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Reportage "Un quart de la classe ne vient plus du tout" : après les épreuves de spécialité du baccalauréat, ces lycéens sont démotivés

Les lycéens connaitront mercredi leurs notes des épreuves de spécialité du baccalauréat. Pour la première fois depuis la réforme, ces épreuves ont eu lieu en mars. Les professeurs constatent un certain relâchement du côté des élèves.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Les candidats ont passé leur bac de philo l'esprit plutôt tranquille. (STEPHANE MARC / MAXPPP)

"Je ne me suis pas réveillé, ça m'arrive de temps en temps, glisse Mathis, 17 ans, le visage un peu embrumé en arrivant à son lycée, à Paris, alors qu'il est midi passé. Il n'y a plus personne en cours. Un quart de la classe ne vient plus du tout depuis les épreuves de spécialité. C'est un peu un relâchement total !" L’adolescent cumule quelques cours ratés depuis que les épreuves de spécialités du bac sont passées, mi-mars. Il est loin d’être le seul. "Il y a tellement de pression avant le bac. Du coup, quand il n'y a plus du tout de pression, on est en mode détente, on a l'impression d'être en vacances alors qu'il y a quand même cours", ajoute une camarade du même établissement.

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Ces lycéens connaîtront mercredi 12 avril leurs notes des épreuves de spécialité du bac, qui représentent un tiers de la note finale. Ces épreuves se sont déroulées du 20 au 22 mars, pour la première fois depuis la réforme du bac instituée en 2019. Il y a bien le contrôle continu, qui compte encore pour le bac, mais les dossiers Parcoursup sont bouclés donc la motivation est en chute libre et ce n’est pas l’épreuve de philosophie ou le Grand oral, prévus mi-juin, qui vont remobiliser les élèves.

"On perd nos élèves dès le mois de mars"

"Le fait que ce soit en mars, c'est plus tôt qu'avant, quand c'était à la fin du mois de mai. Ça a tout avancé", explique Yoan, professeur d’histoire-géographie près de Rouen. Dans ses classes de 30 élèves, il y a au moins quatre ou cinq absents à chaque cours depuis quelques semaines. "On observe un désinvestissement. En fait, ils ne voient pas qu'ils préparent les études supérieures, ils voient qu'ils préparent leur bac. Ils ont l'impression que ça y est, ils sont en vacances. Ils s'interrogent même sur l'intérêt de travailler. On est un peu surpris par l'ampleur du phénomène cette année !"

Ce désinvestissement des élèves, les chefs d’établissement aussi le dénoncent. C’est parce qu’on est obligé de supprimer trop de cours pour organiser les examens, regrette Florence Delannoy, proviseure à Lille et responsable académique du syndicat SNPDEN. "Pour le grand public, il y a eu deux épreuves de spécialités, deux jours, admettons. Sauf qu'en fait, on a mis des journées de révisions avant, des journées de repos après, on a ajouté des journées d'harmonisation, des journées de corrections. On fait passer aux élèves, je ne sais combien d'oraux spécifiques. Ce qui fait que les professeurs sont au travail, mais ils ne peuvent plus faire cours à leurs élèves".

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Les élèves sont livrés à eux-mêmes selon Florence Delannoy. "Je me mets à la place d'un élève de seconde, qui a cours de 8 heures à 9 heures et de 15 heures à 16 heures parce que tous les autres cours ont été supprimés. Oui, il se désengage, il n'a pas envie de se lever le matin, et on peut le comprendre." Avec cette réforme du bac, le ministère de l'Éducation voulait "reconquérir le mois de juin". "Là, on est en train de perdre nos élèves dès le mois de mars" affirme la cheffe d’établissement. 

Après les épreuves de spécialité du baccalauréat, le relâchement de certains lycéens - Reportage de Noémie Bonnin

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