RoboCup 2015 : premier match pour les "Bleus" ce dimanche en Chine
Ils sont hauts comme trois pommes, ont les pieds carrés, sont en aluminium et vont défendre les couleurs de la France en Chine du 19 au 23 juillet. Mais c'est de participants un peu particuliers dont il est question aujourd’hui, car ils ne sont pas humains. En effet, ce dimanche débute à Hefei, dans l'ouest de la Chine, la Coupe du monde de robotique. Fabrice Jumel, maître de conférence à CPE Lyon, une école d’ingénieur en chimie physique et électronique, a assisté à la dernière édition de la compétition et confie à Mélanie Delauney ce qu'il faut savoir pour comprendre cette Coupe du monde insolite.
A quoi ressemblent les robots qui participent à la Coupe du monde de robotique ? Globalement, il y a trois tailles de robots. Tout d'abord les petits, qui vont faire à peu près 20 cm, "il faut imaginer des petites boites de conserves qui se déplacent très rapidement et qui jouent avec des petites balles ", explique Fabrice Jumel. Ensuite, il existe des ligues avec des robots un petit peu plus grands, de l’ordre de 70 cm. "Ces robots là, vont commencer à se déplacer avec des déplacements de type humanoïde, c’est-à-dire être capable de marcher ". C'est le cas du petit robot Nao par exemple, de l'entreprise française Aldebaran.
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Enfin, il existe la ligue medium size avec des robots d'environ 1.5 mètre. "Il faut imaginer des robots qui ont l’air tout droit sortis de La Guerre des Etoiles, qui sont capables de jouer avec des vrais ballons de foot, qui sont capable de faire des dribbles (…) de tourner sur eux-mêmes, de faire des passes, et de faire des tirs d’assez grande précision au niveau de cage de but qui sont un peu plus petites que des cages de hand(ball) ", décrit Fabrice Jumel .
Ce sont ces mêmes robots qui sont utilisés lors de la "RoboCup Soccer", la Coupe du monde de football robotique, une des compétitions de ce rendez-vous annuel. Pas de Benzema, Valbuena ou Ribéry à Hefei. Les stars qui composent l'équipe tricolore sont baptisées "Chewbacca", "Mowgli", "Django" ou encore les nouvelles recrues "Olive" et "Tom". Sortis tout droit du Laboratoire bordelais de recherche en informatique (Labri), ces joueurs de 90 centimètres de haut, dotés de capteurs de pressions sous la plante des pieds, affronteront l'Indonésie, la Corée du Sud et le Mexique sur un terrain en herbe synthétique de trois centimètres de hauteur. Et comme pour le "vrai" football, l'entraînement, c'est la clef.
Entrainement intensif des joueurs pour appréhender le terrain chinois :) #RoboCup2015 pic.twitter.com/Xxy9LiozZ3
— Rhoban (@RhobanRobots) July 18, 2015
L'année dernière, l'équipe bordelaise RHOBAN était arrivée jusqu'en quart de finales au Brésil, et ce, sans aucune intervention humaine. Tout du moins pendant le match. Effectivement, il faut savoir que ces robots ne sont pas téléguidés. "Ils sont complètement autonomes, ils ont une vision du jeu qui leur est donnée par un certain nombre de caméras, placées au-dessus des terrains ", détaille Fabrice Jumel. Premier match pour les Bleus ce dimanche à 12h, et pour ceux qui voudraient suivre les résultats en direct, c'est par ici. Si un live vidéo des différents matchs ne semble pas prévu par les organisateurs, vous pouvez toujours regarder cette petite démonstration de l'équipe de France lors des qualifications 2015.
Quand on regarde la vidéo ci-dessus, comme d'autres disponibles sur Internet, on peut avoir l’impression que les joueurs piétinent et qu’ils ne sont pas très adroits mais depuis la première édition qui date de 1995, les progrès technologiques ont été considérables, et d'après Fabrice Jumel, "on peut vraiment espérer avoir des robots capables de jouer contre une équipe humaine de grande qualité d’ici 2050 ". Une idée ambitieuse qui est d'ailleurs l'objectif premier de la compétition. Derrière cet aspect insolite et ludique du football avec des robots, la Coupe du monde de robotique revêt également un aspect plus pratique qui illustre les avancées des recherches en intelligence artificielle.
On peut notamment parler d'une autre compétition, moins célèbre, intitulée "@ Work " des robots qui travaillaient. "L’idée était d’imaginer l’usine du futur dans laquelle des robots sont capables de manière autonome de trouver des pièces et d’être capables de les transporter d’un point à un autre, dans une environnement qui leur est globalement inconnu ", décrypte le responsable de la spécialisation "robotique" à la CPE Lyon. Concrètement, cela a permis selon le spécialiste à faire émerger une nouvelle branche de la technologie : la cobotique. C'est-à-dire, "de mélanger le côté humain et le côté robot dans des environnements de travail ". Il faut également noter l'existence d'une compétition dédiée au "sauvetage ", avec "des robots qui vont être capable d’apporter du service en particulier à des personnes âgées ou à des personnes handicapées à leur domicile ".
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La prochaine étape ? Alors que tout le monde parle à l'heure actuelle de la voiture connectée et autonome, elle est déjà pour beaucoup d'experts une affaire qui roule. Selon Fabrice Jumel, le prochain défi technologique de la robotique "c’est le robot compagnon, celui qui est capable d’aider la personne handicapée à domicile, de l’aider à trouver les objets dont il a besoin dans son quotidien, à faire le ménage et à l’aider en respectant sa vie privée et en apportant juste le minimum d’aide dont elle a besoin pour continuer à être autonome ".
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