Cet article date de plus de deux ans.

Reportage "Les surfaces vont augmenter considérablement" : pour éviter les pénuries de moutarde, les cultivateurs en Bourgogne relancent leur production

L'effondrement de la production au Canada, premier exportateur mondial de graines de moutarde, a entraîné des pénuries partout dans le monde. Les industriels français ont donc demandé aux cultivateurs historiques de Bourgogne de produire davantage avec de bons arguments financiers.

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Illustration pot de moutarde. (LP / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

"La culture de la moutarde, c'est vraiment la reprise !" Des champs à perte de vue au sud de Dijon et de nouvelles graines que le céréalier Damien Baumont s'apprêtent à semer dans 15 jours. Une culture qu'il avait totalement abandonnée il y a deux ans face aux difficultés : mauvaise météo, attaques d'insectes et des prix peu encourageants. Mais la pénurie de ces derniers mois a complètement changé la donne. "Dans les magasins, c'est un petit peu la folie", déclare l'agriculteur.

>> Trois questions sur la pénurie de moutarde qui touche la France (et le monde)

Il sera bientôt possible de manger de la moutarde à nouveau sans se rationner. Les rayons de nos supermarchés devraient commencer à se remplir à nouveau dès ces prochaines semaines. La pénurie de ces derniers mois ne devrait plus se reproduire à l’avenir car les producteurs français, en Bourgogne notamment, ont décidé de mettre les bouchées doubles. 

Damien Baumont s'apprêtent à semer de nouveaux des graines de moutarde. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

C'est habituellement du Canada que viennent 80 % des graines de moutarde consommées en France. Ce pays a été frappé par la sécheresse en 2021, les industriels sans solution ont donc demandé aux cultivateurs historiques en Bourgogne de produire plus avec de bons arguments, notamment financiers. "Il y a cinq ou six ans, la moutarde tournait autour des 800 à 850 euros la tonne, détaille Damien Baumont. Et pour essayer de remotiver des producteurs, de replanter un peu, on est monté à 1 350 euros la tonne. C'est ce qu'on achète aux producteurs. Pour l'année 2023, le prix sera de 2 000 euros." Résultat les céréaliers sont aujourd'hui près de 350 à se lancer ou se relancer dans la moutarde dans la région.

"Il y a des nouveaux, certes, mais il y a aussi, c'est vrai, tous les anciens producteurs qui ont un savoir-faire, qui avaient diminué légèrement leurs surfaces et qui ont vraiment remis le paquet."

Damien Baumont, céréalier

à franceifno

À l'autre bout de la chaîne "tout est dans les tuyaux", lance Luc Vandermaesen. Dans cette usine reine de Dijon, où les pots de moutarde se remplissent en cadence, le patron reprend espoir. "On a quasiment doublé le nombre d'agriculteurs qui vont cultiver de la graine de Bourgogne pour la récolte de l'année prochaine, explique Luc Vandermaesen. Et les surfaces vont augmenter considérablement. On va atteindre plus de 10 000 hectares, on va multiplier par deux et demi la quantité. Et ça, c'est une très bonne nouvelle."

Luc Vandermaesen dans l'usine  (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Tous deux se montrent confiants, la moutarde va revenir peu à peu en rayon dès le mois d'octobre. "Que les Français se rassurent, on ne manquera pas de moutarde pour les prochains barbecues" explique l'agriculteur Damien Baumont. Il faudra donc attendre l'été prochain ? "La récolte qu'on vient d'avoir, c'est celle qui va être transformée en pot qui sera disponible pour les mois de mai et juin l'année prochaine", répond le céréalier. Mais beaucoup envisagent un début de retour véritable à la normale en janvier 2023.

En Bourgogne, les cultivateurs relancent leur production de graines de moutarde - Le reportage d'Agathe Mahuet

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.