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Un monde d'avance. Les chrétiens en Inde victimes du nationalisme hindou

La communauté chrétienne en Inde a été la cible de plusieurs attaques lors des fêtes de Noël de la part d'extrémistes hindous. Sans les soutenir, le gouvernement indien ne les réprime pas officiellement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les chrétiens représentent un peu plus de 2% de la population en Inde. (Photos d'illustration)  (PANKAJ NANGIA / ANADOLU AGENCY)

Pas de trêve de Noël pour les extrémistes hindous. Des messes interrompues, des statues de Jésus brisées, des effigies du Père Noël brûlées. La communauté chrétienne en Inde a été la cible de plusieurs attaques lors des fêtes de Noël. On savait les musulmans, autre minorité, régulièrement pris pour cible par des partis extrémistes hindous, ce sont aussi à présent les chrétiens qui présenteraient une menace. 

Ils ne représentent pourtant qu'un peu plus de 2% de la population très majoritairement hindoue, à plus de 80%. Et dans l'un des États les plus virulents, qui est aussi le plus peuplé, l'Uttar Pradesh, dirigé par un moine fanatique, les chrétiens sont moins de 2%. Mais au terme d'une année lors de laquelle les associations chrétiennes ont noté une recrudescence des attaques, les festivités de Noël ont été la cible de milices hindoues d'extrême droite. Elles accusent les chrétiens d'utiliser les cérémonies pour forcer à la conversion. Ce fut le cas en Uttar Pradesh où des effigies du père Noël ont été brûlées devant des écoles tenues par des missionnaires accusés d'attirer les enfants vers la chrétienté grâce aux cadeaux distribués par le père Noël. Ces accusations pourraient porter à sourire, si elles n'alimentaient pas une intolérance et une violence qui ne cessent de croître avec la bénédiction des plus hautes autorités. 

Un climat de grande tension

Sans soutenir ces manifestations, le gouvernement indien ne les réprime guère. Le credo hyper nationaliste et très religieux de Narendra Modi, le Premier ministre, et de son parti le BJP, le Parti indien du peuple, alimente un climat de suspicion. L'impunité dont bénéficient les auteurs de violences contre les minorités, qu’elles soient musulmanes ou chrétiennes, laisse les mains libres aux milices, quand ce ne sont pas les lois dites "anti-conversion" qui viennent appuyer une vision intolérante dans un pays qui a pourtant inscrit la laïcité dans sa constitution.

Plusieurs États sont désormais concernés. Dans l'Assam, à l’est, deux manifestants vêtus de safran, la couleur du nationalisme hindou, ont perturbé les messes du soir de Noël et exigé que tous les hindous quittent l'église. Dans le Karnataka, 21 des 31 districts ont rapporté des faits de violences anti-chrétiennes. La police locale a recommandé aux pasteurs de ne plus organiser de prières afin d'éviter les attaques de l'extrême droite. Dans l'État d'Haryana, au Nord, une église a été vandalisée et dans l'Uttar Pradesh, au Sud, des milices ont scandé "mort aux missionnaires".

Chaque dimanche, explique un prêtre, est un jour de terreur pour les chrétiens qui ont peur de se rendre à l'église. Dans certains États où des pasteurs ont été pris pour cible, les messes se tiennent en secret.

Depuis l'arrivée du BJP au pouvoir il y a sept ans, les violences contre les chrétiens se sont multipliées. Elles ont augmenté de 60% entre 2016 et 2019. Et durant les neuf premiers mois de cette année, plus de 300 attaques contre des chrétiens en Inde ont été recensées.

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