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Le bras de fer entre la Chine et les États-Unis passe par le petit archipel du Pacifique des Palaos

L'hypothèse de l'installation d'une base américaine sur cet archipel est un symbole de l'accroissement des tensions dans la région.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four, édité par Thomas Destelle
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Les îles Rock qui font partie de l'archipel des Palaos dans le Pacifique, le 15 février 2018 (photo d'illustration). (MIKHAIL FLORES / AFP)

Les Palaos viennent de signifier leur désir d’accueillir prochainement une base militaire américaine. Une nouvelle qui peut paraître anecdotique mais c’est un indicateur qui révéle que le face à face entre Pékin et Washington monte en régime, jour après jour, dans cette région du monde.

Sur le papier, les bruits de bottes n’ont rien à faire aux Palaos, ça serait plutôt l’inverse. Il s'agit d'un petit paradis bien paisible avec 400 ilots minuscules, à l’est des Philippines et au nord de l’Indonésie. Il y a 22 000 habitants sur seulement 460 km² de terres émergées, et un immense sanctuaire marin avec des eaux turquoise, des centaines d’espèces de coraux et de poissons.

Accessoirement, c'est l’un des rares pays au monde avec zéro cas de Covid-19. Mais voilà que le président des Palaos a reçu fin août la visite du secrétaire d’Etat américain à la Défense Mark Esper. Jamais un officiel américain de ce rang ne s’était rendu là-bas Le résultat des courses ne s’est pas fait attendre : le président Tommy Remengesau a donc révélé vendredi 4 septembre avoir demandé l’installation d’une base militaire américaine permanente sur l’archipel. Base terrestre, marine et aérienne, il propose la totale.  

Expansionnisme chinois et retard américain

On est donc au cœur du face à face militaire entre Pékin et Washington. Les États-Unis disposent déjà de plusieurs bases historiques dans la région : aux Philippines à l’ouest des Palaos, à Guam au nord et bien sûr à Hawaï à l’est. Mais ces dernières années, l’expansionnisme chinois, de l’autre côté, s’est accéléré. Pékin a littéralement pris possession de plusieurs ilots non loin des Philippines, d’abord les Paracels, puis les Spratleys. Afin d’y installer là aussi des bases militaires permanentes, avec notamment des systèmes de défense anti aériens. Un peu plus au nord, autour de Taiwan, les menaces se précisent un peu plus encore. Fin août, la Chine a procédé à des essais de missiles balistiques. Et la marine américaine a répliqué en déployant deux bâtiments dans le détroit de Taïwan.

La Chine ne cache d’ailleurs pas son intention de se doter d’ici quelques années de la première force maritime au monde. En face, les États-Unis semblent avoir un train de retard. Selon un rapport de l’université de Sydney en Australie, publié en 2019, les bases américaines sont mal préparées à un conflit militaire avec la Chine. Tout ça explique cette militarisation en cours dans la région. Plusieurs pays sont inquiets, et c’est le cas des Palaos.  

Une menace sur le tourisme

La Chine frappe aussi au porte-monnaie. En fait dès que les Palaos ont commencé à critiquer l’expansionnisme chinois, il y a maintenant deux ans, Pékin a pris des mesures de représailles en interdisant aux tours opérateurs chinois de se rendre sur l’archipel. Or le tourisme représente 40% du produit intérieur des Palaos. Cette fois-ci, il n’y a pas encore de réaction officielle à Pékin, mais de nouvelles sanctions économiques sont probables. Voilà donc un petit paradis au cœur du Pacifique en passe de devenir l’un des symboles d’un conflit militaire en gestation.  

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