Coronavirus : c'est quoi, un secteur économique "essentiel" ?
Le gouvernement veut éviter que l'économie française soit à l'arrêt complet en pleine épidémie de coronavirus, mais ne souhaite pas pour autant établir formellement une liste des secteurs économiques "essentiels".
Le ministre de l’Économie a appelé, mercredi 18 mars, "tous les salariés des activités qui sont indispensables au fonctionnement du pays à se rendre sur leurs lieux de travail (...) dans les conditions de sécurité sanitaire maximales" sur BFM Business. Bruno Le Maire s’est exprimé en pleine épidémie de coronavirus et alors que le confinement est en vigueur en France.
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Tous les déplacements "non essentiels" sont interdits et une attestation sur l'honneur est nécessaire pour se rendre notamment au travail. Mais reste à définir ce qu'est une activité "indispensable" ou un secteur "essentiel".
Une liste de secteurs "essentiels" non exhaustive
Le ministre a lui-même cité l'exemple de l’agro-alimentaire car nourrir les Français c'est, évidemment, essentiel et cela concerne aussi bien les agriculteurs que les salariés d'usines de transformation, les routiers qui font les livraisons ou les caissières des hypermarchés. Tous ces acteurs sont indispensables pour que la chaîne de production fonctionne du début à la fin et que les magasins soient approvisionnés pour répondre aux besoins des consommateurs. Difficile de chiffrer, même si l'industrie agro-alimentaire représente à elle seule plus de 17 000 entreprises et plus de 400 000 emplois.
D'autres secteurs d'activité se révèlent également "essentiels" notamment l’énergie, les transports, les télécoms, la propreté, une partie de l'administration locale ou nationale. En fait, la liste n'est pas exhaustive et le gouvernement ne souhaite d'ailleurs pas l'établir formellement.
On peut toutefois imaginer qu'elle est assez proche de celle des OIV, les opérateurs d'importance vitale. Il s'agit d'environ 260 entreprises publiques et privées répertoriées par l'État dont l'identité relève du secret-défense mais dont le rôle est jugé primordial en cas de crise, comme une guerre ou une épidémie. Elles sont soumises à une obligation de poursuite d'activité, pouvant aller dans les cas les plus extrêmes, jusqu'à la réquisition d'une partie du personnel. À Radio France par exemple, franceinfo, France Inter et France Bleu font partie de ces entreprises, au nom de leur mission d'information.
La réquisition des personnels se pratique parfois en-dehors des périodes de crise. Par exemple, début février lors de la grève dans les incinérateurs d'Île-de-France, la préfecture avait alors ordonné la réquisition de salariés pour pouvoir les remettre en service au bout de quelques jours, en raison des risques sanitaires pour la population.
Éviter l'arrêt de l'économie
Le Medef a alerté, mercredi 18 mars, sur un risque d'arrêt de l'activité l'économique en France alors que de nombreuses entreprises ferment provisoirement en cette période de confinement. Bercy insiste bien sur le fait que tout ce qui n'est pas interdit est autorisé. Et que les attestations obligatoires en cas de contrôle pendant la période de confinement prévoient bien les trajets domicile-travail.
En clair, il n'est surtout pas question de mettre l'économie française à l'arrêt complet. Les ouvriers sur des chaînes de production, les artisans, les couvreurs comme les plombiers, doivent pouvoir travailler, dans le respect des règles sanitaires en adaptant si besoin les postes de travail pour respecter les distances de sécurité et en étant équipés en gel hydroalcoolique. À l'image du guide des bonnes pratiques mis en place pour la grande distribution. Il prévoit notamment l'installation de vitres entre les caissières et les clients.
Le ministère de l'Économie insiste, il ne faudrait pas que certains patrons profitent en quelque sorte de la situation actuelle pour mettre leurs salariés au chômage technique, qui leur est exceptionnellement remboursé à 100% par l’État. Ils doivent plutôt rassurer leurs salariés et qu'ils soient bien protégés sur leur lieu de travail. Une mise au point assez ferme, donc, alors que de nombreux sites industriels ont déjà stoppé leur production en France et alors que se multiplient en parallèle des demandes de droit de retrait de salariés inquiets dans les entreprises qui restent en fonctionnement.
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