"J'ai dû faire six pharmacies avant de trouver" : à Marseille, le manque de médicaments exaspère patients et pharmaciens

Comment améliorer l’accès aux médicaments pour les patients ? Une question qui se pose alors que le nombre de signalements pour rupture ou risque de rupture de médicaments est en forte hausse. Illustration à Marseille.
Article rédigé par franceinfo - Yvan Plantey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des tiroirs vides de médicaments en rupture de stock dans une pharmacie, le 19 octobre 2023. Photo d'illustration. (JEAN FRANCOIS OTTONELLO / MAXPPP)

Les rayons sont pleins dans une pharmacie du 2e arrondissement à Marseille, mais c'est une autre histoire quand on s'avance dans la réserve. "Il n'y a qu'une boîte dans l'étagère des antibiotiques", expose Caroline. Cette situation dure depuis un an au moins, explique la pharmacienne. Le gouvernement a publié "sa feuille de route" alors que 5 000 signalements de rupture ou de risque de rupture de médicaments ont été effectués en 2023, un chiffre en hausse de 31% par rapport à l'année précédente.

L'objectif pour le gouvernement est d'anticiper les ruptures et de mieux communiquer aux patients et pharmaciens qui, de concert, réclament des réponses concrètes de la part de l'exécutif.  En plus de 30 ans d'activité, Caroline n'a jamais vu cela. Elle estime qu'il lui manque 40% de ses produits. "Il y a une ordonnance qui arrive, j'ai des vapeurs parce que je sais que je ne vais pas pouvoir l'honorer. Je suis certaine qu'il aura au moins un ou deux produits que je n'aurais pas", raconte la pharmacienne marseillaise.

"On n'a pas que ça à faire"

Une pénurie qui concerne même les ordonnances où il n'y a qu'un médicament. "Ça m'est arrivé récemment d'avoir une prescription d'antibiotiques et effectivement de faire cinq ou six pharmacies avant de trouver, explique Agnès. À chaque fois, ils m'ont dit qu'il y en avait certainement quelque part, que ce n'était pas en rupture." Cela est arrivé aussi à Jacqueline, qui déplore un manque d'informations : "On demande à la pharmacie et ils nous disent : 'Ah mais je ne sais pas où c'est que vous voulez aller pour le trouver.' On n'a pas que ça à faire." 

Des pharmaciens, comme Caroline, doivent ruser pour être approvisionnés. "Le grossiste arrive à avoir dix boîtes d'antibiotiques et si on est 20 pharmacies à les vouloir, il faut bien qu'ils choisissent. Parfois, je harcèle tous les quarts d'heure, je tente de commander et parfois j'y arrive. Mais ce n'est pas beau de faire ça, j'ai honte de dire ça." Une charge de travail qui représente, en moyenne, douze heures de travail en plus pour les pharmaciens d'après une étude de leur syndicat national.

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