Hôpital : les revalorisations de salaires étaient "nécessaires, mais le sujet n'est pas que financier", réagissent les soignants dans les couloirs du CHU de Rouen
Un milliard d'euros sur la table pour revaloriser les salaires des soignants et des "compétences élargies" pour les pharmacies. Voilà les annonces faites jeudi 31 août par Elisabeth Borne depuis Rouen sur l'hôpital public, où la Première ministre était en déplacement.
Parmi les coups de pouce, la revalorisation franche des heures de nuit pour les infirmiers et les aides-soignants. À partir de janvier 2024, leur salaire de nuit va donc augmenter de 25%. Ça représente un bonus de 300 euros bruts par mois pour une infirmière en milieu de carrière. "Enfin, une bonne nouvelle !, salue le président d'Action Praticiens Hôpital, le docteur Jean-François Cibien. On attendait cette mesure depuis 2019 pour que le salaire de nuit soit indexé sur le salaire de base, et non de manière forfaitaire."
Les primes du week-end des infirmiers seront aussi augmentées de 20%, soit environ 60 euros par jour. Pour inciter les médecins à travailler en soirée, la nuit et le week-end, les gardes seront payées 50% de plus, et ça sera le même tarif pour tous les médecins publics comme privés : les astreintes seront également alignées. Et là, ce sont les praticiens hospitaliers qui vont y gagner.
"On arrive à bout de souffle"
Après ses annonces, la Première ministre a fait un tour au CHU de Rouen. Une façon de prendre la température, pour voir comment sont reçues les mesures. Et c'était un mélange de chaud et de froid pour Élisabeth Borne. Dans le service de médecine interne, une cadre de santé, qui gère les plannings, donne le ton : "On espère franchement parce qu'on arrive à bout de souffle. La nuit est très impactée par l'absentéisme et le manque de recrutement."
Quatre étages plus bas, au déchocage des urgences, Laurence Douchet, infirmière ici depuis 40 ans, apprend la nouvelle. "Il était temps...", salue-t-elle, avant d'embrayer : "Mais c'est peu, ça fait des années qu'on n'a pas été revalorisées". Le problème, complète sa collègue Elodie Devaux, c'est le peu de reconnaissance et un travail trop dur : "Les conditions de travail sont difficiles du fait de nombre de lits fermés." Comprendre : revaloriser les salaires, c'est bien, mais il faut aller plus loin.
Mélanie Roussel, médecin urgentiste, abonde : "C'était nécessaire, mais le sujet n'est pas que financier. Les soignants s'en vont de l'hôpital parce que, très clairement, les conditions sont difficiles. Le signal positif, c'est bien, mais il faut aller plus loin sur les conditions de travail." Élisabeth Borne en a d’ailleurs convenu : le gouvernement devra travailler sur l’attractivité des carrières et sur la vie au travail pour les soignants.
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