Cinq questions sur l'interdiction temporaire de vente d'huîtres du bassin d'Arcachon, après plusieurs cas d'intoxications alimentaires
D'ordinaire, elles agrémentent les tables des fêtes de fin d'année. Pourtant, à quatre jours du Nouvel An, les huîtres issues du bassin d'Arcachon doivent cette fois en être absentes. La préfecture de Gironde a annoncé, mercredi 27 décembre, interdire jusqu'à nouvel ordre la pêche, la récolte et la commercialisation en vue de la consommation de l’ensemble des coquillages du bassin d’Arcachon, après des cas d'intoxications alimentaires collectives.
Pour l'heure, "aucun cas grave n'est à déplorer" et des enquêtes de traçabilité sont en cours, alors que plusieurs signalements montrent que ces produits "sont en cause", précise la préfecture dans un communiqué. Franceinfo fait le point sur la situation en répondant à cinq questions.
1 Quelles sont les directives de la préfecture ?
La préfecture a interdit "provisoirement" la pêche, la récolte et la commercialisation de l'ensemble des coquillages en provenance du bassin d'Arcachon et du banc d'Arguin, au large de la dune du Pilat. Depuis mercredi soir, "les lots de coquillages récoltés ou pêchés sur ces zones doivent être retirés de la vente", précise la préfecture.
Par ailleurs, la pêche de loisir de coquillages est "également interdite". Cette mesure sera levée "dès lors que la qualité sanitaire" des crustacés sera redevenue "pleinement satisfaisante".
2 Pourquoi une telle interdiction ?
La préfecture a pris cet arrêté à cause de "plusieurs cas de toxi-infections alimentaires collectives" relevés ces derniers jours, même si "aucun cas grave n'est à déplorer à ce jour". Des enquêtes de traçabilité sont toujours en cours. Plusieurs signalements montrent déjà que les huîtres issues du bassin d'Arcachon "sont en cause" et des analyses menées sur des produits élevés localement confirment la présence de norovirus, ce qui cause des gastro-entérites, ajoute la préfecture.
Les personnes qui ont consommé ces huîtres ont ressenti les symptômes d'une "gastro-entérite aiguë", qui se caractérisent par de la diarrhée ou des vomissements, parfois accompagnés de nausées, de douleurs abdominales et de fièvre. Les témoignages se multiplient sur les réseaux sociaux, rapporte le quotidien Sud Ouest.
Par ailleurs, les autorités sanitaires régionales ont relevé une hausse des passages aux urgences pour symptômes gastro-intestinaux, dont des intoxications alimentaires, lundi et mardi, rapporte France 3 Nouvelle-Aquitaine.
3 Que faire si on a consommé des huîtres ou si on en a en sa possession ?
Pour les personnes en possession d'huîtres du bassin d'Arcachon, la préfecture demande "de ne pas les consommer et de les rapporter au point de vente". Pour celles qui en ont mangé, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) recommande sur son site d'adopter des gestes barrières (notamment se laver les mains régulièrement). En cas de complications, il ne faut pas hésiter à contacter le numéro d'urgence, le 15, ou son médecin.
Santé publique France rappelle par ailleurs qu'il est inutile d'utiliser des antibiotiques pour le traitement des gastro-entérites d'origine virale, comme c'est le cas ici. L'agence souligne en revanche l'importance de s'hydrater. Elle appelle également à nettoyer fréquemment son réfrigérateur et à le maintenir à une température comprise entre 0 et 4°C, dans un communiqué publié sur X.
4 Quelle est l'origine des contaminations ?
Cette situation provient d'une "saturation des réseaux d'eaux usées et d'eaux pluviales", qui engendre "des débordements dans le milieu naturel", contaminant les zones d'élevage, explique le Comité régional de conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA) dans un communiqué. Les norovirus ne sont "pas naturellement présent[s] dans l'eau de mer", rappelle-t-il.
Thierry Lafon, ostréiculteur installé dans la zone concernée, évoque auprès de l'AFP un réseau d'assainissement "très convenable, souvent pris en exemple", mais dénonce une gestion des eaux de pluie "lamentable". Ainsi, en raison des précipitations "importantes" survenues ces dernières semaines, les nappes phréatiques sont remontées jusqu'à la surface. "Dans ces cas-là, quelques centimètres d'eau sur la chaussée suffisent à envahir le système d'assainissement", détaille-t-il. Les canalisations ne peuvent plus éliminer ce surplus, ce qui provoque un débordement dans "le milieu marin, qui devient insalubre".
5 Quelles pourraient être les conséquences économiques pour le secteur ?
"C'est la pire période pour les ostréiculteurs", déplore le maire d'Arès (Gironde), Xavier Daney, sur franceinfo. Les quelques jours entre Noël et le jour de l'An représentent entre "15 et 20%" de la production des ostréiculteurs, rappelle l'édile, qui craint déjà "l'ampleur des conséquences" de cette interdiction pour la profession. "Pour ceux qui travaillent avec la grande distribution, la période des fêtes représente jusqu'à la moitié de leurs volumes, avec les deux tiers vendus à Noël et un tiers pour le Nouvel An", abonde Thierry Lafon.
De son côté, le CRCAA craint "une crise économique sans précédent" pour les producteurs, déjà fragilisés par les dégâts causés par une succession de tempêtes à l'automne. Malgré leurs efforts pour tenter de sauver leur production, les ostréiculteurs évaluaient alors leurs pertes autour de 160 tonnes, selon France Bleu Gironde. La production locale d'huîtres est d'environ 8 000 tonnes par an, un peu moins de 10% de la production nationale, selon les derniers chiffres du syndicat et de l'Agreste (service de statistiques dépendant du ministère de l'Agriculture) rapportés par l'AFP.
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