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Lycées professionnels : "À la limite du désespoir", des enseignants désemparés par la suppression des filières du tertiaire

La fin de certaines filières avec la réforme du lycée professionnel, notamment les spécialités du tertiaire, inquiète les professeurs concernés qui ne savent pas ce qu'ils vont devenir.
Article rédigé par Noémie Bonnin, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Au sein d'une salle de classe d'un lycée professionnel, le 27 mars 2023. Photo d'illustration. (ANTOINE BOUREAU / HANS LUCAS / VIA AFP)

Quinze jours après la présentation par Emmanuel Macron de la réforme du lycée professionnel, les annonces ne passent toujours pas auprès de la plupart des professeurs de ces établissements et particulièrement, pour ceux concernés par les prochaines fermetures de filières. Le chef de l'État a notamment ciblé les spécialités gestion, administration, vente, commerce ou encore accueil, comme étant les moins "insérantes", c'est-à-dire que les élèves ont du mal à trouver un emploi directement après.

>> Réforme du lycée professionnel : ce qu'il faut retenir des annonces d'Emmanuel Macron

Laurence Robert, 57 ans, est enseignante en gestion administration, à Joigny, dans l'Yonne. Depuis ces derniers jours elle se pose beaucoup de questions, avec ses collègues : "Malheureusement, la majorité des collègues en gestion-administration ont un âge compris entre 50 et 62 ans. Elles voient donc ça avec angoisse et se demandent quoi faire. Se reconvertir maintenant ? Mais c'est un peu tard. Les collègues les plus jeunes, les moins de 40 ans, sont déjà fortement incités par les proviseurs à se réorienter dès maintenant, et ne pas attendre à passer d'autres concours."

Un sentiment de mépris

"La grosse inquiétude, c'est pour les collègues de mon âge où franchement, là, on est à la limite du désespoir", poursuit l'enseignante. Le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye évoque la possibilité de se former pour devenir professeur de collèges ou dans les écoles. Mais pour Laurence, cela témoigne d'une méconnaissance et d'un mépris. "Les compétences ne sont pas les mêmes, déplore l'enseignante. Franchement, ce n'est pas considérer les collègues professeurs des écoles, ni considérer les élèves."

"Moi, je ne sais pas apprendre à écrire à des élèves, Je n'ai jamais fait ça et ça n'a pas été mon métier du tout. J'avoue que les collègues sont à bout. On est complètement désemparés face aux reconversions proposées."

Laurence Robert, enseignante en lycée professionnel

à franceinfo

"Les professeures sont terriblement angoissées"

Dans ces filières menacées, les enseignants sont surtout des femmes, en fin de carrière. Le syndicat Snetaa-Force ouvrière estime à 800 environ, le nombre de professeurs qui vont devoir se reconvertir. Son secrétaire général Pascal Vivier reçoit énormément d'appels de collègues affolés : "Depuis les annonces du président de la République, les professeures, principalement du secteur tertiaire, sont terriblement angoissées de savoir ce qu'elles vont devenir. Donc, il faut du calme et de la tranquillité !"

"Arrêtons les provocations ! Déjà, écoutons ces personnels et il faut surtout, beaucoup d'empathie pour ces professeurs qui ont rendu tout ce qu'ils pouvaient comme service aux élèves les plus en difficulté."

Pascal Vivier, syndicat Snetaa-Force ouvrière

à franceinfo

Le nombre de personnes qui vont devoir se reconvertir est impossible, aujourd'hui, à préciser. Le désarroi est d'autant plus grand pour les professeures qui avaient déjà dû se reconvertir, il y a quelques années, quand l'ancien ministre Jean-Michel Blanquer avait, lui aussi, fermé des filières du secteur tertiaire.

Lycées professionnels : le désespoir des profs des filières condamnées - Reportage de Noémie Bonnin

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