Éducation : le niveau des élèves français baisse mais il reste dans la moyenne mondiale, selon le classement Pisa
C'est la dégringolade générale. La très attendue enquête Pisa vient d'être dévoilée, mardi 5 décembre, par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle sonde tous les trois ans les performances des élèves en compréhension de l'écrit, en sciences, mais surtout en mathématiques cette année, et elle sert de référence aux gouvernements.
Et le verdict est sans appel : depuis la création de Pisa en 2000, on note une chute inédite avec le score moyen de tous les pays qui est donc en forte baisse sur un échantillon de 690 000 jeunes de 15 ans évalués dans 81 pays ou territoires. Depuis la dernière édition en 2018, la note en mathématiques baisse ainsi de 15 points pour atteindre 480 points cette année, en moyenne. Une chute historique puisque les écarts d'un cycle à l'autre atteignaient au pire quatre points jusqu'à présent. En France, le déclin est encore plus fort avec 19 points de moins en compréhension de l'écrit (474 points), et même moins 21 points en maths (474 points). Le test a été passé au printemps 2022 par 6 800 élèves en France, la plupart tirés au sort parmi des classes de seconde.
Les pays qui caracolent en tête dans cette discipline sont, comme d'habitude en Asie, avec Singapour, le Japon et la Corée. Les premiers en Europe sont l'Estonie, la Suisse et les Pays-Bas. En France, on est dans le tiers du milieu avec des niveaux équivalents aujourd'hui à ceux de l'Espagne, de la Hongrie ou de l'Allemagne qui elle chute de plus haut. La Norvège et la Finlande, des pays habitués à de bons classements, déclinent plus également. En fait, la France baisse beaucoup mais reste dans la moyenne de l'OCDE.
Le Covid a fait baisser le niveau
Quand on regarde en détail les résultats des jeunes Français, il s'avère qu'il y a beaucoup d'inégalités scolaires. Le milieu socio-économique des élèves prédit, plus que la moyenne, leurs performances. Les différences de résultats entre les jeunes favorisés et les jeunes défavorisés ne baissent toujours pas. Il y a aussi des disparités suivant le genre car les filles sont meilleures en compréhension de l'écrit tandis que les garçons sont plus forts en maths.
Pour expliquer cette baisse en France, l'OCDE présente plusieurs pistes. Il y a bien sûr le Covid et ses conséquences. Tous les pays évalués ont traversé cette même épidémie mais certains plus intensément que d'autres. Ce qui joue aussi, selon cette enquête, c'est le sentiment des élèves d'être accompagnés par leurs professeurs et la France est toujours l'un des pays où les jeunes disent percevoir le moins de soutien. 62% affirment par exemple que l'enseignant apporte de l'aide supplémentaire aux élèves qui en ont besoin, c'est huit points de moins que la moyenne et 22 points de moins que le Japon.
Les jeunes évoquent aussi un climat de discipline moins favorable aux apprentissages que dans la plupart des pays de l'OCDE. La moitié des élèves en France déclarent qu'il y a du bruit ou de l'agitation dans la plupart des cours, contre un tiers en moyenne. Le problème s'aggrave un peu par rapport à 2018 et reste "préoccupant" aux yeux de l'institution.
Le rapport évoque aussi les manques d'enseignants : il y a quatre ans, selon les chefs d'établissements, 17% des élèves ont pâti de la pénurie de profs. Cette fois, c'est 67%, soit la plus forte hausse de l'OCDE, et l'écart avec la moyenne internationale est énorme. Les parents ont aussi leur responsabilité, puisque leur implication est en baisse depuis quatre ans. Ils demandent, par exemple, moins souvent de rendez-vous avec leurs professeurs.
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