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"On n'a pas fini d'entendre parler de Michel Neyret"

Le journaliste Richard Schittly, qui a consacré un livre à l'affaire, réagit pour francetv info après la condamnation de l'ancien policier à deux ans et demi de prison ferme, mardi. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon Michel Neyret au tribunal correctionnel de Paris, le 23 mai 2016.  (MAXPPP)

Il s'est dit "soulagé" à l'issue du jugement. Michel Neyret a été condamné à deux ans et demi de prison ferme pour "trafic d'influence et corruption" par le tribunal correctionnel de Paris, mardi 5 juillet. L'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, qui a déjà effectué huit mois de détention provisoire, ne retournera pas en prison car sa peine est aménageable. Il a d'ores et déjà annoncé qu'il ne ferait pas appel. 

Le journaliste du Progrès Richard Schittly, qui a consacré un livre à l'affaire (Commissaire Neyret, chute d'une star de l'antigang, aux Editions Tallandier) réagit auprès de francetv info après cette décision de justice, qui vient clore un dossier retentissant. 

Francetv info : Que pensez-vous du jugement qui a été rendu ? 

Richard Schittly : Il a reconnu que la relation entre Michel Neyret et Gilles Bénichou, figure du milieu lyonnais, était au cœur de l'affaire. C'est d'ailleurs le corrupteur principal de cette affaire qui écope de la peine la plus lourde [cinq ans de prison ferme avec mandat d'arrêt]. Mais le tribunal a aussi insisté sur la corruption de Michel Neyret en soulignant que, malgré une carrière exceptionnelle, il avait perdu toute limite. 

Michel Neyret ne retournera pas derrière les barreaux... 

La prison était en effet sa grande crainte. Le fait que la peine soit aménageable est un résultat plutôt positif pour Michel Neyret et sa défense. Ses avocats avaient de quoi redouter qu'il soit condamné à une peine plus lourde, il encourait dix ans de prison pour huit délits. On observe d'ailleurs un décalage entre les attendus du jugement et la peine elle-même. 

Pourquoi ce décalage, selon vous ? 

Le tribunal a tenu à faire passer un message. Même si le quantum de la peine est moins élevé qu'il n'aurait pu l'être, le jugement se veut exemplaire. Il dit en substance que ces hauts fonctionnaires n'ont pas le droit à de telles faiblesses et que leur passé glorieux ne les exonère pas de leurs responsabilités, au contraire. En revanche, le message adressé au juge d'instruction est assez cinglant. Faute de preuves, le tribunal a prononcé quatre relaxes [pour deux policiers, l'avocat David Metaxas et Cyril Astruc] dans les volets "détournement de stupéfiants et recel de violation du secret de l'instruction". Cela fait beaucoup dans un dossier aussi médiatique et tonitruant. 

Comment avez-vous trouvé Michel Neyret pendant ce procès ? 

J'ai vu quelqu'un qui essayait de donner le change, de faire face. Il s'est montré assez à l'aise pour parler des pratiques policières dans le volet "détournement de stupéfiants" pour rémunérer des indics. Il retrouvait ses réflexes d'enquêteur qui venait témoigner à la barre des assises de Lyon. J'ai vu un énorme contraste avec le volet "corruption", qui révélait une faille terrible. Là, sa personne était en cause et il était dans l'incapacité d'expliquer son propre comportement. Il était comme paralysé, tétanisé à la barre. Et le fait de reconnaître qu'il s'était fait abuser par des voyous pour la première fois de sa carrière a été difficile. Il était dans la position d'un homme dépassé et emporté par sa dérive. 

Va-t-on continuer à parler de Michel Neyet après ce procès ?

On n'a pas fini d'entendre parler de Michel Neyret. Un livre est annoncé pour la rentrée. Un film verra peut-être le jour. Je pense qu'il va surfer encore sur son aura. Après le jugement, il n'a d'ailleurs pas hésité à donner ses conseils à la police, estimant qu'elle devait être "guidée par la passion en ces temps de terrorisme"

Au-delà de Michel Neyret, ce jugement peut-il avoir une influence sur les relations entre policiers et indics ? 

Michel Neyret n'était pas encore jugé qu'éclatait le scandale à l'Ocrtis (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants). Les relations flics-voyous, c'est un éternel recommencement, une zone à risques permanente. L'affaire Neyret, ce n'est pas la fin des ennuis dans ce domaine. 

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