Interdiction de l'abaya : "Il fallait éclaircir cette situation avant la rentrée", selon le directeur de l’Observatoire de l’éducation à la Fondation Jean Jaurès
Le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal a annoncé dimanche 27 août l'interdiction du port de l'abaya, longue robe traditionnelle portée par certaines élèves musulmanes. Une décision "nécessaire au regard de la situation dans laquelle se trouvent les chefs d'établissements", commente lundi sur franceinfo Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie au collège en Seine-Saint-Denis et directeur de l’Observatoire de l’éducation à la Fondation Jean Jaurès
"Les syndicats de chefs d'établissement et de personnels de direction l'on clamé haut et fort l'an dernier. Ils se retrouvaient seuls face à une situation compliquée (...) Il fallait éclaircir cette situation avant la rentrée", pointe Iannis Roder.
Dans certaines villes, on a "150 à 200 abayas par lycée"
Si le Conseil français du culte musulman (CFCM), assure que l'abaya est un signe culturel et pas religieux, pour Iannis Roder, pas de doute, "il n'y a pas d'ambiguïté", il s'agit bien d'un signe religieux. D'après lui, les jeunes filles qui portent ces vêtements "répondent à des injonctions religieuses qui assurent qu'il ne faudrait pas montrer ses formes et rester 'pudique'". L'abaya, selon lui, "répond à des normes religieuses".
Sur la manière dont va s'appliquer cette mesure, "sur le terrain il va falloir accompagner les personnels", conseille le directeur de l’Observatoire de l’éducation à la Fondation Jean Jaurès. "Quand, dans certaines villes, à Lyon ou Vénissieux, par exemple, on a eu de 150 à 200 abayas par lycée, là, il va falloir un plan d'accompagnement pour les équipes de direction", selon lui. Pour Iannis Roder, il est important de "faire bloc, il faut que les équipes ne soient pas seules face aux revendications des élèves."
"On ne va pas faire une interdiction immédiate sans explication"
Les tensions autour du port de l'abaya ne sont pas nouvelles, selon lui. "Cela fait un an et demi que le phénomène est connu et que la réponse apportée à l'institution n'a pas été assez ferme. La patate chaude était renvoyée aux chefs d'établissements", assure le professeur d’histoire-géographie au collège en Seine-Saint-Denis. Pour mettre en place cette mesure, "il va falloir beaucoup de pédagogie, de dialogue avec les familles, avec les élèves et c'est vrai que, quand il y a quelques dizaines d'abayas, cela va prendre du temps. On ne va pas faire une interdiction immédiate sans explication, sans dialogue", assure Iannis Roder.
Par ailleurs, au sujet de l'autre annonce majeure de Gabriel Attal sur l'organisation des épreuves de spécialités du bac en juin, et non plus en mars Iannis Roder salue une bonne mesure qui met fin "aux effets pervers" de la précédente organisation mise en place par Jean Michel Blanquer, avec notamment beaucoup d'élèves qui n'allaient plus en cours dès le printemps.
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