"Nous espérons que l'antisémitisme cessera un jour" : des rescapées de la Shoah à la rencontre des jeunes pour éviter "que l'histoire bégaye"

Des jeunes de l'organisation scout Hashomer Hatzaïr ont rencontré cinq rescapées des camps de concentration, alors que les actes antisémites se multiplient depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Article rédigé par franceinfo
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Les rescapées de l'holocauste Ginette Kolinka (première à gauche), Rachel Jedinak (deuxième à gauche) et Régine Lippe (quatrième à gauche) lors d'une rencontre avec une vingtaine de jeunes au Mémorial de la Shoah à Paris le 18 novembre 2023. (BERTRAND GUAY / AFP)

Cinq rescapées des camps de concentration sont venues rencontrer une vingtaine de jeunes de l'organisation scout Hashomer Hatzaïr qui se définit comme "sioniste et de gauche" au Mémorial de la Shoah à Paris. Un symbole fort et l'occasion de faire passer un message alors que les actes et les propos antisémites sont en nette augmentation en France depuis l'attaque d'Israël par le Hamas du 7 octobre. Ne pas laisser l'histoire se répéter, c'est la volonté des participants à la cérémonie.

Quand Ginette Kolinka, 98 ans, rescapée de Birkenau, arrive au Mémorial de la Shoah, les jeunes s'écartent avec respect. L'un des organisateurs de la rencontre explique : "Aujourd'hui, nous avons réuni des anciennes déportées et des jeunes d'Hashomer Hatzaïr afin de montrer qu'il ne faut pas que l'histoire se répète, que l'histoire bégaye." 

Noa, 18 ans, et Elia, 17 ans, tiennent des pancartes avec des photos en noir et blanc. "Ici, on voit les tags de 2023 et là, les tags de 1940, explique Elia. Ils se ressemblent et ils nous montrent que l'antisémitisme, ce n'est jamais fini." Ginette Kolinka explique : "Quand il n'y aura plus aucun survivant, et malheureusement les plus jeunes ont 90, 92 ans, on compte sur tous ces jeunes qui nous ont entendus pour nous remplacer." Et la rescapée de Birkenau confie : "Moi je les admire, parce que quand j'avais leur âge, c'était la guerre et ce n'est pas pour ça que je me faisais du souci. Alors qu'eux s'intéressent à des choses comme ça, bravo."

"On n'a pas à avoir peur, c'est ce qu'ils veulent"

Devant ces images, Régine Lippe et Rachel Jédinak ont le regard inquiet. Elles ont échappé à la rafle du Vel d'Hiv en 1942. "Je ne pensais pas que des gosses de 12 ans chanteraient des chants nazis dans le métro, s'alarme Régine Lippe. C'est absolument épouvantable. Je ne comprends pas où on a péché, où on a mal fait." Rachel Jédinak ajoute : "Nous allons dans les écoles, collèges et lycées depuis tant d'années. Nous faisons ce travail comme nous le pouvons. Et nous espérons que l'antisémitisme cessera un jour." Et Ginette Kolinka reprend : "On n'a pas à avoir peur, c'est qu'ils veulent."

"De tout temps, les minorités ont été des victimes. On n'arrive pas à encaisser les gens qui ne sont pas comme nous."

Ginette Kolinka

à franceinfo

Ces mots touchent ces jeunes scouts, mais "en cours, quand on parle de ce qui s'est passé le 7 octobre, il y a des gens qui se retournent vers moi et qui me font des remarques qui sont clairement antisémites, qui me font des blagues aussi, du style : 'Ça gaze ?' Maintenant, j'ai peur de retourner au lycée, de devoir modifier mon nom sur les applications, devoir enlever la mézouzah de la porte de ma maison, devoir dire à mon grand-père d'enlever sa kippah ..." Une peur, conclut Elia avec ses mots, qui est triste et qui est grave.

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