Fortes chaleurs : six heures de course en plein soleil pour une dizaine de volontaires, pour étudier la résistance de notre organisme
Courir pendant six heures sous le soleil, cela ne vous donne probablement pas envie. C'est pourtant ce qu'ont enduré 11 athlètes, jeudi 20 juillet, au Centre national des sports de la défense, à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Il n'y a pas de médaille pour eux à la clef, mais ils apportent une aide précieuse aux scientifiques de l'Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA). Ces chercheurs conduisent une étude pour évaluer l'impact de la chaleur sur l'organisme.
Le décor est un peu répétitif : une boucle d'un kilomètre avec un ravitaillement entre chaque tour. "Par exemple, Vincent, qui arrive, nous a demandé de la pastèque et de l'eau gazeuse. Pour l'étude, on note tout ce qu'ils ingèrent, le liquide et le solide. On pèse les quantités et en parallèle, on prend leur temps pour voir s'ils arrivent à garder leur allure pendant toute l'épreuve", décrit l'une des organisatrices de l'expérience.
Rien n'est laissé au hasard. Ces données seront ensuite analysées par les scientifiques de l'IRBA. Leur mission est de comprendre comment le corps humain s'adapte face à des températures extrêmes. Des conditions météorologiques sont reproduites en forêt de Fontainebleau, selon le médecin-chef Pierre-Emmanuel : "Ce n'est pas le Sahara, mais cela correspond néanmoins à des températures auxquelles on est de plus en plus confrontés avec le réchauffement climatique. Aujourd'hui, ils courent sur une piste en bitume. Donc il fait autour de 25°C dehors, mais le rayonnement atteint les 40°C à certains endroits".
À l'arrivée, après six heures d'effort et près de 70 kilomètres parcourus, c'est le coup de chaud pour certains athlètes, obligés de s'allonger, une serviette mouillée sur le front. Le médecin-chef Cyprien observe la scène : "Ils ont une sensation de tête qui tourne, de vertiges. Là, il faut les laisser se reposer tranquillement, puis ils finiront les tests et on fera un petit passage à la piscine !'
Tests sanguins et caméras thermiques
Nils fait partie des participants à cette expérience. Sa spécialité, c'est le trail, les courses de longues distances : "Plus de dix heures de course, en montagne. Ça monte, ça descend, les rythmes sont variés et on s'arrête aux ravitaillements pour manger. Aujourd'hui c'était six heures avec pour seules pauses, les pesées. Sinon, on a couru tout le temps. C'est un effort très différent de ce que j'ai l'habitude de faire".
À peine le temps de souffler qu'il faut enchaîner les tests : prise de sang et caméras thermiques. De son côté, Audrey, championne de France du 100 kilomètres, termine le test cognitif : "Sur un ordinateur, on nous demande notre ressenti. Comment on se sent au niveau thermique, est-ce qu'on arrive à sentir notre fréquence cardiaque, quelles sont nos envies alimentaires..."
Pour les médecins de l'armée, ces informations permettront éventuellement d'adapter les rations militaires pour les soldats en opération extérieure ou de prévenir les pathologies liées à la chaleur.
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