La loi d'orientation et de réussite des étudiants : des présidents d'université dénoncent un manque de moyens
Une quinzaine d’universités sont toujours bloquées à cause de l’opposition à la réforme d’entrée à l’université. Certains présidents d’universités refusent de classer les demandes des étudiants sur Parcoursup, par principe, mais aussi par manque de moyens.
Une quinzaine d'universités sont toujours perturbées par un mouvement de contestation contre la loi d'orientation et de réussite des étudiants (ORE). A Nanterre lundi 16 avril, les partiels de droit ont dû être reportés, comme à Rennes ou à Toulouse. Au centre de la grogne, le système Parcoursup, nouveau mode d'admission à l'université, qui impose aux facs d'éplucher les voeux des lycéens de terminale et de les classer pour ne pas accueillir plus d'étudiants qu'elles ne le peuvent.
Une disposition désormais aussi contestées par des présidents d'université. Manque de temps, de moyens ou raisons idéologiques, plusieurs d'entre eux refusent de trier les dossiers des futurs étudiants. Ils ont alors décidé de dire oui à tout le monde pour ne pas les sélectionner. C'est le cas à Poitiers, Rouen, Lyon 2, Bordeaux Montaigne, ou encore Pau. "Pour mettre en place une loi de cette envergure, qui pour un certain nombre de points sont extrêmement positifs, il faut des moyens, souligne Rachid El Guerjouma, qui préside l'université du Mans.
Le fait de ne pas mettre de moyens obère quelque part la loi et effectivement ne nous permet pas de travailler dans de bonnes conditions.
Rachid El Guerjouma, président de l'université du Mansà franceinfo
Pour le président de l’université de Rouen, Joël Alexandre, "tous les étudiants vont recevoir un avis favorable", a-t-il assuré. "Au fur et à mesure du dispositif Parcoursup, nous aurons une situation proche de l’an passé", a-t-il confié sur franceinfo. "Nous sommes en mesure de pouvoir accueillir tous les étudiants sans classement, explique-t-il. En dehors de huit filières sous tension, il ne devrait pas y avoir de problèmes pour la trentaine d’autres", assure-t-il. Mais la sélection se fait selon lui "par l’échec et par l’abandon d’un bon nombre d’étudiants". Comme Rachid El Guerjouma, le président de l’université de Rouen n’est pas opposé à réforme, mais considère qu'il "n’a pas tous les moyens à disposition pour la mettre en œuvre". Quant aux cours et aux examens, ils devraient tous être maintenus selon lui.
Un nécessaire "temps d'apprentissage"
Pour le moment, ces présidents réfractaires sont une minorité, mais Khaled Bouabdallah, vice- président de la conférence des présidents d'université ne nie pas les difficultés. "C'est la première année de mise en oeuvre d'une réforme importante et ambitieuse. Cela demande évidemment un temps d'apprentissage, cela demande aussi des moyens, on l'a dit depuis longtemps", explique-t-il, tout en rappelant que "si vous dites oui à tout le monde et que derrière vous n'avez pas assez de place, vous serez obligé d'acceuillir tous ceux à qui vous avez dit oui."
Pour certains présidents, une autre solution face au boom démographique aurait été d'augmenter le nombre de places dans les facs. Cela aurait été moins difficile à mettre en place mais certainement plus coûteux.
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