Coronavirus : cinq questions sur le "droit de visite" autorisé en Ehpad
Ce droit de visite sera appliqué "à la demande du résident", a précisé le ministre de la Santé, Olivier Véran. Deux personnes de la famille au maximum sont autorisés et aucun contact physique ne sera possible.
Un assouplissement très encadré. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé, dimanche, la mise en place d'un "droit de visite" dès le lundi 20 avril, dans les Ehpad et les établissements accueillant des personnes en situation de handicap.
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1Comment se dérouleront ces visites ?
Les visites sont soumises à plusieurs conditions. Ce droit de visite sera tout d'abord ouvert "à la demande du résident", a précisé le ministre. "Ce sera dans des conditions extrêmement, vous l'imaginez, limitées, pas plus de deux personnes de la famille (...), ce sera sous la responsabilité des directions d'établissement, qui devront dire à la famille lorsque ce sera possible et dans quelles conditions", a ajouté Olivier Véran.
Les visites seront possibles "quand la situation épidémique le permet", "à la demande d'un résident", "après la signature d'une charte de responsabilité par les familles", ont également souligné les autorités.
Il sera toujours impossible de "toucher la personne", mais un "contact visuel" sera autorisé lors de ces visites, qui seront supervisées par les établissements eux-mêmes. "Les conditions de visite ne seront donc pas 'normales'", a insisté sur Twitter Frédéric Bierry, président du conseil départemental du Bas-Rhin.
⚠️[Visites Ehpad] Il faudra bien sûr demander l'accord des directions des #Ehpad et respecter toutes les mesures barrières (dont le port du masque). Les conditions de visite ne seront donc pas "normales". Il ne pourra pas y avoir de contact physique entre famille et résidents. pic.twitter.com/MCTvPK5ULu
— Frédéric BIERRY (@F_Bierry) April 18, 2020
2Toutes les demandes pourront-elles être honorées dans l'immédiat ?
Difficile de répondre simplement par l'affirmative à cette question. Tous les établissements ne sont pas en mesure d'accueillir des visites dès lundi. Par exemple, le vice-président du conseil départemental du Doubs, Philippe Gonon, précise sur Facebook que, dans son département, "la procédure sera opérationnelle dès mercredi 22 avril".
Même délai dans un Ehpad de Douarnenez (Finistère). "Il est indiqué que les premières visites ne pourront se faire qu'à partir de mercredi. Des précisions seront très rapidement apportées aux familles, pour leur en expliquer les modalités", écrit le service communication du centre hospitalier Michel Mazéas, dans un communiqué cité par le quotidien régional Ouest-France.
Le rétablissement des visites, "c'est quelque chose que l'on ne peut faire que sur mesure. Il faut que l'établissement ait les conditions matérielles pour protéger, bien évidemment, les visiteurs, les personnes âgées et le personnel", a rappelé sur BFMTV Frédéric Bierry.
"Une annonce hier pour aujourd'hui, c'est un peu brutal", a estimé, lundi, sur Europe 1, Laurent Garcia, cadre de santé dans l'Ehpad "Les Quatre saisons" de Bagnolet (Seine-Saint-Denis).
"On continue d'interdire les visites par mesure de précautions", déclare à France 3 Hauts-de-France, Eric Jullian, directeur de trois maisons de retraite. "On ne peut pas accepter les visites, car nous n'avons pas assez de masques, de gants et de surblouses, ni de pièce dédiée accessible de l'extérieur. La question de ces réouvertures, on la comprend sur le plan social, mais sur le plan matériel, on n'a pas ce qu'il faut", explique-t-il. La démarche est totalement différente du côté de la maison de retraite "La Neuville", à Amiens, qui a élaboré un protocole de visites tôt lundi matin.
Le plus prudent, pour les familles est donc de contacter l'Ehpad où résident un parent, afin de savoir si les visites peuvent avoir lieu et sous quelle forme, avant de prendre, le cas échéant, un rendez-vous.
3Quelles précautions prendre ?
Toutes les règles de distanciation et les gestes barrières pratiqués au quotidien restent indispensables. "Il s'agit d'adapter les règles du confinement pour faire en sorte qu'il soit supportable, afin qu'il ne puisse pas provoquer d'effets collatéraux regrettables, a remarqué le président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA).
Bien entendu, les familles devront respecter les gestes barrières, se laver les mains, porter un masque et garder une distance d'au moins un mètre, tout comme les personnes âgées.
Pascal Champvert, président de l'AD-PAà franceinfo
"Pour organiser ces visites, il faut que les gens acceptent de venir à une certaine heure, d'être dans telle ou telle situation et il faut que tout le monde y mette du sien, en quelque sorte", remarque le sociologue Serge Guérin.
4Quelle case cocher sur l'attestation de déplacement ?
Le motif, sur l'attestation de déplacement dérogatoires, mentionnant "déplacements pour motif familial impérieux, pour l'assistance aux personnes vulnérables ou la garde d'enfants", semble être la case la plus adéquate. N'oubliez pas, comme toujours, de bien renseigner la date et l'heure de sortie.
Faut-il une attestation à l'aller et une autre pour le retour ? Quelle distance maximale est-il possible de parcourir pour se rendre dans un Ehpad afin de visiter un parent ? Le ministère de l'Intérieur, sollicité par franceinfo, n'a pas encore répondu aux sollicitations de franceinfo à l'heure où ces lignes sont écrites.
5Pourquoi était-il important d'autoriser des visites "exceptionnelles" ?
"Notre objectif, c'est de trouver un équilibre entre sécurité et maintien vital du lien social", a fait valoir Olivier Véran, dimanche. La reprise des visites familiales dans les Ehpad et établissements médico-sociaux était "indispensable", a déclaré sur franceinfo Pascal Champvert.
"La solitude, l'isolement, sont très préjudiciables pour nos aînés", avait souligné auprès de franceinfo Frédéric Limousin, spécialiste en géronto-psychiatrie. Selon lui, les "réactions anxieuses et la dépression" sont les principaux risques pour les personnes âgées isolées en Ehpad. Or, "le risque qui va après la dépression, c'est de se laisser aller, ne plus s'alimenter et là, le risque vital est très important", a-t-il relevé.
Autoriser ces visites, "c'est vraiment mieux que rien", a commenté sur franceinfo Serge Guérin, sociologue spécialiste du vieillissement et membre du conseil du Haut Comité de la famille, de l'enfance et de l'âge au micro de franceinfo. "On peut se voir, on peut échanger par des gestes, par des mimiques et c'est déjà beaucoup mieux que simplement, dans le meilleur des cas, par téléphone", a-t-il ajouté. Pour lui, "c'est un grand progrès".
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