Déserts médicaux : "Ce gouvernement n’a pas osé prendre des mesures coercitives", selon le président des maires ruraux de France
À l'occasion de la visite d'Emmanuel Macron dans le Limousin, Alain Fournier fait le bilan des avancées obtenues au niveau local depuis l'arrivée du chef de l'État au pouvoir.
"Ce gouvernement n'a pas osé prendre des mesures coercitives qui seraient nécessaires de manière à ce qu'il y ait une implantation beaucoup plus aménagée sur nos territoires", critique lundi 24 janvier sur franceinfo le président des maires ruraux de France, Michel Fournier, maire sans étiquette de la commune de Les Voivres dans les Vosges, au sujet des déserts médicaux. Ce sujet est au centre de la visite d’Emmanuel Macron dans le Limousin lundi 24 et mardi 25 janvier.
franceinfo : Est-ce qu'il y a un enjeu pour le président à redorer son image auprès des habitants des territoires ruraux ?
Michel Fournier : Le premier plus, c'est que notre structure associative a été reconnue en tant que telle. Je parle des maires de France. Nous avons été reçus au cours du premier mois de l'installation du président à l'Élysée. Une façon de montrer que l'on avait un intérêt. Ensuite, il ne faut pas non plus oublier le mouvement des "gilets jaunes". Cette réaction forte à l'idée saugrenue de vouloir réduire la vitesse à 80 km heure. Il y a quand même eu aussi l'augmentation du prix du carburant. La mobilité dans le milieu rural, c'est quelque chose de déterminant et là, ça a été vécu comme une provocation ce qui a engendré quand même des avantages parce que derrière ce mouvement des "gilets jaunes", l'association que je représente, a mis en place les cahiers de doléances et les cahiers propositions. On les a apportés au président de la République, au président du Sénat et au président l'Assemblée nationale en mains propres. On a obtenu qu'il y ait déjà un ministère de la Cohésion des territoires reconnu, mais surtout un agenda rural. Ce ne sont pas que des mots, mais dans l'agenda rural il y a 180 mesures qui ont été retenues, actées par Édouard Philippe. Mais ça veut dire que derrière cela, on a eu des référents ruralité dans chaque département. On a eu un référent dans chaque ministère. Ça veut dire que toute nouvelle décision devait forcément avoir une réflexion ruralité. Ça, c'est les choses positives. Et puis, bien entendu, après, quand Jean Castex est devenu Premier ministre, on a obtenu un secrétaire d'État à la Ruralité qui comprend nos difficultés.
Très concrètement, quels sont les effets derrière ? Il y a 2 000 maisons France Services, par exemple. Ça a servi à quoi ?
À avoir des réponses de proximité au niveau des cantons, tous les petits relais ruraux. L'ambition, c'est qu'il y ait effectivement France Services dans ces relais là. Bien entendu, le partenariat se fait avec les communes. La première réponse de proximité, c'est la commune. Et puis ensuite, on peut diriger sur France Services pour toutes les réponses qui peuvent être apportées par rapport aux administrés. Mais il y a des choses aussi qui ne sont pas encore abouties. Ce sont notamment les déserts médicaux. Ça ne fonctionne pas parce que ce gouvernement n’a pas osé prendre des mesures coercitives qui seraient nécessaires de manière à ce qu'il y ait une implantation beaucoup plus aménagée sur nos territoires.
Au sujet de ces déserts médicaux, qu'est-ce que vous demandez aujourd'hui ? Il faut prendre des nouvelles mesures plus radicales pour demander aux jeunes médecins de s'installer chez vous ?
On sait maintenant, vu l'ouverture du numerus clausus, qu'il nous faut attendre sept ou huit ans pour arriver à ce qu'effectivement, ces praticiens puissent être formés. Mais une chose est certaine.
"Dans l’agenda rural, il y a une mesure qui oblige normalement chaque interne à finaliser son cursus avec une présence pendant six mois ou un an dans des territoires ruraux sauf que ça ne se fait pas. On demande simplement à ce que ce soit imposé."
Michel Fournier, président des maires ruraux de Franceà franceinfo
Et que cela soit imposé aussi bien pour l'interne que pour le médecin. Parce que c'est le médecin qui ne veut pas "s'embêter" à former un confrère. Donc, il faut à ce niveau-là qu'il y ait des implantations comme c'est prévu dans l'agenda rural, de manière à ce qu’on puisse donner envie et on puisse démontrer qu'on a aussi le sens de l'accueil dans nos territoires.
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