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Infographies Reprise de l'épidémie de Covid-19 : on a comparé cette "cinquième vague" avec celle de l'automne 2020

Article rédigé par Brice Le Borgne
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Evolution de l'épidémie de Covid-19 en France à l'automne 2021. (JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)

Comme à l'automne 2020, une nouvelle vague épidémique se dessine en France depuis le milieu du mois d'octobre. Du fait de la vaccination, celle-ci n'évolue cependant pas exactement comme l'an dernier.

"La cinquième vague est là depuis la mi-octobre", a affirmé le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, mercredi 17 novembre sur France Inter. Après la décrue amorcée à la fin de l'été, les contaminations et hospitalisations sont reparties à la hausse, tandis que la courbe des décès frémit.

Cette reprise épidémique affiche un air de déjà-vu : à l'automne 2020, le pays était confronté à sa deuxième vague de Covid-19. Si la saisonnalité semble jouer un rôle important, d'autres facteurs, comme la vaccination, permettent de différencier clairement les deux épisodes automnaux. Infographies à l'appui, franceinfo analyse les principales différences entre ces deux vagues et dresse un état des lieux du rebond épidémique actuel.

A quel rythme progresse l'épidémie, comparé à la vague de l'automne 2020 ?

Le taux d'incidence, c'est-à-dire le nombre de contaminations pour 100 000 habitants en une semaine, a dépassé le seuil de 100, mardi. En 2020, ce taux symbolique avait été dépassé le 14 septembre, mais les contaminations avaient réellement explosé en octobre, menant à un confinement à partir du 30 octobre. Cette année, le taux d'incidence n'explose pas, mais sa progression soutenue suffit à inquiéter les autorités.

Renaud Piarroux, épidémiologiste et chef de service à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, identifie trois principales causes à cette reprise. "Il y a des facteurs saisonniers, liés notamment à la baisse des températures ; le relâchement des mesures barrières, dont les gens ont marre ; et une diminution de la protection par la vaccination."

Ce qui change par rapport à la vague de l'automne 2020, ce sont les vaccins, qui réduisent le risque de développer des formes graves. On peut l'observer en comparant les nouvelles hospitalisations de patients porteurs du Covid-19 entre les deux périodes. Les deux vagues paraissent similaires en termes d'incidence, mais la progression des hospitalisations en 2021 est plus lente. Un constat à affiner dans les prochains jours, au vu de la récente aggravation des chiffres : la courbe frôle le seuil des 500 nouvelles hospitalisations par jour, au 16 novembre. Cela, alors que les hôpitaux sont déjà affectés par d'autres pathologies saisonnières, dont une épidémie de bronchiolite.

Du côté des décès à l'hôpital liés au Covid-19, ceux-ci frémissent à peine. Etant donné le décalage entre une contamination, une hospitalisation et un décès potentiel, il semble trop tôt pour comparer la vague actuelle avec celle de l'automne 2020 sur cet indicateur.

Le déremboursement des tests perturbe-t-il le suivi de cette nouvelle vague ?

Différence notable concernant ce rebond de l'automne 2021 : la politique de tests n'est plus la même. Depuis le 15 octobre, les tests de dépistage du Covid-19 ne sont plus remboursés dans un certain nombre de situations. Si vous n'êtes pas vacciné, ne disposez pas de prescription médicale, ou n'êtes pas cas contact, vous devez régler entre 22 et 44 euros, selon le test réalisé. En réduisant la possibilité de faire des "tests de confort", le gouvernement souhaitait alléger la facture et inciter les derniers Français à se faire vacciner.

Résultat, le nombre de tests a chuté. D'environ 440 000 prélèvements réalisés chaque jour autour du 10 octobre, on est passé à environ 300 000 par jour fin octobre.

Le thermomètre a donc changé, brouillant un peu le suivi de l'épidémie. C'est ce que craignait le Conseil scientifique dans un avis rendu le 5 octobre : "Une certaine forme de difficulté d'interprétation des données épidémiologiques pourrait être majorée dès mi-octobre par la réduction du nombre de tests de réalisés en raison de leur déremboursement".

Les tests restant gratuits dans de nombreux cas, la réduction du nombre de prélèvements a surtout concerné les personnes non vaccinées et non symptomatiques, et est resté constant pour les autres personnes, davantage susceptibles de recevoir un résultat positif. Ce qui n'empêche pas une légère sous-évaluation du taux d'incidence, puisqu'une partie des tests de confort pouvait tout de même permettre de détecter des personnes positives. "On ne sait pas exactement ce qu'on est en train de louper", concède Renaud Piarroux.

Par ailleurs, l'objectif d'inciter à la vaccination en rendant payants les "tests de conforts" ne semble pas vraiment atteint, si l'on en croit la courbe des primo-injections, qui n'a pas connu de rebond depuis la deuxième moitié d'octobre. Alors que 10% des Français de plus de 18 ans n'ont encore reçu aucune dose, on injecte à peine plus de 17 000 premières doses par jour, contre plus de 350 000 au plus fort de la campagne, début août.

Pourquoi la vaccination devient-elle d'autant plus stratégique ?

Les personnes qui n'ont encore reçu aucune dose sont plus nombreuses, en proportion de leur effectif total, à passer les portes des hôpitaux en raison du Covid-19, que les personnes totalement vaccinées. Le graphique suivant montre bien à quel point les personnes non vaccinées étaient déjà davantage touchées lors de la quatrième vague. Au 31 octobre (date pour laquelle on dispose des derniers chiffres), on comptait 11,74 nouvelles hospitalisations pour un million de personnes non vaccinées, contre 1,69 pour un million de personnes vaccinées.

C'est aussi une course contre la montre qui a commencé concernant les injections de doses de rappel. De récentes études ont confirmé la baisse de protection de la vaccination après plusieurs mois. "Même si l'immunité est bonne à un moment, elle peut s'éroder", résume Renaud Piarroux. Le ministère de la Santé a insisté mardi : "La priorité absolue est la primovaccination des personnes les plus âgées qui ne sont pas encore vaccinées, mais aussi l'accélération de la campagne de rappel." Le temps presse : les personnes plus âgées ou atteintes de comorbidités sont à la fois les plus fragiles, et celles qui ont reçu leurs premières doses il y a plus longtemps.

Plus de 4,6 millions de doses de rappel ont été injectées jusque-là, et le ministère s'est dit confiant face au nombre de réservations faites pour les prochaines semaines, et face aux stocks de vaccins. Il prévoit de nouvelles campagnes de communication pour accélérer les rappels, ouverts aux plus de 65 ans et aux personnes atteintes de comorbidités.

"On ne fait pas assez d'effort pour administrer les doses de rappel, estime toutefois Renaud Piarroux. C'est perçu comme 'faites-la si vous voulez', mais il va falloir réfléchir à une troisième dose pour tous." Les injections de doses "booster" pour les plus de 50 ans, devraient commencer début décembre. "L'enjeu, c'est de voir dans quelle situation on va se trouver avant les vacances de Noël. Si on maîtrise la transmission, ça sera plus facile. Si ça dérape comme en Allemagne, ça va nous tomber dessus au plus mauvais moment."

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