Soumission chimique : la mission gouvernementale doit "faire de la pédagogie à grande échelle", estime une association d'aide aux victimes

Invitée mercredi sur franceinfo, la présidente de l'association "MendorsPas" assure que la mission gouvernementale de lutte contre la soumission chimique "va balayer tout le spectre des personnes qui ont un rôle à jouer dans la prise en charge de ces victimes".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Caroline Darian raconte dans un livre comment son père a drogué sa mère pour la violer et la livrer à d'autres hommes. Avril 2022. (MARGAUX STIVE / RADIO FRANCE)

"La prévention, la sensibilisation que l'on doit faire à très large échelle et de façon massive, c'est de faire de la pédagogie" sur la soumission chimique, a affirmé, mercredi 6 mars, sur franceinfo Caroline Darian, présidente de l’association "MendorsPas" dédiée à la lutte contre la soumission chimique, alors qu'une mission gouvernementale a été confiée à une députée MoDem, Sandrine Josso, elle-même victime de soumission chimique. La députée avait porté plainte contre Joël Guerriau, sénateur Horizons, qu'elle accuse de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement.

Caroline Darian, dont la mère a été droguée pendant des années par son époux qui la livrait à des inconnus, assure que la mission "va balayer de façon assez large tout le spectre des personnes qui ont un rôle à jouer essentiel dans l'accompagnement et la prise en charge de ces victimes". La présidente de "MendorsPas", qui travaillera avec Sandrine Josso, appelle à "prendre au sérieux" la parole des victimes notamment "dans les commissariats, qui sont les premiers à recevoir" ces personnes.

Franceinfo : Quel est l'objectif de la mission gouvernementale ?

Caroline Darian : L'objectif de cette mission, c'est d'aller écouter des victimes, rencontrer des victimes, rencontrer aussi des professionnels de santé qui jouent un rôle essentiel dans l'identification et l'accompagnement des victimes, mais aussi des personnes issues du monde judiciaire, des avocats, des référents dans les commissariats. Cela va vraiment être une mission qui va balayer de façon assez large tout le spectre des personnes qui ont un rôle à jouer essentiel dans l'accompagnement et la prise en charge de ces victimes. Aujourd'hui, là où le bât blesse, c'est véritablement en matière d'identification et surtout de prise en charge psychologique et médicale. 

Quelle est l'étendue de la soumission chimique ?

Dans l'inconscient collectif, on pense que la soumission chimique se restreint à l'utilisation de drogues comme le GHB, qui est la drogue du violeur dont on entend beaucoup parler, ou les ecstasys ou la MDMA. Mais en réalité, ce ne sont pas les cas les plus représentatifs des cas de soumissions chimiques en France. Dans la majorité des cas, on retrouve des molécules comme des anxiolytiques, des somnifères, des médicaments qui sont détournés de leurs propriétés de base pour sédater les personnes, les endormir et, pour les agresseurs, pouvoir arriver à leurs fins. Dans la majorité des cas de soumission chimique, on ne parle pas d'extorsion de fonds, même si ça existe, car il y a de l'abus de conscience. Mais c'est surtout à des fins d'agressions sexuelles.

Comment faire de la prévention ?

Tous les cas ne se ressemblent pas. L'association reçoit beaucoup de témoignages où il y a des victimes qui ont des réminiscences, qui ont des souvenirs, des flashes. Toutes les victimes ne vivent pas dans un trou noir. Et quand on dit qu'il faut qu'on améliore la prise en charge, c'est aussi qu'on arrive à déculpabiliser ces femmes-là qui n'ont souvent pas le courage d'aller déposer plainte. Et ça passe par là. Aujourd'hui, les victimes de soumission chimique qui veulent investiguer, qui veulent comprendre des incohérences de comportement, des choses qui leur ont échappé, si elles ne vont pas déposer plainte, elles ne sont pas prises en charge sur le plan médical, ou du moins elles ne sont pas relayées vers les bonnes structures pour faire les analyses toxicologiques qui sont fondamentales dans le cas d'une poursuite judiciaire. Donc déjà, ne pas déposer plainte, c'est un vrai sujet. Aujourd'hui, toute la communication, la prévention, la sensibilisation que l'on doit faire à très large échelle et de façon massive, c'est de faire de la pédagogie sur le sujet. Ça concerne aussi les personnes qui œuvrent dans les commissariats, qui sont les premiers à recevoir la parole de ces victimes qu'il faut prendre vraiment au sérieux.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.