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Covid-19 : comment le gouvernement a fait évoluer son plan de vaccination face aux critiques

En quelques jours, plusieurs corrections importantes ont été apportées au plan initial de vaccination, présenté début décembre, par le gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
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Une dose du vaccin Pfizer-BioNtech (PASCAL GUYOT / AFP)

Flexibilité ou improvisation ? Mardi 5 janvier, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé de nouvelles modifications du plan de vaccination contre le virus du Covid-19 en France afin d'accélérer le nombre de doses administrées. 

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Une dernière salve d'ajustements qui intervient après plusieurs corrections en quelques jours seulement. La raison ? Un démarrage très poussif des vaccinations en France qui a attisé les critiques de toutes parts. Franceinfo revient sur les différentes révisions de ce plan.

Le 3 décembre : présentation du plan de vaccination

Un plan en trois parties. Le 3 décembre 2020, Jean Castex, accompagné d'une brochette de ministres, présente officiellement le plan de vaccination de la France, conformément aux recommandations de la Haute Autorité de santé. "Tout le monde ne pourra pas se faire vacciner immédiatement", lance le Premier ministre en préambule. En effet, plusieurs publics cibles ont été déterminés et seront prioritaires. Un calendrier en trois phases est alors présenté par l'exécutif. 

Les différentes phases du plan de vaccination en France, au 3 décembre 2020. (MINISTERE DE LA SANTE)

La phase 1, de début janvier à février. Lors de cette première phase, "nous proposerons la vaccination aux personnes âgées hébergées en établissement, notamment dans les Ehpad, mais également aux professionnels de santé à risque exerçant dans ces établissements", explique le ministre de la Santé, Olivier Véran. Cela correspond à environ un million de personnes vaccinées. 

La phase 2, entre février et mars. "Nous pourrons passer à la vaccination des publics prioritaires suivants : les personnes âgées de 75 ans et plus, puis les personnes âgées de 65 ans et plus, puis les professionnels de santé et médico-sociaux âgés de plus de 50 ans ou vulnérables de par leur comorbidité", précise Olivier Véran. Cela correspond à environ 14 millions de personnes vaccinées. 

La phase 3, à partir du printemps. Il s'agit du démarrage de "la campagne grand public", selon le ministre de la Santé. D'abord, "les personnes âgées de 50 à 64 ans", puis "les professionnels des secteurs essentiels au fonctionnement du pays en période épidémique", "les personnes vulnérables et précaires", les personnes qui vivent dans des hébergements confinés", et enfin "les personnes majeures", conclut-il.

Le 16 décembre : les premières vaccinations avancées à la fin du mois

Les premières doses de vaccin arrivent plus tôt que prévu en France. Le 16 décembre, Jean Castex dévoile le plan de l'exécutif à l'Assemblée nationale. L'occasion d'un premier ajustement : désormais, la campagne de vaccination débutera, "si toutes les conditions sont réunies", "dès la dernière semaine du mois de décembre, avant de monter en puissance dès le mois de janvier", annonce le chef du gouvernement face aux députés. En France, le premier vaccin est effectivement injecté le 27 décembre.

Le 31 décembre : la phase 2 du plan de vaccination débutera "avant le début février"

Dès la première vaccination effectuée, des doutes apparaissent. Et l'opposition commence à critiquer la majorité. "L’Allemagne est déjà à plus de 42 000 vaccinés, le Royaume-Uni à 900 000 et la France à moins de 200 ! Après les masques, les tests et l’isolement, un nouvel échec serait terrible", prévient le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, le 30 décembre. Le lendemain, c'est l'Académie nationale de médecine qui demande au gouvernement d'accélérer la vaccination.

Le gouvernement réagit en avançant la phase 2 du plan. "Avant le début février, de premiers centres de vaccination ouvriront en ville, pour commencer à vacciner les personnes âgées de 75 ans et plus, puis les 65 ans et plus", indique le ministre de la Santé, Olivier Véran, le 31 décembre 2020 sur Twitter. Ces personnes devaient, initialement, être vaccinées entre février et mars.

Cette accélération du calendrier est annoncée quelques heures seulement avant les voeux d'Emmanuel Macron aux Français. A cette occasion, le président de la République semble, lui aussi, répondre directement aux critiques qui commencent à poindre au sujet d'une lenteur bureaucratique française. "Je ne laisserai pas, pour de mauvaises raisons, une lenteur injustifiée s’installer", prévient Emmanuel Macron. 

Le 2 janvier : tous les soignants de plus de 50 ans peuvent se faire vacciner "sans délai"

Près d'une semaine après la première vaccination, et alors que la France atteint à peine les 500 vaccinations (contre 250 000 en Allemagne), les critiques se font cette fois entendre en plus en plus fort. "J'ai honte pour mon pays, on a perdu du temps", dénonce Jérôme Marty, médecin généraliste. Au sein même de l'exécutif, la colère monte. Selon les informations du Journal du Dimanche, Emmanuel Macron a tapé du poing sur la table en privé : "Ça doit changer vite et fort et ça va changer vite et fort."

Dans ce contexte, le ministre de la Santé veut que tous les professionnels de santé soient protégés au plus vite. "J'ai demandé aux hôpitaux d'ouvrir sans délai la vaccination aux professionnels de santé libéraux (de plus de) 50 ans", tweete Olivier Véran, le 2 janvier. Seuls les professionnels de santé des établissements comme les Ehpad étaient concernés dans le plan d'origine.

"Dès ce week-end, nous commençons à vacciner des soignants de plus de 50 ans, ce qui était prévu initialement pour février", promet le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, dans une interview au Parisien, le 2 janvier.

Le 5 janvier : toutes les personnes de plus de 75 ans, les pompiers et les aides à domiciles finalement concernés

La colère ne faiblit pas en France, alors que nos voisins européens affichent des dizaines, voire des centaines de milliers de vaccinations, quand la France les compte en centaines... "On est face à un scandale d'Etat", juge même Jean Rottner, le président de la région Grand Est, particulièrement touchée par l'épidémie. "Il faut absolument changer de braquet", affirme même la présidente du comité scientifique vaccin Covid-19, Marie-Paule Kieny, le 4 janvier.

Mardi 5 janvier, un nouveau coup d'accélérateur est finalement annoncé au lendemain d'une réunion de suivi de la vaccination à l'Elysée. Invité sur RTL, le ministre de la Santé annonce que de nouvelles catégories de la population pourront se faire vacciner plus tôt que prévu. Ainsi, tous les Français de plus de 75 ans pourront être vaccinés avant fin janvier, même si ils ne sont pas résidents d'un Ehpad, a promis Olivier Véran.

En plus de ce changement majeur par rapport au plan initial, la vaccination est désormais élargie aux pompiers et aides à domicile de 50 ans et plus. "Ce sont aussi des professionnels qui sont au contact de personnes fragiles et qui peuvent être amenés à travailler auprès de malades", justifie le ministre de la Santé.

Enfin, Olivier Véran veut aussi mettre un coup d'accélérateur pour la campagne de vaccination "grand public". Ainsi, le ministre de la Santé a d'ores et déjà annoncé la possibilité d'"une inscription" pour les Français qui "souhaitent se faire vacciner". Sans pour autant donner de date à laquelle cela sera effectivement possible.

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