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Un sursis pour l'accord céréalier conclu entre Russes et Ukrainiens

L'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes par la mer Noire a été prolongé de deux mois, a annoncé mercredi la Turquie. Il est très important pour l'Ukraine et la Russie, mais aussi pour la planète.
Article rédigé par franceinfo - Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le port d'Odessa, le 19 août 2022. (MANUEL DE ALMEIDA / LUSA / MAXPPP)

L'accord céréalier entre la Russie et l'Ukraine, sous l'égide de la Turquie et de l'ONU a été prolongé de deux mois, annonce mercredi 17 mai le président turc Recep Tayyip Erdogan. Signé en juillet 2022, il a déjà été reconduit en mars dernier. Cet accord permet notamment à l'Ukraine d'exporter son blé via la mer noire, mais aussi à la Russie de faire souffler le chaud et le froid sur les cours des céréales dans le monde.

Une bonne nouvelle pour tous

C'est une bonne nouvelle pour les Ukrainiens qui, grâce à cet accord, ont pu exporter 30 millions de tonnes de céréales lors des dix derniers mois et vont pouvoir continuer de le faire. La prolongation de cet accord est une bonne nouvelle pour les Russes également : ce sont eux qui font monter les enchères et la pression autour du sujet, mais eux aussi vont pouvoir continuer de vendre leur blé et leurs engrais. On est un peu dans un psychodrame de façade de la part des Russes dans cette affaire, et cela, pour deux raisons principales. 

Premièrement, la Russie a besoin de vendre son blé, ses céréales et ses engrais. Bloquer le marché n'est pas neutre pour son économie. Deuxièmement, ses alliés sont en Afrique et en Amérique du Sud. Faire monter les prix revient à déstabiliser les pays pauvres qui la soutiennent et à fragiliser leurs leaders politiques qui lui apportent des voix. Ce n'est pas non plus dans son intérêt. 

La Russie dans le peloton de tête des producteurs de céréales  

La Russie est le troisième pays producteur de blé dans le monde, l'Ukraine occupe la huitième place et à eux deux, ces pays représentent 30% de la production mondiale. Or, les besoins sont énormes. Ils ont doublé en 20 ans : on a franchi la barre des 200 millions de tonnes d'achat de blé dans le monde, en 2022, contre 100 millions de tonnes dans les années 2000. 

Cela représente beaucoup d'argent. Il y a deux ans, le cours du blé était de 150 euros la tonne. Au plus fort de la crise, il est monté à 440 euros la tonne, pour redescendre autour des 230 euros ces derniers mois. 

Mais outre la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique perturbe la production à venir qui pourrait ne pas être aussi bonne que celle de l’année dernière. Autre donnée non-négligeable : la production d'engrais. La Russie est dans le tiercé de tête des pays producteurs.

Moscou n'impose pas toutes ses conditions

La prolongation de cet accord est capitale pour la Russie et l'Ukraine, mais aussi pour le monde entier, car elle a une incidence directe sur la vie de millions de personnes. Néanmoins, Moscou a accepté de le reconduire pour une durée de deux mois. Cela paraît peu, mais rien ne dit qu'il ne sera pas prolongé à nouveau dans deux mois. Puis, cela montre que la Russie est plus fragile qu'on ne le pense et qu'elle n'est pas capable de gagner le bras de fer qu'elle a mis sur la table. 

Pour l'instant, elle reconduit l'accord sans obtenir ce qu'elle souhaite, à savoir la reconnexion des banques russes au système bancaire international Swift pour faciliter les paiements ou encore des facilités pour assurer les navires ou accéder aux ports étrangers. En attendant, un navire transportant des céréales a quitté mercredi 17 mai l'Ukraine en direction de la Turquie, avec à son bord 30 000 tonnes de maïs.

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