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Espace : satellites gendarmes contre satellites voleurs, l'autre guerre des étoiles

Toute la semaine, "Un Monde d'avance" se penche sur "une guerre d'avance", avec le passage en revue des systèmes d'armes et stratégies en développement qui permettent d’imaginer la guerre du futur. Aujourd'hui, une virée dans l'espace, notamment sur les orbites terrestres qui se militarisent à toute allure.
Article rédigé par franceinfo, Eric Biegala
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Commandement de l’Espace de l’armée de l’Air et de l’Espace s’entraine régulièrement à contrer les attaques visant les satellites de communication ou d’observation français. Ici, lors de l’exercice AsterX2023 en février 2023. (ERIC BIEGALA / RADIOFRANCE)

Pour les militaires, l'espace est un terrain de jeu déjà ancien : les premiers satellites lancés dans les années 50 ou 60 étaient des satellites d'observation du sol, censés repérer les tirs des missiles balistiques, de l’URSS ou des Etats-Unis. Depuis, ces satellites espions ont raffiné leurs pratiques : au-delà de l'image optique - de mieux en mieux définie - ils peuvent également voir dans l'infrarouge (c’est-à-dire repérer toute émission de chaleur), et dans la gamme des ondes radar, ce qui permet de repérer, depuis l'espace, toute masse métallique.

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Mais les satellites militaires gèrent également les communications des armées en campagne et le positionnement de celles-ci. Le GPS est le système le plus connu, mais il y a également le Glonass russe, le Beidou chinois ou l'Européen Galileo... Autant d'actifs en orbite qui peuvent devenir des cibles de choix pour un adversaire.

"Pas d'armes dans l'espace"

Depuis 2014, par exemple, le satellite russe Luch-Olymp se rapproche régulièrement des satellites de communication américain, européen mais aussi pakistanais ou franco-italien, tous orbitant dans la ceinture géostationnaire, à 36 000 Km d’altitude. Un "acte d'espionnage" accusait en 2018 la ministre française des armées Florence Parly, s’agissant du manège du satellite russe autour de l’engin franco-italien. Reste que, depuis, Luch Olymp a poursuivi ses visites autour des engins occidentaux. La Chine a également lancé deux engins en 2022 qui ont joué au chat et à la souris avec un satellite américain de surveillance de l'orbite géostationnaire, et ce pendant des jours !

Lors de l’exercice AsterX 2023 une puissance hostile fictive le "Mercure" (qui ressemble beaucoup à la Russie) multiplie les attaques contre les satellites français. (ERIC BIEGALA / RADIOFRANCE)

Tous ces engins en restent toutefois à des postures : aucun n’est armé. Mais ça ne saurait durer. Il faut dire que le principe internationalement admis demeure "pas d'armes dans l'espace". Mais le traité dit "de l'espace", signé en 1967 ne prohibe en orbite que les "armes de destruction massive", ce qui laisse le champ libre à nombre d'autres possibilités : des brouilleurs, des lasers aveuglant, voire des lasers perforants : le fameux "rayon de la mort" des films de science-fiction.

"YODA"

Dans un premier temps et pour se défendre de toute agression, les Américains ont,dès 2014, lancé des satellites "patrouilleurs" six sont d'ores et déjà en orbite. Leur rôle : surveiller et éventuellement contrer - y compris en s'interposant physiquement - les menées d'un satellite tel que Luch Olymp.

 La France devrait elle aussi lancer ses deux premiers satellites "gendarmes", qui devront pareillement protéger les satellites de communication ou d'observation. Nom du programme : "YODA" (pour Yeux en Orbite pour un Démonstrateur Agile), l'acronyme rappelle aussi évidemment le maître Jedi de la Guerre des Étoiles. Les deux "YODA", qui seront lancés en 2025, sont des démonstrateurs.

Nicolas Multan le PDG d’Héméria est le concepteur du premier  satellite "gendarme" français : 'YODA", qui sera lancé en 2025. (ERIC BIEGALA / RADIOFRANCE)

Mais il n'est pas exclu que leurs successeurs soient équipés de systèmes d'armes à énergie dirigée, confie-t-on du côté du commandement de l'espace. À terme, donc, le YODA français pourrait bel et bien être capable de sortir son sabre-laser en orbite.

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