Des parents d'élèves exaspérés dénoncent le non-remplacement de professeurs absents: "Ça crée des inégalités flagrantes"
À l'appel de la principale fédération de parents d'élèves, la FCPE, une cinquantaine de personnes se sont réunies devant le rectorat de l'académie de Versailles jeudi pour dénoncer le manque de professeurs dans les établissements scolaires.
"On fait le choix de l'école publique mais on voit des familles autour de nous qui partent dans les écoles privées parce qu'il y a des profs, parce que ça tourne." Jeanne est exaspérée. Devant le rectorat de l'académie de Versailles, elle a décidé jeudi 2 décembre de manifester son mécontentement, devant une banderole où il est écrit "non-remplacement, élèves en galère, parents en colère." L'an dernier, dans l'établissement de son enfant, à Chaville (Hauts-de-Seine), il n'y a pas eu de professeur de SVT pendant les deux tiers de l'année. "En ne pourvoyant pas ces postes, c'est un message envoyé aux familles : 'Débrouillez-vous, faites du cours privé, allez dans le privé'", s'agace-t-elle.
Depuis un an et demi, c'est un professeur d'allemand qui est remplacé de temps en temps, au petit bonheur la chance. "En classe de 4e, ils ont à peine un niveau de 6e", se désole Gaëlle, une autre mère d'élève. Mon fils a la chance que je parle allemand et que je donne des cours en complément, que je fasse le suivi." Gaëlle s'organise avec d'autres parents pour faire la même chose avec leurs enfants, "mais pas plus parce que je ne suis pas prof non plus ! Ce n'est pas normal et ça crée des inégalités vraiment flagrantes."
Des recrutements souhaités
Il s'agit d'absences ponctuelles de courte durée ou de longue durée (maladie, maternité), voire de postes non attribués. Selon la Cour des comptes, qui publie un rapport jeudi 2 décembre, près de 10% des heures de cours au collège et au lycée ont été perdues lors de l’année scolaire 2018-2019. C'est 24% de plus que l'année précédente. Pour pallier cette situation, la Cour des comptes recommande notamment que les professeurs se remplacent entre eux, au sein du même collège ou même lycée. "Il n'y a rien de nouveau dans tout ça", note Samir Alioua, président de la FCPE en Essonne, mais pour lui, ce n'est pas la bonne solution. "La revendication de la FCPE, c'est qu'il y ait des recrutements, ce ne sont pas des situations de bricolage où on demanderait à un enseignant de remplacer son collègue par exemple, rétorque l'élu. Nous, nous exigeons des recrutements massifs et immédiats."
Pour tenter de comptabiliser ces manques de professeurs, toutes ces fois ou les élèves n'ont personne en face d'eux, la FCPE a lancé un site internet collaboratif, depuis la rentrée, où les familles peuvent déclarer les absences non remplacées des enseignants. Elles s'élèvent actuellement à 17 000 heures perdues, sur toute la France. Le constat est particulièrement criant en Île-de-France, mais aussi dans les Bouches-du-Rhône, dans l'Hérault, ou encore en Moselle, dans l'Ain et en Côte-d'Or.
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