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Dépendance des personnes âgées : "C'est illusoire de dire qu'on va créer une cinquième branche de la Sécurité sociale sans cotisation", estime Françoise Forette

"Le vrai traitement de la dépendance, c'est la prévention", estime sur franceinfo mercredi 16 septembre la professeure émérite de médecine interne gériatrique et présidente du comité stratégique de l'International Longevity Center, Françoise Forette.

Article rédigé par franceinfo
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Une dame âgée et dépendante est assistée d'une femme pour faire une promenade. (VANESSA MEYER / MAXPPP)

Le gouvernement propose de créer une cinquième branche de la Sécurité sociale pour prendre en charge la dépendance des personnes les plus âgées, mais il se demande toujours comment la financer. Un rapport a été remis mardi 15 septembre au gouvernement proposant plusieurs pistes mais la professeure émérite de médecine interne gériatrique et présidente du comité stratégique de l'International Longevity Center, Françoise Forette, estime mercredi 16 septembre sur franceinfo que "c'est illusoire de dire qu'on va créer une cinquième branche de la Sécurité sociale sans cotisation".

franceinfo : Dans son rapport, Laurent Vachey propose de supprimer des "niches fiscales et sociales" et de créer de nouveaux "prélèvements obligatoires". Ces mesures vont-elles créer le débat ?

Françoise Forette : Je pense que tout ce qui est proposé par Laurent Vachey n'est pas populaire et certaines mesures me paraissent tout à fait dangereuses. Par exemple, baisser le plafond du crédit d'impôt pour les aides à domicile chez les personnes qui ne seraient pas dépendantes, mais c'est justement ça qu'il ne faut pas faire puisque pour garder les personnes autonomes, il faut pouvoir les aider à domicile. Donc si les personnes ne peuvent plus être aidées à domicile, il y a un risque de verser vers la dépendance. Le vrai traitement de la dépendance, c'est la prévention. La prévention, c'est opérationnel, mais c'est relativement lent. Mais je crois que c'est illusoire de dire qu'on va créer une cinquième branche de la Sécurité sociale sans cotisation. Il faut que ce soit une cotisation exactement la même que celle que nous payons pour l'Assurance maladie, les retraites, car ça assurera un financement pérenne qui ne sera pas précaire, fait de bric et de broc ou remis en cause chaque année.

À quoi cette cotisation devrait ressembler, selon vous ?

Il faut que ce soit solidaire, exactement comme l'Assurance maladie. On a une merveilleuse Assurance maladie. On a une merveilleuse Sécurité sociale. Si on crée une cinquième branche, il faut que ce soit à l'intérieur du même système, mais géré probablement, non pas par la grande caisse de la Sécurité sociale où on trouve souvent la main baladeuse de l'État, mais probablement par une caisse indépendante comme la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie. L'intérêt d'une cotisation, c'est le profil démographique de la dépendance. Très peu de personnes en pourcentage sont dépendantes, ce sont 8% de la population de plus de 60 ans. Si on fait cotiser tout le monde comme on cotise pour l'Assurance maladie, il y aurait 2,6% de bénéficiaires pour 100% de cotisants, ce qui fait que les cotisations seraient très faibles, de l'ordre d'un euro par jour, à moduler bien évidemment en fonction des revenus. (…) Si l'ensemble de la population en âge de cotiser cotise un euro par jour, ça amène à peu près 16 milliards euros à la collectivité et le système est pérenne jusqu'en 2060. En 2060, il faudra probablement imaginer d'autres systèmes mais la condition médicale des personnes en 2060 sera probablement très différente de ce qu'elle est maintenant.

Mais le gouvernement peut-il créer une nouvelle cotisation alors qu'il a assuré aux Français qu'ils ne paieraient pas d'impôt supplémentaire ?

C'est une question de courage politique. Je comprends tout à fait les différents gouvernements. Cette cotisation a été étudiée depuis très, très longtemps. En 2011, en particulier. Les gouvernements ont peur d'annoncer une cotisation supplémentaire. Mais moi, je pense que la question devrait être posée aux Français. Est-ce que vous acceptez ou non de payer une cotisation et vous êtes sûr que, si votre dépendance survient, elle sera prise en charge avec une prise en charge de qualité ? Si les Français disent non, tant pis. À chacun de prendre ses responsabilités. Il faut décider aujourd'hui. Et l'intérêt d'une cotisation telle qu'on peut l'imaginer, c'est que demain les personnes peuvent être prises en charge. Il n'y a pas une grande période où on dit que ce sera à partir de 2024 qu'on pourra commencer à y voir clair. Non, c'est demain. Je pense qu'il faudrait que ce soit étudié.

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