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Pourquoi la suppression du changement d'heure a-t-elle pris autant de retard ?

Article rédigé par franceinfo
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Dimanche 31 octobre 2021, à 3 heures, nos horloges devront à nouveau reculer d'une heure. (CHRISTOPH SOEDER / DPA / AFP)

En septembre 2018, la Commission européenne avait proposé de mettre fin à l'heure d'hiver et à l'heure d'été dans l'UE.

Rebelote. Dimanche 31 octobre, à 3 heures du matin, il sera en fait 2 heures. Au réveil, il vous faudra donc régler vos montres et horloges (biologiques). S'il est synonyme d'une heure de sommeil en plus, ce passage à l'heure d'hiver s'avère aussi source d'interrogations pour les citoyens européens. Rappelez-vous : en septembre 2018, la Commission européenne proposait d'abolir le changement d'heure... en 2019.

Généralisé au sein de l'Union européenne en 1980 pour économiser de l'énergie (à l'époque souvent produite par le fioul) en bénéficiant d'une heure d'ensoleillement en plus, le changement d'heure va donc une nouvelle fois perturber vos habitudes. Que s'est-il passé pour que cette mesure soit ainsi repoussée ? Franceinfo revient en arrière.

Un plébiscite pour y mettre fin

Le premier report est intervenu en mars 2019, lorsque les eurodéputés ont choisi à une très large majorité de soutenir la proposition de directive de la Commission européenne, tout en laissant aux Etats membres deux ans pour s'organiser. A ce moment-là, le calendrier prévoyait que les pays souhaitant rester à l'heure d'été effectueraient le dernier changement d'heure le dernier dimanche de mars 2021, et que ceux préférant garder l'heure d'hiver pourraient remonteraient une dernière fois leurs horloges le dernier dimanche d'octobre 2021.

La France penchait alors pour la première option : une consultation en ligne organisée en 2019 par la commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale avait reçu plus de deux millions de réponses, massivement (83,74%) en faveur de la fin du changement d'heure. Plus de 60% des personnes ayant participé assuraient avoir eu "une expérience négative ou très négative". Quant à l'heure à laquelle rester toute l'année, c'est celle d'été qui a eu la préférence de 59% des participants.

Une mesure qui "n'est plus à l'ordre du jour"

La directive devait normalement être adoptée par le Conseil européen fin 2020, puis transposée par les États membres, mais le contexte diplomatique et sanitaire a brutalement relégué la question du changement d'heure en bas de la liste des priorités des Vingt-Sept, expliquait à franceinfo en mars dernier Sabine Thillaye, députée LREM d'Indre-et-Loire et présidente de la commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale.

La réforme est bloquée en raison du changement de priorités politiques : la crise sanitaire en cours bien sûr mais également le Brexit. Il faut se rappeler que la dernière fois que les ministres européens se sont réunis sur cette thématique, c'était le 2 décembre 2019.

Sabine Thillaye, présidente de la commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale

à franceinfo

D'après le site Vie-publique.fr, "ce texte sur la fin du changement d'heure n'est plus à l'ordre du jour et ne devrait pas être discuté dans un avenir proche".

Un hypothétique retour de ce dossier risque d'ailleurs d'être synonyme de discussions complexes pour les Vingt-Sept, qui veulent éviter qu'un "patchwork d'heures différentes" se mette en place sur le continent, selon l'eurodéputée suédoise Marita Ulvskog, qui présentait le texte au Parlement européen il y a deux ans et demi.

La situation pourrait en effet être particulièrement complexe pour les frontaliers. Imaginons par exemple que l'Allemagne choisisse de rester à l'heure d'hiver et que la France décide de passer définitivement à l'heure d'été : il serait 20 heures en France alors que chez nos voisins, pourtant situés à l'Est, il ne serait que 19 heures.

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