Covid-19 en Europe : pourquoi l'épidémie repart en flèche dans plusieurs pays
Une montée spectaculaire du nombre de contaminations est enregistrée sur le continent depuis plusieurs jours. Un rythme de transmission que l'OMS a jugé "très préoccupant", jeudi.
Covid-19, l'épidémie sans fin ? Depuis près de six semaines consécutives, les indicateurs sont repartis à la hausse en Europe, avec 250 000 nouveaux cas et 3 600 décès enregistrés chaque jour, selon les données officielles par pays compilées par l'AFP jeudi 4 novembre. Si la situation est particulièrement dramatique dans les pays de l'Est, le rebond épidémique inquiète également à l'Ouest, avec une remontée en flèche des cas en Allemagne ou aux Pays-Bas. Seul le sud de l'Europe (Espagne, Italie, Malte, France...) semble pour l'instant plus préservé.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est d'ailleurs alarmée, jeudi, du rythme "très préoccupant" de transmission du Covid-19 observé actuellement en Europe, qui pourrait déboucher sur un demi-million de morts supplémentaires sur le continent d'ici février. "Nous sommes, de nouveau, à l'épicentre", a déploré le directeur de l'OMS Europe, Hans Kluge. Passage en revue de plusieurs pays particulièrement touchés, et des facteurs qui ont pu contribuer à ce nouveau rebond épidémique.
Au Royaume-Uni, une pression en hausse sur les hôpitaux
Quelle est la situation ? Le Royaume-Uni enregistre toujours environ 40 000 contaminations quotidiennes. Certes, ce chiffre est en baisse par rapport au pic des 50 000 cas enregistrés pour la seule journée du 21 octobre, mais le pays voit toujours la pression sur ses hôpitaux augmenter, avec un millier d'hospitalisations par jour. Au total, près de 9 000 patients atteints du Covid-19 sont actuellement hospitalisés.
Quelles sont les explications possibles ? La décision du gouvernement britannique de supprimer le port du masque à la mi-juillet dans les lieux clos et de lever l'essentiel des restrictions anti-Covid a été souvent pointée du doigt, même si les spécialistes signalent que les causes d'un rebond épidémique sont souvent multiples et complexes. "Sans qu'il soit aisé d'attribuer la totalité de la dégradation de leur situation à la seule levée du port du masque, il est probable qu'elle ait joué un rôle", souligne l'épidémiologiste et professeur de santé publique à Genève Antoine Flahault, interrogé par l'AFP.
En Allemagne, une remontée en flèche des cas
Quelle est la situation ? L'Allemagne a vu les cas de Covid-19 remonter en flèche depuis la fin des vacances d'automne. Elle a battu jeudi son record d'infections quotidiennes datant de décembre 2020, avec 33 949 nouvelles contaminations en 24 heures. En Allemagne, 19 702 cas quotidiens ont été enregistrés en moyenne sur les sept derniers jours, un nombre qui n'avait pas été atteint depuis fin avril.
Quelles sont les explications possibles ? L'absence de vaccination d'une partie de la population et le relâchement des gestes barrières sont incriminés. Selon les derniers chiffres de l'Institut Robert-Koch (RKI), 55,6 millions d'Allemands ont reçu deux doses de vaccin, soit 66,8% de la population, contre 75% des Français. "Nous connaissons actuellement une pandémie essentiellement des non-vaccinés et elle est massive", a asséné, mercredi, le ministre de la Santé Jens Spahn, en soulignant que les lits en soins intensifs commençaient de nouveau à manquer. "La quatrième vague de la pandémie se développe, hélas, comme nous le redoutions parce que le nombre de vaccinés n'est pas suffisant", a renchéri le président du RKI, Lothar Wieler. Il a aussi regretté que les règles d'accès aux lieux publics, restaurants ou salles de spectacle ne soient pas toujours suffisamment appliquées.
Aux Pays-Bas, une hausse spectaculaire
Quelle est la situation ? La remontée des cas est également spectaculaire aux Pays-Bas. Dans la dernière semaine d'octobre, ils ont enregistré en moyenne 7 711 nouveaux cas par jour, soit un chiffre en hausse de 39% par rapport à la semaine précédente, selon les autorités sanitaires. "Cela ne surprendra personne que nous ayons un message difficile ce soir. Le nombre des contaminations et des admissions à l'hôpital augmente rapidement", a déclaré le Premier ministre Mark Rutte, mardi, en annonçant le rétablissement de restrictions sanitaires.
Le port du masque est redevenu obligatoire dans les établissements fermés publics comme les magasins. Le gouvernement a également réintroduit la règle de distanciation sociale d'1,50 mètre et l'extension de l'obligation de présenter le pass sanitaire à des endroits comme les musées et les terrasses de restaurants. Le Premier ministre conseille par ailleurs à ses concitoyens de privilégier le télétravail et d'éviter d'emprunter les transports aux heures de pointe.
Quelles sont les explications possibles ? L'assouplissement du protocole sanitaire, entraînant l'abandon du port du masque et des gestes barrières, est vu comme l'un des principaux facteurs du rebond épidémique aux Pays-Bas. Car la couverture vaccinale y est étendue : près de 84% de toutes les personnes âgées de 18 ans et plus sont complètement vaccinées.
En Belgique, une flambée des cas
Quelle est la situation ? Entre le 25 et le 31 octobre, 7 758 nouvelles infections au coronavirus ont été détectées en moyenne chaque jour, soit une hausse de 36% par rapport à la semaine précédente, rapporte la RTBF. La télévision publique belge a aussi signalé mercredi que "236 admissions de patients Covid" ont été enregistrés en 24 heures en Belgique, soit un "chiffre qu'on n'avait plus connu depuis avril, au moment de ce qu'on avait appelé la troisième vague". Selon elle, "tous les indicateurs restent dans une tendance à la hausse, même si dans le cas des contaminations, cette hausse semble ralentir doucement".
Quelles sont les explications possibles ? Les soupçons portent surtout sur l'absence de gestes barrières et de port du masque. Face à la hausse exponentielle de nouveaux cas, le comité de concertation belge, qui réunit les ministres fédéraux, régionaux et communautaires, a d'ailleurs instauré le retour du port du masque dans les lieux intérieurs accueillant du public ainsi que la généralisation du pass sanitaire belge (Covid Safe Ticket), détaille France 3 Hauts de France. Plus de 74% de la population belge est vaccinée, selon les données d'Our World in Data.
En Grèce, une nouvelle vague
Quelle est la situation ? La Grèce a enregistré, mardi, 6 700 cas de Covid-19 en 24 heures, soit un record pour une journée depuis l'apparition de la pandémie en février 2020. Face à cette hausse, le gouvernement a annoncé le renforcement des mesures pour les non-vaccinés, qui doivent désormais présenter des tests PCR ou antigéniques négatifs dans les administrations publiques, banques ou magasins. Toutefois, l'accès reste libre aux supermarchés, pharmacies et églises, selon le ministère de la Santé.
Quelles sont les explications possibles ? C'est d'abord la non-vaccination dans une partie du pays qui pose problème. La flambée épidémique repart notamment dans le nord de la Grèce, où vit le tiers de la population. Or moins de la moitié des 3,1 millions d'habitants de cette région ont été pleinement vaccinés, bien en deçà de la moyenne nationale à 63%. Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a de nouveau appelé, mercredi,"les sceptiques à se faire vacciner pour réduire la pression sur les hôpitaux". Dans le Nord, les soins intensifs sont proches de leur capacité maximale et un nombre croissant de patients non vaccinés refusent d'y être intubés.
Seconde raison mise en avant : le port du masque n'est pas respecté partout dans les lieux clos, et en particulier dans les lieux religieux, alors qu'une partie de la puissante Eglise orthodoxe continue à défier les mesures contre le Covid-19. La télévision publique ERT a ainsi rapporté que des moines demandaient aux pèlerins d'enlever leurs masques avant d'entrer dans leurs monastères. Mais le gouvernement conservateur a exempté les églises des nouvelles mesures sanitaires mises en place mercredi avec la recrudescence des cas. Pour le ministre de la Santé, Thanos Plevris, "aller dans un lieu de culte n'est pas la même chose que d'aller dans une taverne ou d'acheter des chaussures".
En République tchèque, Hongrie et Europe de l'Est, une situation alarmante
Quelle est la situation ? La dernière semaine d'octobre a été marquée par la très forte accélration de la pandémie dans l'est de l'Europe : en République tchèque (+101%, avec 4 100 contaminations quotidiennes), en Hongrie (+92%, avec 2 600 contaminations par jour), en Pologne (+70%, avec 6 100 contaminations par jour), en Croatie (+65%, 3 100 cas quotidiens) ou encore en Slovaquie (+63%, 3 400), selon l'AFP. Les pays baltes sont également fortement touchés, au point que la Lettonie, avec un rythme de contaminations quotidiennes supérieur au millier, a déclaré lundi un état d'urgence sanitaire de trois mois en raison de la résurgence des infections au Covid-19 à des niveaux record. Selon les nouvelles règles, le masque devient obligatoire dans tous les édifices ouverts au public, et tout employé du domaine public devra être vacciné au 15 novembre. Tous les Lettons sont encouragés à pratiquer le télétravail quand il est possible.
Quelles sont les explications possibles ? Le faible taux de vaccination semble expliquer cette situation catastrophique. A titre d'exemple, seuls 48% des Lettons sont pleinement vaccinés, ce qui constitue l'un des pires taux de vaccination dans l'Union européenne après ceux de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Croatie.
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