Cet article date de plus de trois ans.

Réanimation saturée, personnel épuisé en raison du Covid : "Les infirmières, dans mon hôpital, travaillent sur leurs jours de repos", déplore un chef du service

Déprogrammer les opérations, transférer les patients... C'est de la "gestion de crise". "Or, on est aujourd'hui dans une situation qui dure depuis plusieurs semaines, avec un épuisement progressif des structures hospitalières", constate le Dr Charles Cerf.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Hôpital Foch de Suresnes. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

"Les infirmières, dans mon hôpital, travaillent sur leurs jours de repos", a expliqué samedi 13 mars le docteur Charles Cerf, chef du service réanimation à l’Hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine). La situation dans les hôpitaux d’Île-de-France devient très préoccupante. Les services de réanimation commencent a être au maximum de leur capacité. Les premières évacuations de malades du Covid-19 débutent ce week-end. "La Seine-et-Marne ou le Val-de-Marne sont déjà en grande difficulté", précise-t-il.

>> Suivez en direct les dernières informations sur l'épidémie de Covid-19.

franceinfo : Quelle est la situation dans votre hôpital ?

Dr Charles CerfLa situation dans notre hôpital, comme dans la plupart des hôpitaux d'Île-de-France, est très tendue. Une augmentation incessante depuis plusieurs semaines nous a amenés à restructurer les services, augmenter les lits disponibles pour accepter les patients souffrant d'une infection Covid-19 tout en continuant à prendre en charge un flux très important habituel des patients qui n'ont pas d'infections Covid-19, avec des équipes qui sont épuisées, des effectifs qui sont limités et de grosses difficultés d'organisation, avec maintenant, dans la plupart des réanimations, un taux de saturation qui est entre 70 et 100% pour certaines d'entre elles, avec certains secteurs, en particulier la Seine-et-Marne, par exemple, ou le Val-de-Marne, qui sont déjà en grande difficulté.

Quand vont débuter les évacuations de certains patients dans d’autres hôpitaux ?

Elles vont s'organiser à partir de ce week-end et surtout la semaine prochaine. C'est une organisation qui, effectivement, peut aider à débloquer ponctuellement quelques situations difficiles, mais qui, si la situation ne s'améliore pas, pourrait rester insuffisante. La déprogrammation d’opérations a déjà commencé. On est dans la plupart des hôpitaux entre 25 et 30%, voire maintenant 40%. C'était la directive de l’Agence Régionale de la Santé depuis cette semaine. Cette déprogrammation est un moyen de faire à une crise, mais ça n'est pas une solution en soi. Quand on déprogramme, on arrête de prendre en charge les flux de patients non Covid-19, cela pose des problèmes très importants, des choix très difficiles à faire. La déprogrammation, c'est la gestion d'une crise. Or, on est aujourd'hui dans une situation qui dure depuis plusieurs semaines, avec un épuisement progressif des structures hospitalières.

Dans quel état est le personnel hospitalier ?

On en est à une situation qui est très difficile. Le personnel hospitalier, comme l'ensemble de la population a une vie, entre guillemets, anormale depuis maintenant plusieurs mois et est confronté à une charge de travail très élevée, avec des incertitudes, des réorganisations permanentes. Aujourd'hui, les infirmières, par exemple dans mon hôpital, travaillent sur leurs jours de repos. Donc l'épuisement est là. Et avec une incertitude sur des courbes de modèles épidémiologiques qui font craindre une augmentation encore importante et on ne voit pas pour l'instant un fléchissement. Le vaccin est probablement, la solution. Il faut prendre le temps de le mettre en place. Il faut le temps d'avoir une couverture immunitaire suffisamment importante pour que ce soit efficace.

"Aujourd'hui, mi-mars, ce n'est pas le vaccin qui va freiner la situation."

Dr Charles Cerf, chef du service réanimation à l’Hôpital Foch de Suresnes

à franceinfo

On est déjà dans une situation difficile. Donc, bien sûr, il faut continuer les efforts sur la vaccination. Il n'y a aucun doute sur ce point. C'est probablement cela qui nous fera sortir de cette situation très difficile depuis un an. Mais aujourd'hui, au 15 mars, ça n'est pas la solution. Quant à l'arrêt des campagnes de vaccination par le vaccin AstraZeneca, très clairement, sur le plan scientifique et médical, il n'y a aucune raison d'arrêter la vaccination comme cela a été fait.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.