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"Je comprends mieux et je lis plus vite" : en Picardie, des professeurs des écoles donnent des cours de soutien scolaire aux élèves de 6e

Des professeurs des écoles pourront se porter volontaires pour faire du soutien scolaire en maths et français en classe de 6e, à la rentrée prochaine. Des expérimentations sont déjà en cours, comme à Formerie, dans l’Oise.
Article rédigé par franceinfo - Thomas Giraudeau
Radio France
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Temps de lecture : 7min
Toutes les deux semaines, la professeure des écoles Raphaëlle Bader vient au collège de Formerie "retravailler les fondamentaux" avec les 6e Tremplin. (THOMAS GIRAUDEAU / RADIO FRANCE)

C'est l'heure de l'AP, l’accompagnement personnalisé en français, pour cette classe de 6e du collège de Formerie, dans l’Oise. La vingtaine d’élèves participent à une expérimentation en cours dans six collèges de l'Académie d'Amiens, baptisée "Tremplin". Ce type de soutien scolaire pourrait être généralisé à la rentrée prochaine. Le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiayea annoncé la mise en place d'une heure par semaine "d'approfondissement et de renforcement en maths et en français", en classe de 6e. Des cours en petits groupes, selon le niveau des élèves, assurés par des professeurs des écoles volontaires.

Ici aussi, l'effectif est divisé en petits groupes. "Vous allez travailler, le premier groupe, sur la ponctuation", indique Aurélie Boëy, leur professeure de français. Maxence doit remettre les virgules et les points effacés dans des phrases, avant de les lire devant ses camarades. "Regarde ce coucher de soleil. Il est vraiment magnifique ! J'en ai rarement vu de semblable", lit consciencieusement l'élève de 6e. "C'est bien !", l’encourage sa professeure.

A Formerie, 28 élèves de 6e, en difficulté en français ou en maths, suivent des ateliers de soutien dans l'une ou l'autre des deux matières, en petits groupes. (THOMAS GIRAUDEAU / RADIO FRANCE)

Maxence est un "6e Tremplin". Une fois par semaine, depuis la rentrée, il suit des cours de soutien, et un atelier de "fluence" (un entraînement à la lecture à voix haute) animés par des professeurs des écoles volontaires, comme 15 autres élèves de 6e en difficulté en français. Ses progrès sont énormes : il arrive à lire beaucoup plus de mots en une minute. "Au départ, c'était 53 et maintenant, c'est 107 ! J'y arrive mieux, je comprends mieux et je lis plus vite", se réjouit-il. 

Des élèves plus à l'aise et qui progressent 

"Avec eux, je retravaille sur la lecture, la compréhension des mots. Et on revoit aussi un côté méthodologique. Comment faire pour trouver des informations dans un texte ? Ce qu'on appelle les fondamentaux", explique la professeure des écoles qui donne des heures de soutien. Elle commence à constater les effets de ses enseignements. "Ce n’est pas forcément anormal pour un élève au début de la 6e de ne pas les maîtriser. Mais ceux qui relèvent de 6e Tremplin ont besoin de ce petit coup de pouce pour y arriver, d’ici la fin de l’année."

Zoë, Ruben et Emeric doivent retrouver la consigne d'un exercice réalisé par un élève, à partir de ses réponses.  (THOMAS GIRAUDEAU / RADIO FRANCE)

Un quart des 6e au collège de Formerie, c'est-à-dire 28 élèves sur 116, bénéficient de ce coup de pouce : 16 en français et 12 en mathématiques. Ils ont été identifiés lors de tests distribués au printemps dernier par le rectorat d’Amiens dans les écoles du secteur, dans lesquelles étudient les futurs collégiens de Formerie. Parmi eux, Emeric, qui confie : "Je comprends un peu mieux ce que ma prof de français dit, je peux répondre à des questions. Et je m'améliore à l'écrit. Je fais moins de fautes."

"Je vois qu'avec mes notes, ça augmente doucement. De deux ou trois points de plus. Et je lis davantage chez moi aussi."

Zoë, élève de 6e Tremplin

à franceinfo

"Ils sont beaucoup plus à l’aise, participent davantage à l’oral en classe, prennent confiance en eux. Et, petit à petit, ils s’approchent du niveau moyen de lecture d’un élève de 6e, autour des 120 mots par minute", constate Corinne Boulin, la principale du collège. "Des parents d’enfants actuellement en CM2 me demandent déjà que leur enfant intègre le dispositif l’année prochaine."

"Lisser la marche" entre le CM2 et la 6e

Emeric se sent aussi plus en confiance, quand une maîtresse comme Raphaëlle Bader vient lui donner cours. "Lors du premier cours, je ne les connaissais pas. Je leur ai dit, vous savez, je suis une maîtresse d'école, comme votre enseignant de l'année dernière. Et tout de suite, ils se sont détendus", explique la professeure des écoles qui s’est portée volontaire pour participer à l’expérimentation, lancée et financée par l’académie d’Amiens depuis septembre dernier.

"Ici, les 6e quand ils arrivent, ce sont encore de grands CM2, pas tout à fait des collégiens. Le collège a parfois des exigences très élevées pour des élèves un peu perdus. Il y a une marche qui est énorme, et je pense qu'il y a moyen de la lisser un peu". Toutes les deux semaines, elle vient ici, au collège, revoir les fondamentaux avec les élèves en difficulté en français. Pendant ce temps, ses élèves de primaire ont, eux, un cours de musique ou d’anglais, avec un professeur de collège.

La principale du collège de Formerie, Corinne Boulin, reçoit des appels de parents, demandant que leurs enfants intègrent le dispositif Tremplin. (THOMAS GIRAUDEAU / RADIO FRANCE)

Le passage du CM2 à la 6e est souvent difficile. D’une seule enseignante, les élèves passent à une dizaine en arrivant au collège "avec pour chacun d’entre eux une méthode de travail, une pédagogie différente", explique la directrice de la pédagogie du rectorat d’Amiens, pour qui "retrouver une professeure des écoles, parfois celle que l’on a eu en CM2, rassure les élèves de 6e". 

"Les enseignants du second degré ne sont pas formés à apprendre aux élèves à lire, ou pour les mathématiques à travailler sur certains automatismes", complète Isabelle Boulnois. "Notre but était donc d’apporter l’expertise des professeurs du premier degré, pour revenir sur des fondamentaux pas acquis à la sortie de l’école". Un plus pour les élèves en difficulté, selon elle. 

L'expérimentation élargie à 12 nouveaux collèges 

Au total, six collèges participent à l’expérimentation cette année dans l’Académie d’Amiens. Le rectorat les a choisis "en zone rurale, hors des réseaux d’éducation prioritaire, où des financements sont déjà là pour des dispositifs de soutien", explique Isabelle Boulnois. "Nous avons regardé les résultats des évaluations nationales à l’entrée en 6e et identifié les établissements dans lesquels au moins un quart des néo-collégiens présentaient un niveau inquiétant en lecture et en mathématiques."

Un premier bilan du dispositif "Tremplin" sera mené en février, mais déjà, le rectorat d'Amiens prévoit de l'élargir à 12 nouveaux collèges en septembre prochain. Dans les autres collèges de l’Académie, l’heure d’approfondissement et de renforcement en maths et en français annoncée par Pap Ndiaye sera mise en place.

"Je comprends mieux et je lis plus vite" : en Picardie, des professeurs des écoles donnent des cours de soutien scolaire aux élèves de 6e - le reportage de Thomas Giraudeau

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