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Covid-19 : la cinquième vague est celle "des contaminations mais pas des malades", décrit un anesthésiste-réanimateur parisien

Selon Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, il y a une "vraie différence entre la France et les pays qui l'entourent" dans cette cinquième vague de Covid-19 car le taux de vaccination en France "est nettement plus élevé".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Une infirmière injecte le vaccin contre le coronavirus d'AstraZeneca à un patient dans un centre de vaccination du Mans (Sarthe), le 7 mars 2021. (CLEMENTINE VERGNAUD / RADIO FRANCE)

"Les malades du Covid-19 qui arrivent à l'hôpital ne sont pas corrélés avec le nombre de nouveaux cas par jour et c'est rassurant", a affirmé vendredi 19 novembre sur franceinfo Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, alors que la France est entrée dans la cinquième vague de la pandémie. Il n'est pour lui "pas du tout incohérent" que la Haute autorité de santé recommande une dose de rappel du vaccin à partir de 40 ans.

franceinfo : Cela vous paraît-il indispensable de lancer ce processus de seconde dose de rappel vaccinal (ou 3ème dose) à une population de plus en plus large ?

Jean-Michel Constantin : Le processus de rappel de vaccination n'est pas du tout incohérent et je crois que c'était prévu. En revanche, il ne faudrait pas que ce soit confondu avec ce qu'il est urgent et important de faire tout de suite, c'est-à-dire de ne surtout pas baisser la garde sur les gestes barrières, le masque et le pass sanitaire. C'est cela qui va nous permettre d'éviter l'augmentation incongrue des contaminations que nous sommes en train de voir arriver. Lorsque l'on regarde ce qu'il se passe dans le reste de l'Europe, on peut se douter que la pression va monter en France en matière de contamination mais pas forcément en matière de patients malades. La seule façon de limiter les contaminations, ce sont les gestes barrières. La vaccination, c'est pour plus tard.

Ce qui se passe chez nos voisins doit-il nous servir d'avertissement ?

On peut probablement limiter les contaminations parce qu'on a baissé un peu moins vite la garde sur les gestes barrières que les autres pays. De plus, nous avons aujourd'hui en France une vague de contaminations, nous n'avons pas une vague de malades. C'est la vraie différence entre la France et les pays qui l'entourent parce que nous avons un taux de vaccination qui est nettement plus élevé. C'est ce qui nous protège. Cependant, si nous laissons flamber les contaminations, on va nécessairement finir par avoir des malades. Pour l'instant, il n'y a pas de réelle augmentation, ni dans les services de réanimation, ni dans les services de maladies infectieuses. Les malades qui arrivent ne sont en tout cas pas corrélés avec le nombre de nouveaux cas par jour et c'est rassurant. C'est la preuve que le vaccin fonctionne pour éviter les formes graves. En revanche, il serait incohérent de notre part de ne pas se préparer à ce que, potentiellement, il y ait une vague de contaminations. Nous nous préparons, mais si cette vague de malades arrive, cela va être compliqué car l'hôpital ne va pas bien aujourd'hui.

Est-ce ce qui vous inquiète le plus aujourd'hui ? Que l'hôpital ne soit pas en mesure d'en faire autant que lors des précédentes vagues ?

L'hôpital n'est pas en mesure et c'est ce qui nous inquiète. Pour l'instant, nous ne sommes pas dans une crise immédiate de Covid-19. En revanche, nous sommes dans une vraie crise du système de santé. Nous avions prévu au moment de la première vague que cela allait mettre l'hôpital à genoux et, clairement, l'hôpital est à genoux. Il est malade. C'est inquiétant. Si jamais nous avons un afflux de patients, ce qu'on ne souhaite pas, ça va être très compliqué à gérer.

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