Scandale des œufs contaminés : "Il y a une opacité totale"
Le président de l’UFC-Que Choisir, Alain Bazot, regrette que le nom des entreprises concernées par la crise des oeufs contaminés ne soit pas public "et encore moins les produits concernés".
La crise des œufs contaminés au fipronil a d'ores et déjà des répercussions en France. Paris a annoncé que près de 250 000 oeufs contaminés au fipronil avaient été mis sur le marché français "depuis avril". Selon le ministère de l'Agriculture interrogé par franceinfo, des produits à base d'œufs issus des élevages contaminés, comme des gâteaux, des pâtes ou des brioches, ont commencé à être retirés des grandes surfaces par précaution.
Mais selon Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir, "le retrait ne suffit pas" : "il n’y a pas de rappel des produits, puisqu’il y a une opacité totale, on ne sait pas quelles sont les entreprises et encore moins les produits concernés", s'est indigné Alain Bazot sur franceinfo samedi 12 août.
franceinfo : Êtes-vous rassuré par les mesures de précaution du ministère de l’Agriculture, c’est-à-dire le retrait de certains produits à base d’œufs des rayons de supermarchés ?
Alain Bazot : On sait très bien que le retrait ne suffit pas. Il y a des lots qui ont été vendus à la fois d’œufs et de produits transformés. Si on veut être logique, si on les retire de la vente, c’est parce qu’on veut les retirer de la consommation, et donc, il faudrait organiser un rappel des produits. Mais il n’y a pas de rappel des produits, puisqu’il y a une opacité totale, on ne sait pas quelles sont les entreprises et encore moins les produits concernés.
Il faudrait donc selon vous une liste claire des marques concernées et des produits concernés ?
Bien sûr ! On dit qu’il ne faut pas jeter l’opprobre sur l’ensemble des filières. Mais le meilleur moyen, c’est de désigner ceux qui sont contaminés. Comment a-t-on fait lors du scandale des lasagnes de viande de cheval ? L’affaire a été mise sur place et à l’époque, il n’y avait même pas de risque sanitaire. Là, au contraire, même si on essaie de nous rassurer sur la teneur du risque, le danger existe puisque de toute façon le produit (le fipronil) était purement et simplement interdit. On le retrouve parce qu’il est dangereux et donc raison de plus, encore plus que pour le scandale des lasagnes de cheval, de donner toute l’information à laquelle le consommateur peut prétendre pour gérer ces actes d’achat. C’est au consommateur de faire des arbitrages, savoir s’il va consommer ou non, écouter les avis des autorités qui d’ailleurs sont divergentes, entre l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), et d’autres autorités sanitaires, c’est la cacophonie.
Pour l’instant, il n’y a pas eu d’intoxication, ni de malades, l’OMS n’a pas décelé de troubles hormonaux ou de cancers sous l’effet du fipronil, est-ce que l’on n’en fait pas un peu trop ?
Ce n’est pas l’UFC-Que Choisir qui a interdit le fipronil. Il a été interdit, et on connaît tout de même la prudence avec laquelle les autorités européennes interdisent des produits. Regardez un peu les combats sur les perturbateurs endocriniens. On n’arrive pas à faire interdire ceux qui sont les plus connus. Il y a des définitions qui sont très larges, qui sont favorables à l’industrie en question. Donc, on ne peut pas dire que l’Europe soit un ayatollah sur les produits, notamment les perturbateurs endocriniens. Donc, s’il est interdit et qu’on le retrouve, on ne peut pas dire, on ne va pas commencer à nous dire qu’il est interdit mais qu’il n’y a aucun risque. C’est le meilleur moyen pour jeter le trouble chez les consommateurs et entraîner une vaste défiance de leur part sur les produits alimentaires.
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