Hausse des hospitalisations en réanimation : "Tant qu'on ne sera pas plus vacciné, on ne s'en sortira pas", alerte l'anesthésiste Jean-Michel Constantin
Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur à La Pitié Salpêtrière, secrétaire général de la Société française d’anesthésie et de réanimation, attire l'attention sur l'épuisement des équipes de soignants.
"Le problème actuel est un problème de vaccination et tant qu'on ne sera pas plus vacciné, on ne s'en sortira pas", a alerté mercredi 15 décembre sur franceinfo Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur à La Pitié Salpêtrière, secrétaire général de la Société française d’anesthésie et de réanimation, alors que le gouvernement a estimé que le nombre de patients Covid hospitalisés en réanimation devrait atteindre les 4 000 "autour des fêtes".
"Si on dit qu'il y a six millions de personnes qui ne sont pas vaccinées à l'heure actuelle en France et si on prend la fourchette basse, c'est-à-dire que deux pour cent d'entre eux vont faire une forme sévère qui va les conduire à l'hôpital, on a un réservoir de 120 000 patients qui seront à prendre en charge", explique Jean-Michel Constantin. Il souligne que "tous les patients Covid" qui vont être admis "en service de réanimation, ce sera aux dépens d'autres patients. Ce ne sont pas des places vides qu'ils prennent. On ne peut pas faire différemment".
"La mise en danger du système de santé est clairement identifiée à l'heure actuelle : 80% des malades en réanimation sont des patients non vaccinés."
Jean-Michel Constantinà franceinfo
Malgré tout, Jean-Michel Constantin pense que "l'hôpital va tenir parce que l'hôpital tient en dépit de toutes ces difficultés". Mais il estime que "plus ça va, plus ça sera dur". Dans cette période de fêtes, "il y a des activités non urgentes qui sont annulées pour que les équipes puissent prendre des congés. Donc, la plasticité du système qui nous a permis de tenir sur les quatre premières vagues sera nécessairement un peu moins importante". Mais il note que "le début de cette cinquième vague est marqué par un taux d'admission en réanimation qui est beaucoup plus important que d'habitude".
Il espère néanmoins qu'avec "l'effet crainte" du virus, "il y ait une remise de pression sur les gestes barrières qui fasse que l'on ait un peu moins de formes graves de la part des personnes à risque particulièrement. C'est le côté un peu optimiste". Il insiste tout de même sur la nécessité de "travailler sur les modèles les pires pour éviter d'être submergés".
Jean-Michel Constantin attire enfin l'attention sur "les équipes" de soignants qui "sont épuisées". Il lui semble "inconcevable de supprimer les vacances des équipes" : "Ce ne sont pas des machines. Cela fait bientôt deux ans qu'ils sont au front. Si on ne les laisse pas souffler un peu, ils vont être épuisés, ils vont démissionner, ils vont partir, ils vont s'arrêter. Là, on rentre dans une zone qui va être compliquée."
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