Covid-19 : quatre questions sur le couvre-feu mis en place en Guyane
Nouvelles restrictions ciblées, voire couvre-feu local, le chef de l'Etat doit encore trancher entre les différentes options qui ont été examinées mardi matin au cours d'un conseil de défense sanitaire à l'Elysée. En Guyane, le couvre-feu est déjà une réalité.
Va-t-il y avoir un couvre-feu à Paris et dans les grandes villes françaises ? C'est l'une des pistes envisagées par le gouvernement pour lutter contre le coronavirus et éviter un reconfinement général. L'exécutif étudiait cette option mardi 13 octobre lors du Conseil de défense sanitaire à l’Elysée. Verdict mercredi soir à 20h lors de la prise de parole d'Emmanuel Macron à la télévision. Un couvre-feu qui ne serait pas une première en France cette année. Ce dispositif est déjà une réalité en Guyane notamment.
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Quand le couvre-feu a-t-il été décidé ?
Depuis le 25 mars, la Guyane connaît un couvre-feu dont les modalités ont évolué au cours des mois. Ce couvre-feu était au départ très strict, et s'inscrivait dans le cadre de "mesures de freinage". Il a depuis été progressivement assoupli et, depuis le 25 septembre, l'interdiction de déplacement s'étend désormais de 23h à 5h du lundi au dimanche. Le couvre-feu du week-end a été levé et cinq communes, les moins touchées par le virus, sont mêmes exemptées de toute restriction de circulation.
Le couvre-feu avait été renforcé en juin dans les groupes de communes où la circulation du virus était la plus active, avec une interdiction de sortir en semaine de 17h à 5h du matin, y compris pour faire ses courses ou faire du sport. Pas de sortie non plus le dimanche, un jour traditionnellement réservé aux réunions de famille : le couvre-feu démarrait dès 19h le samedi, jusqu'au lundi 5h. Et dès 17h le samedi pour les groupes de communes les plus touchées.
La mesure a-t-elle été efficace ?
La mesure est très bien respectée par les Guyanais. C'est ce qui a permis de diminuer le nombre de contaminations. Clara de Bort, directrice de l'Agence régionale de santé (ARS) de Guyane, ne regrette pas du tout cette décision : "On s’attendait à avoir fin juin 70 patients atteints du Covid-19 en réanimation. Pour la Guyane, c’est beaucoup. On était en gros dans la même situation qu’actuellement en métropole. Et du fait du couvre-feu, nous avons bénéficié d’une réduction de moitié du pic d’hospitalisations en réanimation."
Le couvre-feu a réduit immédiatement d’un tiers la circulation du virus et ça a eu un effet immédiat, c’est-à-dire que le jour même du couvre-feu vous commencez à être efficace. Vous arrêtez tout de suite la circulation du virus et donc la part de gens qui vont tomber malades.
Clara de Bort, directrice de l'ARS de Guyaneà franceinfo
La Guyane a donc enregistré moins de cas de Covid-19 grâce à ce couvre-feu mais aussi grâce aux frontières toujours fermées avec les voisins du Brésil et du Suriname. Lundi, seulement 10 nouveaux cas positifs ont été détectés sur les 300 000 habitants de Guyane.
Pourquoi le couvre-feu est-il toujours en place ?
Malgré ces bonnes nouvelles, pas question pour le préfet Marc del Grande de supprimer ce couvre-feu : "Cela nous rend beaucoup de services. Cela évite des contacts sociaux quelques fois alcoolisés ou la possibilité de cluster. Nous avons encore des patients hospitalisés Covid, nous avons encore des patients en réanimation. Lorsque j’entends que le virus risque de rester actif sur la planète jusqu’au milieu de l’année prochaine, il ne serait pas responsable de ne pas le maintenir."
Autre avantage du couvre-feu : moins d'accidents de la route et donc plus de places dans les services de réanimation.
Quelles conséquences dans la vie de tous les jours ?
Il est toujours possible de se déplacer pour aller au travail en journée, ou le soir avec un justificatif. Mais ce qui est compliqué, c'est la vie sociale, qui se retrouve forcément réduite. Et cela pèse sur le moral, comme l'explique Ainrico, 21 ans. Il travaille dans un collège au sud de Cayenne : "Je trouve le couvre-feu plus compliqué que le confinement, tout simplement parce que pendant le confinement, on était tout le temps à la maison, donc ça allait. Mais quand on travaille en milieu scolaire, on est tout le temps en alerte et sur le qui-vive, donc on est tout le temps stressé. Et ça tape au niveau du moral."
On n'a plus beaucoup de motivation ni beaucoup d’envie. De ne pas pouvoir libérer ce stress, c’est pire au final.
Ainrico, Guyannais
La Guyane n'a pas été le seul territoire à vivre sous couvre-feu. C'était aussi le cas dans certaines villes françaises, comme à Amiens, Nancy, ou encore Mulhouse par exemple. Mais c'était dans le cadre très particulier du confinement.
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