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Infographies Covid-19 : dans les écoles, de plus en plus de fermetures de classes et des contaminations sous-estimées

Article rédigé par Brice Le Borgne, Mathieu Lehot-Couette
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un enfant dans une classe, dans la région de Nantes. (MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS / AFP)

Depuis plus de trois semaines, le nombre de classes et d'écoles fermées ne cesse de croître. Alors qu'un nouveau protocole sanitaire a été publié, la situation semble de plus en plus tendue.

La situation des écoles face au Covid-19 sera-t-elle tenable encore longtemps ? Alors que le gouvernement reste catégoriquement opposé à la fermeture généralisée des écoles, le nombre de classes fermées ne cesse de croître, tout comme les contaminations des enfants. Les chiffres publiés par le ministère de l’Education nationale témoignent d’une nette accélération ces dernières semaines. Et la situation pourrait en réalité être bien pire, affirment les syndicats enseignants, qui pointent du doigt les grands écarts entre les chiffres de leur ministère de tutelle et ceux des autorités sanitaires.

D'après les derniers chiffres publiés par l'Education nationale, le nombre de classes fermées bondit littéralement d'une semaine à l'autre. Vendredi 26 mars, le ministère en dénombrait 3 256, soit 1 238 de plus qu'une semaine avant et une hausse de plus de 60%. L'académie de Créteil, dont dépendent les départements de Seine-Saint-Denis, de Seine-et-Marne et du Val-de-Marne, est de loin la plus touchée, avec 536 fermetures. Et l'académie de Lyon enregistre la plus forte hausse, avec 177 classes fermées contre 24 la semaine précédente, soit une augmentation de près de 640%.

Cette dynamique pourrait continuer de s'accélérer dans les prochains jours, à la faveur des nouvelles mesures annoncées le 26 mars par le ministère de l'Education nationale. Désormais, dans les 19 départements sous "mesures de freinage fortes", les classes doivent être fermées dès le premier cas de Covid-19 découvert. De quoi faire grimper le nombre de fermetures de classes, qui devrait être connu en fin de semaine.

La liste du nombre d'établissements entièrement fermés pourrait elle aussi s'allonger. Vendredi, le ministère en dénombrait 148, contre 80 une semaine auparavant, soit une hausse de 85%. Ces fermetures concernent jusqu'à présent surtout les écoles (116). Dans le secondaire, seuls 22 collèges et 10 lycées étaient à l'arrêt le 26 mars.

Mais pour les syndicats, ces chiffres officiels seraient très éloignés de la réalité. "Certains établissements sont déclarés comme ouverts alors qu'ils fonctionnent sans enseignants", affirme Guislaine David, porte-parole du Snuipp, le syndicat majoritaire des professeurs des écoles. Les enseignants pointent aussi du doigt le nombre de contaminations rapporté par le ministère de l'Education nationale, qui est très en deçà des résultats publiés par les autorités sanitaires.

Ainsi, le 26 mars, l'Education nationale comptait 21 183 cas positifs parmi les élèves de la maternelle au lycée, sur une semaine, alors que Santé publique France, l'organisme chargé de la surveillance de l'épidémie, déclare plus de 57 000 nouvelles contaminations pour les moins de 20 ans. Dont plus de 80% ont moins de 18 ans, d'après le bulletin épidémiologique du 25 mars.

En réalité, les chiffres publiés par l'Education nationale sont basés sur du déclaratif. "Le ministère ne recense que le nombre de cas rapportés par les parents aux directions des établissements scolaires. Sauf que rien n'oblige les familles à déclarer que leurs enfants sont contaminés", explique Guislaine David. Un vrai problème pour les syndicats, qui affirment qu'un grand nombre de parents n'alertent pas les écoles en cas de test positif. "Il arrive régulièrement que des enfants racontent à leur professeur que papa et maman sont malades. Ils ont le Covid", assure Guislaine David. Les chefs d'établissement n'ont pas non plus de droit de regard sur les résultats des tests réalisés dans les écoles. "Là encore, seuls les parents y ont accès et ils n'ont pas l'obligation d'informer les directions en cas de test positif", précise la responsable syndicale.

Guislaine David dénonce une situation de plus en plus intenable. "Les écoles fonctionnent aujourd'hui en mode dégradé. De plus en plus d'enseignants sont déclarés cas contacts et ne sont pas remplacés. Résultat, on a des classes surchargées dans lesquelles les enfants sont massés. Tout le contraire de ce que nous demande le protocole sanitaire. Ce n'est plus possible de fonctionner comme ça."

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