"Ici, Alpine c'est un mythe, une légende" : à Dieppe, les salariés de Renault inquiets face à l'avenir en suspens de leur usine
Dans le plan de restructuration présenté par Renault, "une réflexion sur la reconversion de l'usine" est annoncée pour le site de Dieppe, avec une possible fin de fabrication du modèle de sport emblématique de la marque, l'Alpine.
"Ce qui est sûr c'est qu'on va continuer à produire. Après, la question qu'on se pose, c'est pendant combien de temps", résume Dominique Séraphin, élu CFDT et secrétaire du CSE d'Alpine, sur le site Renault de Dieppe (Seine-Maritime). Il réagit au plan d'économies annoncé vendredi 29 mai par le groupe automobile, destiné à lui faire économiser deux milliards d'euros sur trois ans, avec 15 000 suppressions de postes dans le monde, dont près de 4 600 en France. Renault souffrait de surcapacités de production au niveau mondial et a été encore affaibli par la crise liée à l'épidémie de coronavirus.
"Le simple fait qu'on puisse se poser la question de fermeture de cette usine, c'est déjà quelque chose de catastrophique pour les salariés d'ici", estime Dominique Séraphin. À l'heure actuelle, les emplois du site de Dieppe ne sont pas directement menacés, mais cette situation est conditionnée par l'avenir de l'Alpine, le modèle de sport de la marque, construit ici depuis 1955.
Les salariés savent désormais que l'avenir de leur usine est en sursis. "C'est une catastrophe aussi pour le tissu d'emploi local, c'est une catastrophe pour la ville de Dieppe, pour sa région. Ici, Alpine c'est un mythe, une légende", conclut le délégué CFDT.
Alpine, c'est quelque chose qui a été créé de toute pièce par un passionné. On n'arrête pas des légendes.
Dominique Séraphin, élu CFDT chez Renaultà franceinfo
Au-delà de l'aspect économique qui plonge 385 salariés dans l'incertitude, il y a également une véritable fierté à fabriquer cette voiture d'exception. "C'est une fierté parce qu'on en parle dans les journaux, raconte Yannick Nicolleau, chef de projet peinture. "Je pense que chaque salarié se dit : 'la voiture qui est dans le journal, c'est une partie de moi. C'est une partie du travail que je fais tous les jours à l'usine. Je ne me lève pas pour rien tous les matins'."
Yannick Nicolleau a quitté la région parisienne il y a cinq ans, justement pour participer à la renaissance de la marque. C'est un passionné, il s'est d'ailleurs acheté la nouvelle Alpine. "Que pèse Alpine chez Renault ? C'est une goutte d'eau économiquement. Mais symboliquement et pour l'image de marque, c'est extrêmement fort. C'est pour ça que vraiment, on ne veut pas y croire."
Cela serait dommage pour Renault de se débarrasser de ce joyau, parce que ça a vraiment une très forte valeur ajoutée pour le groupe.
Yannick Nicolleau, chef de projet peinture chez Renaultà franceinfo
Les salariés ne veulent pas croire à la fermeture de l'usine, à l'arrêt de cette marque. Mais sa survie dépend désormais des choix stratégiques de Renault, qui pourrait décider de passer sa voiture de sport du thermique à l'électrique.
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