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Iran : deux personnalités symboles de la contestation arrêtées par la police des mœurs

Après la mort de Mahsa Amini, tuée par la police des mœurs, et la révolte qui s'en est suivie, la répression revient plus forte qu'avant. Deux personnalités contestataires viennent de subir des arrestations, en parallèle de licenciements dans les milieux universitaires.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Nazila Maroufian (ALEX MITA / AFP)

La répression se durcit à nouveau en Iran, à quelques jours du 1er anniversaire de la mort de Mahsa Amini, jeune Iranienne tuée lors d'une arrestation pour "port de vêtement inapproprié" et victime de violences policières le 16 septembre 2022. Coup sur coup cette semaine, un chanteur pop et une journaliste ont été arrêtés. Ils ont en commun, chacun à leur manière, de protester contre l’obligation du port du voile.

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C’est même la troisième fois de l’été que l’étudiante journaliste Nazila Maroufian se retrouve derrière les barreaux. Littéralement harcelée par la police des mœurs iranienne, on lui reproche cette fois de s’être exposée tête nue dans la rue, et d’avoir diffusée la photo sur les réseaux sociaux. Nazila Maroufian est ciblée prioritairement par les autorités, car c’est elle qui en octobre 2022 avait réalisé l’interview du père de Mahsa Amini, dans laquelle il accusait le pouvoir iranien de mentir sur les circonstances de la mort de sa fille.

Des incarnations d'un mouvement toujours très ancré contre l'opression des femmes

Après un premier séjour en prison en fin d’année dernière, Nazila Maroufian a été de nouveau convoquée par la justice le 4 juillet. Relâchée le 12 août, elle a été de nouveau emprisonnée le 14 août, pour avoir réagi aux insultes des policiers alors qu’elle venait récupérer un téléphone portable confisqué. Cette Iranienne d’une vingtaine d’années est l’incarnation même de la tension qui règne aujourd’hui entre la police des mœurs et le mouvement  toujours très ancré contre l’oppression des femmes iraniennes.

Nazila Maroufian le 13 août 2023, faisant le signe de la victoire à sa sortie de la prison d'Evin à Téhéran. (ALEX MITA / AFP)

La seconde figure arrêtée cette semaine est le chanteur pop Mehdi Yarrahi. C’est une des égéries de la contestation de l’an dernier, avec son Hymne de la femme (Soroode Zan), diffusé en soutien à la lutte de ces femmes contre le régime théocratique.

La justice dit de lui que sa dernière chanson "défie la morale et les coutumes de la société". En intro de la vidéo de ce nouveau morceau, Roussarito, le chanteur inscrit noir sur blanc ce message : "Le voile facultatif fait partie des revendications sérieuses exigées par le peuple iranien opprimé."

Une purge dans les milieux médiatiques et universitaires

Son avocat affirme ne pas savoir où se trouve actuellement Mehdi Yarrali. Mais cette dernière chanson, où il encourage toutes les jeunes femmes à retirer leur foulard lorsque le soleil se couche, est reprise sur les réseaux par de jeunes iraniennes, qui se filment en dansant, le visage modifié par des filtres d'applications.

Ces deux arrestations confirment donc que les autorités se raidissent à l’approche de l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini. Après avoir disparue un temps des radars, la police des mœurs a repris ses patrouilles dans les rues de Téhéran à la mi-juillet et les autorités s’emploient a bâillonner toute forme de contestation. La semaine dernière cinq universitaires de 1er rang ont été licenciés. L’ancien maire de Téhéran parle aujourd’hui d’une volonté de "purger les universités" qui ont toujours effrayé le régime.

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