Reportage "On le fait pour le bien de nos élèves" : non remplacées malgré leur arrêt de travail, ces professeures assurent des cours à distance

Soucieux de poursuivre le programme, certains professeurs en arrêt maladie ou maternité, et non remplacés, fournissent à leur classe du travail en ligne.
Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un élève dans une salle de classe. Photo d'illustration. (KETTY BEYONDAS / MAXPPP)

"Un professeur devant chaque classe" : c'est ce que promettait le gouvernement à la rentrée de septembre. Pourtant, à quelques jours des vacances de Noël, des postes restent non pourvus dans de nombreux établissements qui peinent aussi à trouver des remplaçants en cas d'absence d'un enseignant. Alors, certains professeurs font comme ils peuvent pour ne pas "lâcher leurs élèves".

En Haute-Savoie, au collège Saint-Jean-d'Aulps, plusieurs d'entre eux continuent de travailler, malgré un arrêt maladie ou un congé maternité. C'est le cas de Camille, professeure de français. Arrêtée pendant trois semaines au mois de décembre pour subir une opération, elle n'est pas remplacée : "Je me doutais bien qu'on ne trouverait personne pour ces trois semaines-là, donc je leur ai donné du travail pour limiter l'impact de mon absence sur leur travail en français."

Des exercices, que les élèves retrouvent en ligne, sur le logiciel Pronote : "Les 3es, je leur ai donné un devoir type brevet. Je leur ai demandé de m’en poster une partie quand même sur Pronote, donc soit rédigée sur ordinateur, soit en prenant une photo de leur copie manuscrite. Je prends connaissance de la copie et, ensuite, je leur envoie une correction." Tout cela, donc, pendant son arrêt.

Aucune candidature pour assurer les remplacements

Camille n’est pas la seule. Sa collègue d’histoire-géo, partie début décembre en congé maternité, n’est pas remplacée pour l’heure. Elle ne reviendra qu’en mars, et donne elle aussi, en attendant, des éléments de cours à distance. Mais Camille précise bien qu’elles n’ont pas été forcées, ni même incitées par le principal de l'établissement : "Avec ma collègue, on a vraiment fait ça de manière spontanée. Et on est plutôt découragée par nos chefs d'établissements : ils nous encouragent surtout à nous reposer."

"En aucun cas, ils ne nous ont demandé de le faire, c'est vraiment une initiative personnelle."

Camille

à franceinfo

Initiative que saluent certains parents d’élèves. L’enseignante d’histoire-géo en congé maternité a reçu une vingtaine de messages de remerciements. Camille, pourtant, a bien conscience que cela ne devrait pas être à elles de "gérer la pénurie" : "Ça crée un peu des dissensions parce que nous, on le fait pour le bien de nos élèves parce que c'est quelque chose qui nous soucie. Et en fait, on prend le risque de se le faire reprocher par nos collègues ou nos conjoints. Le mien a menacé de changer mon code pour que je ne puisse plus accéder à l'ENT, que je ne puisse pas travailler et que je me repose !"

Plusieurs syndicats désapprouvent également. Mais au sein de l’établissement, on nous le confirme : il n’y a aucune candidature pour assurer ces remplacements. La situation géographique n’aide pas, dans cette vallée assez isolée et proche de la Suisse, où la vie est chère. Le rectorat, lui, indique être pleinement mobilisé pour trouver une solution pérenne.

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