Conférence de presse d'Emmanuel Macron : "Affligeant de voir ce président qui disserte sur l'école du passé", taclent des profs

Depuis l'Elysée, le chef de l'Etat a mis l'accent sur la jeunesse et l'école pour "réarmer" le pays. Mais ces annonces n'ont pas convaincu les professionnels de l'Education nationale, déjà échaudés par les déclarations de la nouvelle ministre, Amélie Oudéa-Castéra.
Article rédigé par Farida Nouar
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président de la République, Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse à l'Elysée, à Paris, le 16 janvier 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Un "réarmement civique" promet Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat a multiplié les annonces mardi 16 janvier lors d'une conférence de presse face à 200 journalistes - et des millions de téléspectateurs - en direct de l'Elysée. Il a notamment insisté sur le concept de "réarmement", en insistant sur la jeunesse avec le retour de l'uniforme à l'école et la régulation des écrans.

Autant de propositions mises sur la table qui n'ont pas convaincu les professionnels de l'Education nationale, déjà échaudés par les déclarations de la nouvelle ministre, Amélie Oudéa-Castéra. Pour Raphaël, enseignant dans un collège à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, et syndicaliste SNESS- FSU, la déception a été rapide : "J'espérais qu'il nous annonce la démission de notre ministre parce qu'elle nous a scandalisés, nous, les profs, depuis quelques jours", tacle-t-il. 

La ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castéra "a eu un propos public qui a été maladroit" sur la scolarisation de ses enfants dans une école privée et "a eu raison de s'excuser", a estimé Emmanuel Macron, lors de la conférence de presse. Sur cette question brûlante, Emmanuel Macron a annoncé que son gouvernement allait "continuer à s'attaquer avec force" à ce "sujet du remplacement pour que tout élève ait bien un professeur pour chaque heure de cours qui est prévue", a-t-il affirmé.  
Pour lui, la ministre, en évoquant ces absences non remplacées, "a soulevé un sujet qui est un sujet véritable. Ce sera une des priorités à conduire dans le droit fil de ce que le Premier ministre avait encore à faire il y a quelques semaines", a-t-il ajouté.

"Un côté Troisième République"

Il dénonce également des mesures "artificielles", pas vraiment nouvelles et une vision passéiste de l'école. "L'enseignement obligatoire du théâtre, ça, je ne l'avais pas vu venir. Comme le changement de nom de l'EMC, l'éducation morale et civique, en instruction civique avec un renforcement qui a quelque chose d'un peu plus marqué traditionnel et un côté Troisième République. Sans oublier l'uniforme, c'est exactement ce qu'avait dit Gabriel Attali à l'époque. C'est beaucoup de symboliques", remarque-t-il. 

Un constat partagé par Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat SNES-FSU : "C'est assez affligeant, consternant, de voir ce président qui disserte sur l'école du passé, qui fait du recyclage mais qui ne prend absolument pas la mesure des enjeux de l'école d'aujourd'hui et de demain, alors qu'on est quasiment dans une situation d'effondrement de l'école publique", déplore-t-elle. 

Raphaël, l'enseignant dans un collège à Montreuil, regrette aussi qu'"Il n'y a eu aucune annonce de moyens. Et puis, la grosse interrogation que j'ai en ce moment, c'est cette réforme du collège unique, qu'a annoncé Gabriel Attal juste avant de partir du ministère de l'Education nationale, que je trouve extrêmement néfaste. Je n'ai pas entendu de confirmation ou de démenti sur le devenir de cette réforme. Bon, le théâtre c'est bien, mais ça ne remplace pas les postes, ça ne remplace pas une vraie politique d'éducation !", conclut-il.

"L'Éducation nationale n'est pas la priorité de ce président"

Selon Sophie Vénétitay, "Emmanuel Macron porte une lourde responsabilité dans cette situation" sur la difficulté de remplacer les professeurs absents. Selon elle, le chef de l'Etat "a surtout supprimé des moyens de remplacement", prenant pour exemple le cas de l'académie de Dijon où, affirme-t-elle, "entre 2021 et 2023 les moyens de remplacements pour les collèges et les lycées ont diminué de 32%". Quant au Pacte enseignant, "c'est un mensonge de dire que ça a permis de faire des remplacements", répond Sophie Vénétitay qui ajoute : "Ça n'a pas connu un grand succès".

Enfin, sur la question de la formation des enseignants, la secrétaire générale parle de "grand flou" qui montre que "l'Education nationale n'est pas la priorité de ce président" : "On entend tout et n'importe quoi sur la formation des enseignants, ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron parle d'une formation à la sortie du bac". Selon elle, "il faut se poser dans les discussions pour faire le bilan". "Emmanuel Macron cherche à occuper le terrain mais dans ses annonces il y a beaucoup de recyclage", conclut-elle.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.