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Arabie saoudite : l'ONG Human Rights Watch accuse des gardes-frontières d'avoir tué des centaines de migrants éthiopiens

Human Rights Watch a recueilli des témoignages, des images et des vidéos. L'ONG dénonce ce lundi la mort de centaines de migrants éthiopiens, tués selon elle, par des gardes-frontières saoudiens.
Article rédigé par franceinfo, Valérie Crova
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des migrants éthiopiens bloqués en Arabie saoudite sont ramenés à l'aéroport international de Bole à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 7 juillet 2021. (MINASSE WONDIMU HAILU / ANADOLU AGENCY)

Un rapport de l'ONG Human Rights Watch dénonce lundi 21 août la mort de centaines de migrants éthiopiens qui tentaient de franchir la frontière saoudienne depuis le Yémen. L'ONG parle de tirs de la part de gardes-frontières saoudiens. 

>> Addis-Abeba a commencé à rapatrier des dizaines de milliers d'Éthiopiens bloqués dans des camps de rétention en Arabie saoudite

Des centaines de milliers d'Éthiopiens travaillent en Arabie Saoudite, ils y constituent une main d'œuvre importante. Ils viennent en fait du nord de l'Ethiopie qui a été le théâtre des mois durant d'une guerre féroce entre l'armée fédérale et les rebelles tigréens. Ces migrants fuient les combats, mais aussi une situation économique désastreuse en raison de la guerre. Ils ont d'abord rejoint Djibouti puis ont traversé le golfe d'Aden à bord d'embarcations de fortune pour se rendre dans le sud du Yémen.

De là, des passeurs yéménites les ont pris en charge pour les emmener dans le gouvernorat de Saada qui est sous le contrôle des Houthis. Ces rebelles, soutenus par l’Iran, se battent contre les forces pro-gouvernementales du Yémen, elles-mêmes soutenues par l'Arabie Saoudite. Les migrants, parmi lesquels des femmes et des enfants, ont été ensuite regroupés dans des camps informels en attendant de pouvoir traverser la frontière saoudienne, après avoir payé un droit de sortie aux forces houthies qui seraient de mèche avec les passeurs.        

Une quarantaine de témoignages et des vidéos

C'est au moment de passer la frontière que les gardes-frontières saoudiens auraient ouvert le feu sur les migrants éthiopiens selon l'ONG. Le rapport de Human Rights Watch s'appuie sur une quarantaine de témoignages, des vidéos et des images satellites qui montrent le postes-frontières saoudien. Sur l'une des images, on voit un véhicule blindé équipé d'une mitrailleuse lourde. Les gardes-frontières saoudiens, qui sont tous armés, surveillent la zone frontalière, mais ils ne font pas que patrouiller. Les migrants qui ont été interrogés ont expliqué avoir été visés par des balles et d'autres projectiles tirés par les gardes-frontières. D'autres affirment avoir été témoins ou victimes de tirs à bout portant.

Il est difficile de donner un chiffre précis de migrants qui auraient été tués ou blessés à la frontière saoudienne, mais d'après les témoignages des survivants recueillis par Human Rights Watch, ils se compteraient par centaines. L'un des migrants a par exemple expliqué que sur les 170 personnes de son groupe qui avaient tenté de franchir la frontière avec lui, 90 avaient été tuées. 

Les autorités saoudiennes ont contesté les faits rapportés par Human Rights Watch et parlent d'allégations infondées. L'ONG, quant à elle, demande l'ouverture par l'ONU d'une enquête indépendante, compte tenu de la gravité des violations des droits de l'homme, pour déterminer s'il s'agit de crime contre l'humanité.  

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