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Santé : "Le prochain quinquennat est important" pour refondre le système, estime le président de la Fédération hospitalière de France

"Une refonte de fond [du système de santé] est nécessaire" pour préserver celui-ci, a assuré sur franceinfo dimanche le président de la Fédération hospitalière de France.

Article rédigé par franceinfo
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Frédéric Valletoux s'exprime lors du salon Santexpo, porte de Versailles à Paris, le 9 novembre 2021. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

"On est au pied du mur" pour refondre le système de santé en France, "arrivé en bout de course", a estimé sur franceinfo dimanche 16 janvier Frédéric Valletoux. "Le prochain quinquennat est important" pour envisager une refonte de celui-ci, a également jugé le président de la Fédération hospitalière de France. Cette fédération, avec 54 autres organisations représentant les secteurs hospitalier, libéral et médicosocial, appelle dans une lettre ouverte publiée par Le Journal du dimanche (JDD) à un débat sur l'avenir du système de santé entre les candidats à l'élection présidentielle, le 17 mars prochain, soit deux ans jour pour jour après l'entrée en vigueur du premier confinement à cause du Covid-19 en France.

franceinfo : Pourquoi appelez-vous à une refonte du système de santé ?

Frédéric Valletoux : Le système est vraiment arrivé en bout de course. Ça fait une dizaine d'années qu'on accumule des rapports et des constats sur la crise du système de santé. Cette épidémie qui nous touche depuis bientôt deux ans est venue taper dans le système de santé qui était extrêmement divisé et fractionné par de nombreux dysfonctionnements. On sait très bien que si la France veut garder un système de santé qui conserve sa capacité à prendre en charge l'ensemble des Français, qui offre le même accès aux soins sur tout le territoire, une refonte de fond est nécessaire. Les déserts médicaux, c'est un sujet qui date d'il y a une dizaine d'années. On a une nouvelle fenêtre d'opportunité avec cette élection présidentielle et ce nouveau quinquennat qui s'ouvre. Si la santé n'est pas une priorité au cours de celui-ci, alors on aura un système de santé définitivement affaibli, avec sans doute un autre système à construire.

Le Ségur de la santé lancé en 2020 ne répond-il pas à cette problématique ?

C'était une reconnaissance de la nation aux soignants et donc une amélioration de la rémunération. Le sujet a été traité puisque près de 9 milliards d'euros ont été mis sur la table pour améliorer la rémunération des soignants, notamment à l'hôpital. Mais améliorer la rémunération ne résoud les problèmes de notre système de santé : la question des déserts médicaux, de l'égale installation des médecins généralistes partout sur le territoire, de la crise de la médecine de ville, des difficultés de l'hôpital, des difficultés du financement de l'ensemble du système... Toutes ces questions de fond sont des questions structurelles, qu'il va falloir aborder. Sinon, on va avoir un système de santé qui va continuer à être affaibli et surtout des soignants qui vont le quitter. Aujourd'hui, on a quand même un paradoxe : on n'a jamais eu autant de médecins inscrits à l'Ordre des médecins, et pourtant, les Français n'ont jamais eu autant de difficultés à trouver un rendez-vous et à avoir un service de qualité en matière de médecine, c'est-à-dire de proximité. Il y a des paradoxes à traiter.

Est-ce aux hôpitaux de prendre ce type d'initiative ?

Normalement non. Mais la crise de l'hôpital est aussi sur tous les dysfonctionnements du système de santé. Je prends deux exemples. D'abord, celui sur les personnes âgées et ce qu'on appelle le parcours de santé. Normalement, vous allez à l'hôpital quand vous avez un besoin de soins critiques, c'est-à-dire un acte lourd. Vous venez pour les soins immédiats et ensuite vous êtes envoyés vers des structures de soins de suite ou selon votre âge vers des établissements pour personnes âgées. Mais cette fluidité du parcours se fait mal. Un deuxième exemple, c'est les urgences. Il y a eu un bond en dix ans de la fréquentation aux urgences. C'est aussi le reflet d'une crise profonde de la médecine de ville et du fait que les Français ont de moins en moins de généralistes.

À quoi doit ressembler cette refonte du système de santé, selon vous ?

Il va falloir s'attaquer aux problèmes de fond qui sont connus depuis longtemps, mais qui ne sont pas traités. Le financement, l'installation, faire revenir les jeunes générations aux métiers du soin. Il manque 100 000 personnes dans les Ehpad. Si on n'en trouve pas dans les cinq prochaines années, on aura un service dégradé. On a des échéances qui arrivent, on est au pied du mur. Soit on arrive à surmonter les réticences, soit on laisse le système se déliter. Le prochain quinquennat est important. Le 17 mars, on sera à deux ans du premier confinement, c'est un jour anniversaire. On sera aussi à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle. C'est déterminant pour le débat politique au sens noble du terme. Tous les candidats vont venir s'exprimer sur un sujet qui, jusqu'à présent, lors des élections présidentielles précédentes, était un peu passé sous le boisseau. Il a acquis évidemment une acuité majeure compte tenu de cette crise que l'on connaît.

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