Suspension du salaire des non-vaccinés : "Le code du travail n'est pas adapté à ce genre de situation", selon un représentant des cafés et brasseries
Marcel Benezet, un des responsables du Groupement national des indépendants, s'est aussi dit "un peu déçu" concernant le pass sanitaire pour les terrasses.
"Le code du travail n'est pas adapté à ce genre de situations", s'est inquiété lundi 26 juillet sur franceinfo Marcel Benezet, le président de la branche des cafés, des bars et des brasseries au Groupement national des indépendants, après l'adoption par le Parlement du projet de loi relatif à la gestion de la crise sanitaire. Le refus de se faire vacciner ne va plus constituer un motif de licenciement pour notamment les salariés de la restauration mais pourra en revanche donner lieu à une suspension du contrat de travail et du salaire. "Juridiquement, comment on fait ?", a-t-il demandé.
franceinfo : Dans le projet de loi adopté par le Parlement, le refus de l'obligation vaccinale de certaines professions pourra donner lieu à une suspension du contrat de travail et donc du salaire. Comment allez-vous faire pour appliquer cela ?
Marcel Benezet : Nous allons l'appliquer parce qu'on n'aura pas le choix. Mais nous sommes déjà en pénurie de salariés. Nous avons obtenu jusqu'au 30 août, mais juridiquement, comment on fait ? Qui va payer le salarié pendant deux mois ? Aujourd'hui, le code du travail n'est pas adapté pour ce genre de situations. Nous allons rentrer dans des complications et des procédures peut-être prudhommales à la rentrée de septembre, octobre. Je suis inquiet par rapport à cela. Nous avons un rendez-vous prévu avec la ministre du Travail Elisabeth Borne qui doit clarifier la situation pour les chefs d'entreprise. Nous ne voulons pas de sanctions : ce n'est pas de notre fait si nos salariés ne veulent pas se faire vacciner, nous n'y sommes pour rien. Nous les encourageons. Nous demandons à tous nos salariés de se faire vacciner mais on ne peut pas les obliger.
Le Parlement a étendu le pass sanitaire à vos établissements aussi bien à l'intérieur qu'en terrasse. Vous n'avez donc pas obtenu gain de cause.
Je suis un peu déçu, j'avais l'espoir qu'on ne soit pas obligés de demander le pass pour les terrasses. On va être obligés de s'organiser et ce sera dommageable. Il y aura une baisse de la clientèle. Beaucoup de gens ne vont pas aller au restaurant. Beaucoup de restaurateurs sont très inquiets déjà. On sort d'une situation très compliquée depuis un an maintenant. Mais bien sûr nous préférons le pass sanitaire plutôt que de fermer nos établissements. Ça aurait pu être le cas.
Vos clients vous ont-ils dit qu'ils ne viendraient plus s'ils devaient présenter le pass sanitaire ?
Oui, on a des clients qui viennent en ce moment et qui nous disent que peut-être ils ne viendront pas au mois d'août. Je pense qu'on aura une baisse de clientèle. Sur Paris, ça va être terrible. C'est déjà une ville sinistrée, on demande d'ailleurs des aides complémentaires. Il n'y a pas de touristes, 3 hôtels sur 10 sont ouverts. La situation est dramatique. Nous sommes très inquiets. En province ce sera beaucoup plus facile mais il faut du personnel supplémentaire.
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