyen Âge n'est jamais très loin pour les religieux qui font la pluie et le beau temps sur les décisions en Iran. Les Iraniennes vont pouvoir suivre le championnat masculin de football, après plus de 40 ans d'interdiction au prétexte que ces matchs n'étaient pas bons pour elles. Jusque-là, les Mollahs au pouvoir ont soutenu cette étrange théorie qui dit que les femmes doivent éviter de se retrouver dans une atmosphère masculine et voir des hommes en tenue de sport, vêtus d'un short. Ces mêmes religieux organisent pourtant la pendaison en public pour ceux qu'ils considèrent comme criminels. Samedi 8 juillet encore, deux hommes ont ainsi été pendus sur la place publique aux yeux de tous.

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Cette annonce d'autoriser les femmes en tribunes, faite par le président de la fédération iranienne de football, pourrait s’appliquer dans plusieurs villes du pays, mais pas forcément à Téhéran. Les femmes avaient déjà été autorisées à assister à une rencontre du championnat au mois d'août 2022. Mais on retient surtout ce match en octobre 2019, lorsque 4 000 Iraniennes avaient pu assister au match de qualification de l'Iran pour la Coupe du monde de 2022 contre le Cambodge à Téhéran.

Une ouverture très relative

En 2019, la jeune Sahar s'était immolée par le feu devant un tribunal de la capitale, par crainte d'être emprisonnée pour avoir voulu assister à un match. Elle avait tenté de pénétrer dans un stade en se faisant passer pour un garçon.

Cette ouverture donne le sentiment que la leçon de ce qui s'est passé avec les émeutes de ces derniers mois a été entendue mais la réalité est tout autre. Dans une mission d'enquête le 5 juillet dernier, l'ONU rappelait que la répression persiste en Iran, que de lourdes peines continuent d'être infligées à ceux qui ont été impliqués dans les manifestations. Preuve en est de la récente condamnation à six ans de prison prononcée contre le rappeur Toomaj Salehi, symbole de la révolte.

Les manifestants graciés sont, de leur côté, obligés d'exprimer des remords et d'admettre leur culpabilité en signant des engagements écrits. Dans ce contexte, l'autorisation pour les femmes d'assister aux matchs de foot n’est pas primordiale. Elle ne dupe en tout cas pas grand monde.

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