Covid-19 : "Mieux vaut bien vacciner les gens plutôt que de rester avec une population mal vaccinée", affirme un épidémiologiste
Cela pourrait renforcer les risques d'infection chez les patients fragiles en attente d'une seconde dose, estime le Professeur Buisson, président de la cellule Covid-19 de l’Académie nationale de médecine, qui salue le maintien du "délai entre deux injections à 21 ou 28 jours" du vaccin Pfizer/BioNTech.
Invité de franceinfo mardi 26 janvier, le Professeur Yves Buisson, épidémiologiste, président de la cellule Covid-19 de l’Académie nationale de médecine, affirme être "rassuré" par le maintien d'un délai de trois à quatre semaines entre les deux doses de l'injection du vaccin Pfizer-BioNtech.
>> Suivez les dernières informations sur la pandémie de coronavirus dans notre direct.
Même si l'épidémiologiste dit comprendre l'option de décaler l'injection d'une seconde dose, amenée par "la pression des évènements, de façon à primo-vacciner un plus grand nombre de personnes", en France, "nous avons choisi de vacciner d'abord les personnes les plus âgées, les plus à risques. Il importait dès lors de leur appliquer le protocole fixé, c'est-à-dire trois semaines ou quatre semaines entre les deux doses", précise Yves Buisson.
Selon le président de la cellule Covid-19 de l’Académie nationale de médecine, cet écart entre les deux injections pourrait allonger les délais de la campagne de vaccination : "Comme cela a été dit, on pourrait vacciner d'emblée 700 000 personnes de plus. Cet avantage va disparaître lorsqu'il faudra, même avec retard, administrer la seconde dose. Ce qui fait qu'au bout de trois mois de campagne de vaccination, on se retrouve au même point. Donc mieux vaut avoir bien vacciné les gens que l'on vaccine plutôt que rester avec une population mal vaccinée ou insuffisamment vaccinée", car cela pourrait renforcer les risques d'infection chez les patients fragiles en attente d'une seconde dose, estime le Professeur Buisson.
Sanofi va aider Pfizer-BioNTech à conditionner son vaccin
Alors que plus d'un million de Français ont reçu le vaccin de Pfizer-BioNtech, on apprend dans Le Figaro que Sanofi va fournir 100 millions de doses de ce vaccin mis au point par Pfizer-BioNtech d'ici à la fin de l'année, en utilisant son usine de Francfort (Allemagne).
Une bonne nouvelle pour Yves Buisson. "Cette campagne de vaccination démarre avec deux vaccins qui sont très efficaces, juge-t-il. J'espère que les autres seront aussi efficaces. Mais la difficulté que nous rencontrons partout, c'est le manque de vaccins parce qu'on commence la production. Et lorsqu'on aura une production qui sera beaucoup plus importante, on pourra plus facilement réaliser la couverture vaccinale qui nous permettra de contrôler cette épidémie", conclut l'épidémiologiste.
Le Professeur Buisson s'est ensuite exprimé sur les objectifs de la campagne de vaccination, alors que le ministre de la Santé Olivier Véran espère vacciner "70 millions de Français" d'ici la fin de l'été 2021. "Ce n'est pas un objectif réalisable parce que ce n'est pas un objectif réaliste. D'abord, nous ne sommes pas 70 millions de Français, détaille l'épidémiologiste. Et en plus, on ne va pas vacciner les enfants. L'objectif, c'est de vacciner les personnes de plus de 16 ans et d'obtenir dans cette population adulte une couverture vaccinale de 70 %. Donc cela représente entre 35 et 40 millions de personnes, ce qui est un objectif beaucoup plus réaliste."
"On peut éviter un nouveau confinement"
Interrogé sur la possibilité d'un reconfinement, Yves Buisson pense "qu'on peut éviter un nouveau confinement" : "Bien sûr, ça aura une efficacité, mais il faudra bien l'arrêter au bout de quelques semaines et on se retrouvera dans une situation qui sera comparable à celle que nous avons déjà vécue."
"On verra remonter la circulation du virus, explique l'épidémiologiste. Donc, il vaut mieux maintenir en permanence des mesures collectives efficaces, et j'espère que le couvre-feu sera efficace, plutôt que de reconfiner pendant plusieurs semaines, remettre le pays à l'arrêt, ce qui aurait des conséquences économiques, sociales tout à fait catastrophiques", conclut le président de la cellule Covid-19 de l’Académie nationale de médecine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.