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Covid-19 : pourquoi le gouvernement entend assouplir les règles d'isolement avec le variant Omicron

Alors que les 100 000 contaminations quotidiennes devraient être dépassées entre Noël et Nouvel An, la durée de la période d'isolement en cas de contact avec une personne infectée est jugée trop longue.

Article rédigé par Antoine Comte
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le ministre de la Santé Olivier Véran à Paris, le 23 décembre 2021. (ELIOT BLONDET / POOL)

Revoir les règles d'isolement pour éviter la paralysie du pays. Olivier Véran a invité le Conseil scientifique sur le Covid-19 à des dispositions plus adaptées à la propagation rapide du variant Omicron. Jeudi 23 décembre, alors que la France avait recensé plus de 90 000 nouveaux cas, le ministre de Santé a révélé que "les règles d'isolement évolueront probablement". Et d'ajouter : "Même si je ne peux pas encore donner le nombre de jours d'isolement, ça va évoluer évidemment." 

Face à la propagation du variant Omicron, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, avait alerté sur "une possible désorganisation sociétale de la société, à partir de début janvier, quand nous aurons de très, très nombreuses contaminations". Le professeur craint en effet que la multiplication des cas de Covid-19 entraîne une multiplication des arrêts maladie et donc de l'absentéisme au travail.

Alors que le gouvernement estime que les 100 000 contaminations quotidiennes seront dépassées entre Noël et le jour de l'an, la durée de la période d'isolement en cas de contact avec une personne infectée est jugée trop longue.

Les arrêts de travail multipliés par sept

Depuis le 13 décembre, cette durée est en effet passée à 17 jours pour ceux qui se trouvent dans le même foyer qu'une personne positive au variant Omicron. Elle est également passée à 7 jours pour les cas contact qui vivent seuls. Et ce, même si l'intéressé est vacciné et a réalisé un test négatif. Enfin, pour les cas positifs à ce variant, dix jours d'isolement ont été requis par le gouvernement.

L'épidémiologiste Antoine Flahault a ainsi alerté sur Twitter : "Cette disposition risque de mettre le pays à genoux. Sachant qu'en moyenne une personne contamine plus de 10 personnes, avec 100 000 cas par jour, c'est un million de cas contacts en quarantaine 7 à 17 jours." Selon lui, si ces règles d'isolement étaient maintenues par le gouvernement début janvier, "le pays sera paralysé".

"En 7 jours, tout le pays sera en quarantaine. Qui a pu concevoir pareille disposition ? Isoler 5 jours les positifs est utile, isoler les cas contacts avec Omicron est un vœu pieux."

Antoine Flahault, épidémiologiste

sur Twitter 

Entre le 1er novembre et la mi-décembre, le nombre d'arrêts de travail dérogatoires pour les personnes devant s'isoler a été multiplié par plus de 7, passant de 5 763 à 42 541. De nombreux secteurs essentiels pourraient subir un coup d'arrêt si les règles d'isolement ne devaient pas évoluer à la rentrée.

La main d'œuvre pourrait venir à manquer

Une situation délicate que confirme Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment : "C'était déjà tendu avant cette nouvelle vague. Là, les cas contact et les cas positifs font que l'on perd de la main d'œuvre et il va devenir compliqué de fournir de l'activité", assure-t-il sur franceinfo.

Parmi les secteurs les plus touchés, ceux en contact direct avec le public comme les hôpitaux, les supermarchés, les écoles, mais aussi les transports en commun où le personnel commence cruellement à manquer. Déjà touchée par la cinquième vague, la SNCF a déjà dû annuler des trains régionaux mais le phénomène reste pour l'instant "local et marginal", selon la direction.

C'est pourquoi la ministre du Travail Elisabeth Borne a demandé aux entreprises de "renforcer" le recours au télétravail à partir de la rentrée. Mais selon une enquête du cabinet Harris, 44% des actifs en emploi affirment qu'il leur est impossible de travailler à distance.

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