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Remaniement ministériel : "Les paroles sont belles, les actes permettront de dire ce qu'il en est", estime le collectif Inter-Hôpitaux

Agnès Buzyn obéissait au président de la République, selon le fondateur du collectif qui espère qu'avec Olivier Véran, il y aura une "rupture urgente".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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André Grimaldi, professeur émérite de diabétologie au CHU de la Pitié-Salpêtrière à Paris, invité de franceinfo le 18 septembre 2018. (RADIO FRANCE / FRANCE INFO)

André Grimaldi, fondateur du collectif Inter-Hôpitaux et diabétologue à la Pitié-Salpêtrière, a réagi lundi 17 février sur franceinfo à la passation de pouvoirs entre Agnès Buzyn et le nouveau ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran. "Les paroles sont belles, les actes permettront de dire ce qu'il en est", a estimé Angré Grimaldi, qui a aussi souligné qu'Olivier Véran représente "une grosse différence" par rapport à sa prédécesseure, à savoir qu'il est déjà "un homme politique". Pour lui, Agnès Buzyn "appliquait ce que disait Bercy, et l'hôpital en est la victime".

franceinfo : Olivier Véran, nouveau ministre de la Santé, dit que pour convaincre, il faut "susciter l'enthousiasme" et donc "lutter contre le doute et la méfiance". Est-ce qu'il suscite votre enthousiasme ?

André Grimaldi : On jugera aux actes. Entre Olivier Véran et Agnès Buzyn, il y a une grosse différence. Agnès Buzyn, c'était un médecin engagé dans la médecine et pas une femme politique. Et puis, elle est tombée en politique et on a eu un grand espoir. Pendant un an, elle allait faire les réformes importantes qui s'imposent. Et puis, finalement, elle est devenue une militante politique et a avalé des couleuvres. Lui, inversement, c'est un homme politique depuis longtemps. Il a choisi la politique. La médecine était secondaire pour lui. Il ne s'en cachait pas. Il était le rapporteur de la loi Touraine. Donc, est-ce qu'il aura plus de poids politique dans le gouvernement ? C'est ça, la question. Agnès Buzyn a une bonne image dans la population. Mais elle avait très peu de poids politique. Elle appliquait ce que disait Bercy et l'hôpital en est la victime. Est-ce que lui aura plus de poids ? S'il a des choses nouvelles à proposer, évidemment, le collectif Inter-Hôpitaux sera prêt à le rencontrer. Mais si c'est la continuité, si c'est l'austérité qui continue, l'austérité à peine atténuée...

Olivier Véran a parlé notamment, pour ce qui est de l'hôpital public, de "l'allègement des contraintes du quotidien". Un clin d'œil, sans doute, à ces dizaines de chefs de service des hôpitaux publics qui ont démissionné de leurs fonctions administratives. C'est une phrase qui a pu vous séduire ?

La ministre précédente et celle d'avant aussi [Marisol Touraine et Roselyne Bachelot], avaient de très belles phrases. Ce sont les actes qui comptent. Par exemple, il y a une décision, qui est de faire des indicateurs de santé. Il va falloir encore faire du reporting, se brancher sur des indicateurs alors qu'on manque de personnel, de personnel formé et stable. Donc, qui va arrêter avec cela ? Est-ce qu'il va défendre que pour avoir "du personnel formé et stable, il faut que l'hôpital retrouve une attractivité" ? Ou bien, est-ce que lui aussi va dire : "On crée des indicateurs et les carottes financières pour courir derrière l'indicateur ?" On est dans cette logique du management par indicateurs, par la norme, par le chiffre, alors est-ce qu'on rompt avec ça ou pas ? On verra. Là encore, les paroles sont belles. Les actes permettront de dire ce qu'il en est. La différence avec Agnès Buzyn c'est qu'elle pouvait dire "mes prédécesseurs n'ont rien fait". Lui ne pourra pas dire ça parce qu'il était dans les prédécesseurs.

Certains membres du personnel hospitalier ont mobilisé depuis un an. On dit "c'est presque une forme de provocation". Lui, il souligne au contraire que le personnel du ministère de la Santé reste en place, à part lui. Est-ce que vous voyez vous aussi une continuité dans ce qui va se passer maintenant ?

Oui, c'est une continuité. Ce qui était choquant, c'est que la ministre dise : "Mon emploi du temps est trop chargé, je ne peux pas m'occuper de Paris, je reste à mon poste, on est dans la tempête. Le capitaine reste à bord". Et puis, tout d'un coup, au fond, elle est entrée en politique. Elle obéit au président de la République. Il y a une continuité. C'est ça qui nous inquiète, parce que dans l'hôpital, on a besoin d'une rupture urgente. Urgente.

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