Covid-19 à l'école : faute de personnel, des communes "au pied du mur" ne peuvent plus assurer la cantine
Contractuels, surveillants, vacataires administratifs, le gouvernement a promis le renfort de 8 000 postes dans l'Éducation nationale, pour pallier les absences dues au Covid-19.
Il est midi, mais les plateaux restent empilés dans le self de l'école Jules Ferry 1 de Montreuil, en Seine-Saint-Denis. "Toute la semaine, sur décision municipale", aucun plat n'est servi aux quelques dizaines d'enfants présents dans la salle, qui sortent chacun leur sandwich du cartable. "Ils mangeront un pique-nique apporté par les familles", explique le directeur de l'établissement, Yannick Tilliette.
Une décision d'urgence prise pour toutes les écoles de la ville, face au nombre d'agents municipaux absents à cause de l'épidémie de Covid-19. Et si le gouvernement a annoncé ce jeudi 13 janvier le renfort de 8 000 personnels, après l'importante mobilisation du monde enseignant pour protester contre la gestion de la crise sanitaire à l'école, impossible pour certaines communes de faire fonctionner la cantine. "En effectif complet, je suis sur 11 ou 12 animateurs", justifie Yannick Tilliette, le directeur de l'école Jules Ferry 1 de Montreuil. "Depuis le début de l'année, on tourne autour de 9 animateurs maximum. La semaine dernière, on est même tombé à 3 ou 4."
Les parents aussi doivent s'adapter
Cette organisation allégée en termes d'encadrants demande cependant davantage de logistique aux enseignants, comme vérifier chaque matin que les élèves ont bien leur casse-croûte. Dans ces conditions, beaucoup de parents préfèrent récupérer leur enfant à midi, comme Samia : "Je fais du télétravail, donc je trouve ça égoïste de ma part de manger un plat chaud alors que j'ai la possibilité de pouvoir le récupérer", même si cela bouscule son organisation. "Il y a des réunions que j'ai dû annuler, parce que ce n'est pas possible en visio avec un enfant à la maison qui chahute, et qui nous appelle toutes les deux minutes", raconte cette mère de famille.
D'autres villes de France aussi ont dû réduire leurs services. À Troyes, la cantine et le périscolaire sont réservés aux enfants dont les deux parents travaillent, et ce jusqu'aux vacances de février. Une solution par dépit, alors qu'un tiers du personnel est en ce moment absent, assure l'adjointe au maire en charge de l'Éducation Stéphanie Fraenkel."C'est ingérable, on a aucune flexibilité, explique-t-elle.
"C'est vraiment un casse-tête très complexe."
Stéphanie Fraenkel, adjointe au maire à Troyesà franceinfo
"On ne souhaite pas arriver dans des situations où la prise en charge de l'enfant n'est pas correctement faite, avec un oubli d'enfant aux toilettes ou je ne sais quelle situation complètement ubuesque...", insiste l'élue, chargée de l'Éducation. "On est vraiment au pied du mur."
À Nantes également, les parents sont pour l'instant incités à garder leurs enfants le midi. Si cela ne suffit pas, certains accueils seront fermés.
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