"Ils l'ont mise en danger" : une professeure trans victime de nombreux messages de haine après la diffusion de son nom sur internet
Un document interne au collège, normalement destiné aux parents d'élèves, a été diffusé sur les réseaux sociaux.
"Un enseignant ne peut pas devenir une enseignante." Depuis mardi 22 mai, une avalanche de messages transphobes, parfois extrêmement violents, s'abat sur le personnel d'un collège de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne). En cause : la fuite sur les réseaux sociaux d'une lettre de la principale, normalement destinée aux parents d'élèves, annonçant le changement de genre d'une enseignante. "Je suis intervenue aujourd'hui dans la classe de votre enfant pour l'informer qu'à partir de la semaine prochaine, son professeur (...), Monsieur B., sera habillé en femme, peut-on lire dans ce document, daté du jeudi 18 mai. Monsieur B. entame un processus de changement de genre pour devenir une femme. Il aimerait être appelé madame et non plus monsieur." Ce courrier, aux tournures parfois maladroites, a été publié sur l'espace numérique de travail (ENT) de l'établissement, une plateforme qui permet de faire le lien entre les élèves, les parents et le personnel enseignant.
"Tout est allé beaucoup trop loin !"
Problème : cette lettre, où sont précisés les noms de l'enseignante et de la principale de l'établissement, a été relayée massivement sur les réseaux sociaux mardi. Elle a suscité des centaines de commentaires violents et insultants, au point de faire réagir directement la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes. Marlène Schiappa a ainsi annoncé avoir saisi la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) après la diffusion de ces informations personnelles.
Vous êtes nombreux à m’avoir signalé cette affaire.
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 23 mai 2018
Avec la @DILCRAH nous avons fait les signalements nécessaires.
Les personnes trans méritent notre respect inconditionnel et ont strictement les mêmes droits que toute autre.
Merci de votre vigilance pour elles. https://t.co/BYtHyj4PCV
"C'est très grave, s'indigne auprès de franceinfo Samia Akrout, présidente du conseil local de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), dont l'enfant est scolarisé dans l'établissement. Tout est allé beaucoup trop loin."
En diffusant son nom, ils ont mis la professeure en danger ! Même la principale a reçu des menaces. Hier, le téléphone du collège n'a pas arrêté de sonner.
Samia Akroutà franceinfo
Une fuite interne
D'après la représentante des parents d'élèves, la fuite du document et des noms est forcément le fait d'une famille d'élève, d'un enseignant ou d'un membre de l'administration de l'établissement, les seules personnes à avoir accès au portail. "C'était une préoccupation interne au collège et aujourd'hui l'établissement reçoit des appels qui viennent de partout, même de l'étranger, raconte Samia Akrout. C'est vraiment terrible parce que la principale voulait bien faire en écrivant ce courrier."
La direction de l'établissement aurait-elle dû agir autrement ? "Cette enseignante a exprimé son souhait de changer de genre. Elle s'est donc tournée vers la principale qui s'est elle-même tournée vers sa hiérarchie pour mettre en place un accompagnement des élèves, explique-t-on du côté du rectorat. Dans ce cadre, elle a souhaité écrire aux parents pour les informer de ce changement."
Nous condamnons fortement la divulgation de ces éléments qui n'auraient jamais dû se retrouver sur la place publique.
L'Académie de Créteilà franceinfo
L'Académie de Créteil assure que la situation est calme dans l'établissement et précise qu'"un accompagnement a été mis en place auprès de l'enseignante, des élèves et de l'ensemble de la communauté pédagogique".
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