Agents publics agressés : "Elargir la protection fonctionnelle" est "une bonne chose, mais il faut s'occuper des causes", souligne la CGT Pôle emploi

La déléguée syndicale reproche au gouvernement d'avoir durci les règles d'indemnisation chômage, et renforcé le contrôle des demandeurs d'emploi, ce qui augmenterait l'agressivité des inscrits.
Article rédigé par franceinfo
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Les incivilités et les agressions envers les agents de Pôle emploi ont augmenté de 40% entre 2019 et 2022, selon l'établissement. (NATACHA KADUR / FRANCE BLEU LORRAINE NORD)

"Elargir la protection fonctionnelle" contre les incivilités et les agressions envers les agents au contact du public, "est une bonne chose, mais il faut s'occuper des causes", a déclaré lundi 18 septembre sur franceinfo Sylvie Espagnolle, déléguée syndicale centrale CGT Pôle emploi. À Pôle emploi, les incivilités et les agressions ont augmenté de 40% entre 2019 et 2022, selon le rapport annuel de l'administration. Le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guérini, a présenté un ensemble de mesures visant à mieux protéger les agents au contact du public.

franceinfo : Que pensez-vous de ce plan ?

Sylvie Espagnolle : Le ministre a fait ses annonces dans la presse sans aucune concertation avec les organisations syndicales. Donc, même sur la question de leur propre sécurité, ce gouvernement est incapable d'écouter les représentants syndicaux. Sur Pôle emploi, les agressions et incivilités ont augmenté. Ce que l'on voit très bien, c'est qu'en 2021, la première réforme de l'assurance-chômage a été mise en place. C'est cela qui a fait exploser le nombre d'agressions et d'incivilités, tout comme l'augmentation de 25% du contrôle de la recherche d'emploi, demandé par le gouvernement. Élargir la protection fonctionnelle, permettre à l'administration de porter plainte à la place des agents est une bonne chose, mais il faut s'occuper des causes. L'examen du projet de loi dit plein emploi qui commence aujourd'hui va amplifier la pression pour les inscrits, notamment les allocataires du RSA, et donc augmenter le risque d'agressions. C'est pour cela qu'à la CGT Pôle emploi, on appelle l'ensemble des agents à se mettre en grève le mardi 26 septembre contre le projet de loi France Travail. Et nous appelons l'ensemble des députés à voter contre.

>> France Travail : heures d'insertion hebdomadaires, inscription obligatoire à Pôle Emploi, voici ce qui risque de changer pour les allocataires du RSA

Quel est le problème ?

La politique du gouvernement ne combat pas le chômage mais les chômeurs. On le voit dans toutes les mesures qu'il prend. L'augmentation des contrôles et la baisse de l'indemnisation chômage sont à l'origine de cette montée de l'agressivité, tout comme l'organisation mise en place par la direction de Pôle emploi. On est de plus en plus dans le tout à distance. Les usagers doivent contacter Pôle emploi par mail, par téléphone, et ils viennent de moins en moins en agence. 

Comment cela se passe-t-il si un demandeur d'emploi vient sans rendez-vous ?

Quand un demandeur d'emploi vient spontanément dans une agence, hors rendez-vous, c'est à plus de 80% pour une question d'indemnisation. La direction de Pôle emploi a baissé, en 2015, le nombre d'agents en charge de l'indemnisation. Aujourd'hui, il y a un tel manque d'agents que ces derniers ne sont plus à l'accueil. Donc, quand une personne vient parce qu'elle n'a pas touché ses allocations, ou autre, personne n'est en capacité de lui répondre. On la renvoie sur le téléphone, ou autre. C'est une véritable problématique. On ne peut pas dire à une personne, qui à la fin du mois ne pourra pas faire manger sa famille, téléphonez ou envoyez un mail. Ce type d'organisation provoque aussi la montée de l'agressivité.

Faut-il mettre des caméras ou des boutons d'alerte ?

Comment une caméra peut empêcher des agressions ou des incivilités ? Cela revient à considérer le demandeur d'emploi comme un danger pour les agents. Cela ne règle rien. Il y a nécessité, et c'est la responsabilité de l'administration et de la direction de Pôle emploi, de protéger ses agents, mais il faut aussi et avant tout s'attaquer aux causes et ne pas faire de l'usager un danger. Nous le refusons totalement.

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